Escalade
Mais à quoi correspondent les cotations en escalade ?
6, 8, 9 : en escalade, la difficulté se mesure avec des chiffres. Mais pas que. On fait le point avec Jérémy Bonder, un grimpeur français qui sait de quoi il parle.
Les beaux jours arrivent, et la liberté aussi. Alors pourquoi ne pas vous offrir, dès que vous le pourrez, quelques sessions de grimpe dans l'hexagone ?
En France, toutes les voies sont répertoriées sur une échelle de cotation allant 3 à 9. Le degré de difficulté est aussi affiné par une lettre : a,b ou c, complétée ensuite par un +. Encore une fois tout dépend de la difficulté. Par exemple entre le niveau 7 et le niveau 8, on retrouve 6 degrés différents : 7a, 7a+, 7b, 7b+, 7c, 7c+.
Face à la montagne
© Guillaume Peillon
Grimpeurs débutants ou intermédiaires, voilà comment trouver la voie la plus adaptée :
- De 3 à 5, les voies sont faciles. Accessibles à tous, il suffit d’avoir un minimum de condition physique.
- De 5 à 6, on est sur du perfectionnement pour des grimpeurs réguliers ou des débutants avec une bonne forme physique.
- De 6a à 6c, ça commence à devenir difficile. Avis aux bons grimpeurs s’entrainant plusieurs fois par semaine.
- De 7a à 7c, on est sur du très difficile. Ces voies sont réservées aux très bons grimpeurs. Elles demandent force, technique, habilité et un entrainement très régulier.
- De 8a à 9c, c’est le très haut niveau pour les professionnels et les meilleurs grimpeurs pratiquant presque tous les jours avec un entrainement spécifique.
Super Crackinette, tentée par Jérémy Bonder à Saint-Léger-du-Ventoux en 2018, est par exemple classée 9a+. Ok, mais concrètement ça change quoi par rapport à une 6b+ ?
La difficulté d’une voie varie selon :
- La taille des prises : plus elles sont petites, plus la voie est difficile.
- La distance entre les prises : tu peux avoir deux 7a dont une avec des prises pas très loin les unes des autres et une autre avec des grosses prises mais très éloignées.
- L’inclinaison du mur : dévers, toit, dalle – plus ça penche et plus les prises sont petites et éloignées, et plus l’intensité monte.
Par exemple, un mur avec des petites prises franches n’est pas très difficile, par contre, si on ajoute 40° d’inclinaison, la cotation explose. On détermine donc la difficulté d’une voie par la préhension, la taille, la distance entre chaque prise ainsi que l’inclinaison du mur.
Petite anecdote pour briller en société : la voie la plus dure du monde est aussi la première à être côtée 9c. « Silence », de son petit nom, se trouve en Norvège et a été ouverte par Adam Ondra. Un véritable extra-terrestre dans la planète escalade.
2 minutes
Jérémy Bonder tente la voie Super Crackinette
Le champion d’escalade Jérémy Bonder tente Super Crackinette à Saint-Léger-du-Ventoux, une voie côtée 9a+ en falaise. Retrouvez en vidéo la tentative de Jérémy Bonder sur Super Crackinette.
Flasher en escalade n’a rien à voir avec une perte de points. Il s’agit de monter une voie du premier coup grâce à un gros travail de recherche en amont. Des conseils sur le placement des mains et des pieds, des détails sur le relief, des méthodes pour passer des sections, et même des vidéos d’un autre grimpeur font toute la différence au pied de la voie.
