Pour Toutant et d’autres riders venant de la belle province, l’attrait de rester en ville pour pratiquer leur sport est ancré dans la culture, le climat, la géographie et l’architecture.
Notre environnement ne définit pas toujours notre style de riding. Mais la plupart du temps, oui. Tout comme les riders de la côte ouest excellent dans la backcountry, les québécois sont reconnus pour être forts en urbain.
Prenons Louif Paradis, Laurent-Nicolas Paquin, Jeremy Cloutier, Yan Dofin et le défunt Dillon Ojo...Tous des riders influents en rails; ils viennent tous de la belle province, et ils ont mené le snowboard à être plus créatif.
Cela s’applique aussi à Sébastien Toutant, natif de Montréal, qui se rappelle avoir passé des heures et des heures à «jibber» dans les rues près de chez lui juste avant de remporter le Big Air du Empire Shakedown à l’âge de 13 ans. Même aujourd’hui, il trouve du temps entre ses compétitions internationales pour filmer du snowboard urbain dans les rues du Québec.
«Le urbain a toujours été naturel pour moi», explique Toutant. «On m’a connu pour mon riding en compétition, mais j’ai toujours adoré filmer dans les rues, parce qu’il n’y a pas de règles. C’est de partir à la chasse aux spots inconnus et utiliser ta créativité pour transformer n’importe quoi en un module de snowboard.»
Pour Toutant et bien d’autres snowboarders canadiens franco, la tendance du snowboard dans les limites de la ville est le résultat de la culture urbaine profondément ancrée dans la province, ainsi que dans sa géographie, son climat et son architecture.
Bien que le Québec n’est pas l’endroit le plus enneigé et gâté en «powder days», couloirs et autres ingrédients communs aux destinations de snowboard de renommée mondiale, la province peut se vanter d’uniques caractéristiques recherchées par des snowboarders qui aiment «jibber».
Continue de lire pour savoir comment le Québec est devenu une Mecque internationale du snowboard urbain.
Au Québec...le snowboard urbain est naturel.
Les débuts non officiels de la révolution du «jib» remontent à la fin des années 90, quand Patryck Bernier, connu pour construire des snowparks, a lancé le Rossignol Air Tour. Bernier et une équipe de riders se sont promenés d’un centre de ski à l’autre à travers la province avec un rainbow box de taille moyenne ainsi qu’un flat bar de 6 pieds. Leur but était de faire connaître le sport et de le populariser.
«Je me rappelle de cet événement-là comme si c’était hier», raconte Yan Dauphinais, qui «ridait» Saint-Sauveur à l’époque. «C’était la première fois qu’on voyait une rail, avant ça on s’amusait sur des tables à pique-nique et des petits jumps dans le parc».
À l’époque, Dauphinais suivait les pionniers du snowboard urbain Mikey Leblanc et JP Walker dans les premiers films de Mack Dawg Productions et Kingpin Productions. Il a réalisé que le snowboard ne se pratiquait pas seulement dans un centre de ski, et qu’il pouvait faire du snow partout. C’est avec Max Legend et le filmeur Mathieu Cowan qu’il a commencé à faire du snow dans les rues tous les jours.
«Quand on a compris qu’on pouvait faire du snow n’importe où, les opportunité et les endroits semblaient sans fin. Même l’été, on s’amusait sur de la neige d’arena», raconte Dauphinais. «On est devenu tellement motivés à filmer que la plupart de nos trucs, on les a appris en ridant du urbain. »
En 2001, le filmeur Mathieu Cowan a commencé à sortir des films annuels mettant en vedette la progression et la créativité de Dauphinais et Legend. Il a attiré l’attention de plusieurs en 2005 lorsqu’il a fondé Sunset Films. Des athlètes comme Antii Autti et Danny Kass se sont rendus au Québec pour filmer avec Cowan.
Même Sébastien Toutant, âgé de 13 ans, a rejoint l’équipe.
«J’ai été introduit au street riding à un très jeune âge grâce à Sunset Films», raconte Toutant. «Yan Dauphinais et Max Legend étaient mes plus grandes inspirations quand j’étais petit, ils m’ont montré que tout était possible».
Selon Toutant, les snowboarders du Québec sont entourés d’autres riders qui repoussent les limites du street snowboarding.
«Ça devient tellement facile d’être inspiré des autres riders ici parce qu’ils sont tellement talentueux», ajoute Sébastien. «C’est pas trop long avant que tu décides de t’impliquer».
Au Québec…Il y a des «spots» à l’infini.
Alors que Montréal et Québec font partie des endroits les plus populaires dans le monde pour filmer, année après année, les athlètes continuent à sortir des sentiers battus et réussissent à trouver des «features» qui n’ont jamais été utilisés.
C’est parce que la sélection de «spots» est infinie. Tout ça, c’est grâce à l’architecture et l’emplacement géographique de la province.
Le Québec a un paysage vallonné et assez de neige pour ensevelir une ville. À Montréal par exemple, les rues de la ville partent du niveau de la mer pour s'élever graduellement jusqu’au sommet du Mont Royal à 233m. Pour un snowboarder, cela veut dire plus de vitesse naturelle, beaucoup de rails et des belles conditions pour construire les «set ups» urbains les plus fous. Ça permet aux rider de transformer presque n’importe quoi en un «feature».
La plupart des villes au Québec ont aussi une grande influence architecturale française. Cela signifie que les rues pavées, les monuments et bâtiments historiques et les murs de pierre massifs sont assez répandus. Cette caractéristique unique offre des endroits créatifs et hautement esthétiques.
Grâce aux caractéristiques unique des rues du Québec, trouver des nouveaux spots peut être aussi facile que se promener en voiture ou parcourir les rues avec le street view de Google Maps.
Au Québec… Filmer dans les rues est un moyen de survie.
Selon Toutant, l'attrait pour le snowboard urbain au Québec est attribué à une mentalité de survie.
Des centres de ski glacés, peu d’élévation, lumière du jour raccourcie et des températures amères constituent quelques raisons pour lesquelles plusieurs tentent de fuir l’hiver sur la côte est. Les centres de ski ne sont pas les plus excitants, et les pistes y sont souvent glacées — en gros, c’est un environnement plutôt difficile. Mais pour les snowboarders qui vivent dans la belle province, se donner la mission de filmer le prochain meilleur segment de street peut être une source de motivation ainsi qu’un excellent but.
«Filmer dans les rues peut t’aider à passer à travers les froids et longs hivers»,
explique Toutant. «Quand tu passes ton temps dehors à rider, construire ou hiker, tu as toujours chaud et tu gardes le focus sur ce que tu veux accomplir — même s’il fait -30 dehors.»
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