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Des informations qui font toute la différence au pied de la voie et que Jérémy Bonder n’avait pas en arrivant à Super Crackinette : « Je l’ai choisi parce que c’est un style qui me convient bien. C’est une voie courte d’environ vingt-cinq mètres, avec une dominante à doigts. Par contre l’intensité est quasi permanente, il n’y a presque pas de repos, ni de relâchement. Ça ressemble donc beaucoup à un effort de compétition. »
En arrivant à Saint-Léger-du-Ventoux, Jérémy commence par déchiffrer la voie :
Préparation mentale
© Guillaume Peillon
« Au bout de deux jours j’avais tous les mouvements, mais j’ai souffert de la chaleur. A cette période il devait faire 10/15°C mais là il faisait plus 25/30°C. La voie est plein soleil de 10h à 18h. Les locaux m’ont conseillé de venir en plein hiver parce qu’il n’y a pas de résurgence dans cette voie. C’est à dire que la voie ne prend pas l’eau, à la différence des autres secteurs qui ne sèche pas pendant 3 mois dès qu’il se met à pleuvoir. »
L’adhérence est décisive en escalade :
« C’est ce qu’on appelle la collante. Il faut que le caillou soit froid et notre peau dure pour avoir le plus d’adhérence possible. Parce qu’à ce niveau d’intensité, les petits détails font tout. Quand tu transpires et qu’il fait chaud tu perds beaucoup de peau, et j’en ai souffert. »
Pour grimper, il faut "coller" à la voie
© Guillaume Peillon
Après huit jours sur place, Jérémy Bonder ne parvient pas à réaliser la voie :
« J’ai choisi cette voie en fonction de mes qualités. En rentrant, pour ne pas oublier et gagner du temps sur la prochaine venue, je l’ai dessiné sur un plan qui fait 1m50 où j’ai noté les prises pour les pieds, les mains et les sensations. Super Crackinette compte pour moi 32 mouvements sur la partie dure et ensuite 10 mouvements plus faciles, soit 42 mouvements. C’est une moyenne de mouvements que je retrouve en compétition. Les murs de compétition font 15-20 mètres, ce qui fait entre 35 et 45 mouvements. »
Se lancer en falaise
Grimpeur expert ou débutant, l’escalade en milieu naturel s’adresse à tous les niveaux. Il suffit juste d’être autonome et de connaître les bases de sécurité. Il faut savoir faire un nœud, contrairement au bloc en indoor, s’assurer et être assuré, et avoir le bon matériel (cordes et dégaines). Mais ensuite, il est possible d’aller partout. Il existe énormément de secteurs en France.
Saint-Léger-du-Ventoux
© Guillaume Peillon
Si vous êtes débutant, renseignez-vous sur les falaises adaptées à votre niveau. Le mieux reste de se procurer un topo. Il recense toutes les voies d’une région, d’un secteur donné, et donne le chemin d’accès ainsi qu’où se garer. C’est mieux de savoir à quelle voie on a affaire avant de partir. Si la voie fait 20 ou 40 mètres, la longueur de corde à emmener n’est pas la même.
Une falaise se grimpe soit en moulinette, la corde est déjà en place, soit en tête. Dans cette configuration il faut grimper et mettre les dégaines au fur et à mesure. Une voie peut se tenter à vue également. C’est quand le grimpeur monte et qu’il fait la voie du premier coup, sans avoir repéré en amont ou eues d’informations.
Jérémy Bonder en force sur la Super Crackinette
© Guillaume Peillon
Pour valider une cotation en escalade :
« Le but c’est d’enchainer sans se faire prendre par la corde. Tu as le droit de t’arrêter tant que tu tiens par tes propres moyens sur les prises. Par contre tu n’as pas le droit de prendre sec, c’est à dire que l’assureur te tienne. Actuellement ma meilleure réalisation en falaise c’est 8c+, c’était il y a 6,7 ans. »
« Comme j'étais à fond sur la compétition, je n'avais pas remis les pieds en falaise depuis. Je ne m’autorisais plus à y aller avec les entrainements mais là j’ai pris beaucoup de plaisir donc je compte bien revenir. » raconte Jérémy.
Des joies de l'outdoor
© Guillaume Peillon
Pour tous les passionnés d'escalade, Jérémy Bonder recommande d'alterner entre indoor et outdoor et ainsi profiter de la nature et de superbes paysages. Et en falaise les défis sont nombreux pour tous les niveaux.
48 minutes
360 Ascent
Le film 360 Ascent suit les grimpeurs Janja Garnbret et Domen Škofic qui escaladent la plus haute cheminée d'Europe en Slovénie. Regardez le film 360 Ascent en entier et gratuitement sur Red Bull TV.
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