Loïc Meillard
© Philip Platzer
Ski

Loïc Meillard, champion aux multiples talents

Brillant dans trois disciplines, le Valaisan a remporté son premier Géant en Coupe du Monde cette saison et ramené de l’argent des Mondiaux. Portrait d’un skieur hors norme qui sait tout faire.
Écrit par Bertrand Monnard
Temps de lecture estimé : 6 minutesPublié le
A 26 ans, Loïc Meillard, le Valaisan d’origine neuchâteloise, est le skieur le plus polyvalent de la Coupe du Monde. Cet hiver, après l’avoir si souvent frôlé, il a enfin remporté une victoire en Géant en janvier à Schladming et décroché l’argent aux Mondiaux dans cette même discipline derrière le phénomène Marco Odermatt. Quand on lui demande s’il est satisfait de sa saison, il relativise pourtant, avec ce côté à la fois calme, réfléchi et ambitieux qui le caractérise. « Oui et non. Bien-sûr avec 5 podiums et cette médaille, le bilan est positif. Mais je ne m’en contente pas », non glisse-t-il à à la veille des finales de la Coupe du Monde à Andorre.
Loïc Meillard zählt in drei Disziplinen zu den Besten der Besten

Loïc Meillard zählt in drei Disziplinen zu den Besten der Besten

© Erich Spiess

Je n’ai jamais cessé d’ y croire, tant souvent il a manqué juste un petit truc.
Ce premier succès, l’a-t-il vécu comme une délivrance lui, qui à l’images d’une Wendy Holdener, s’était si souvent retrouvé sur le podium mais pas sur la plus haute marche ? N’avait-il pas fini par désespérer un peu, à se sentir victime d’une malédiction ? « Non, sourit-il. Je n’ai jamais cessé d’ y croire, tant souvent il a manqué juste un petit truc. Des fois, vous finissez 4e et vous êtes content car vous avez le sentiment d’avoir tout fait juste. D’autres fois, après une 2e place, vous vous dites « merde » car vous avez commis une grosse erreur ».
Entraîneur référent de Loïc en Coupe du Monde, le Valaisan Julien Vuignier est très heureux de cette victoire si méritée. « Quand tu fais du sport au niveau de Loïc, tu cours pour gagner et pas pour être troisième et il l’a fait ». Ce Valaisan d’Evolène connaît Loïc depuis ses 12 ans. « A l’époque, comme il était plutôt petit, il allait très vite sur les parties techniques mais moins en en glisse. On sentait déjà qu’il avait quelque chose de plus que les autres ».
Avec l’Autrichien Marco Schwarz et le Français Alexis Pinturault, Loïc Meillard est le seul skieur du circuit à pourvoir viser le podium dans des disciplines aussi différentes que le slalom, le Géant et le Super G. Une polyvalence qui implique pour lui un programme très chargé tout au long de l’hiver, comparé à des purs slalomeurs uniquement concentrés sur leur discipline. Loin de s’en plaindre, Loïc s’en réjouit. Car c’est aussi pour lui une manière d’échapper à une forme de monotonie, d’entretenir le plaisir de skier. « Bien sûr sur une saison ça va un peu dans tous les sens, mais mon programme est très varié. J’ai le sentiment que chaque discipline m’amène un plus pour les deux autres. Il n’y en a d’ailleurs pas une que je préfère ».
Julien Vuignier qui l’accompagne quasi en permanence, assurant le suivi d’une discipline à l’autre, estime aussi que cette polyvalence est un plus pour le champion. « Après n’avoir fait que du slalom pendant trois jours, Loïc a besoin de changement. S’il se contentait d’une seule une discipline, il s’embêterait. Surtout que le plaisir de skier est essentiel pour lui ». Et d’ajouter admiratif. « Sa capacité d’adaptation est exceptionnelle. Car entre le slalom et le Super G, il s’agit quasiment de deux sports différents. »
Le style fluide de Loïc Meillard

Le style fluide de Loïc Meillard

© Erich Spiess

Loïc est très heureux d’avoir Julien Vuignier à ses côtés. « Mêmes éloignés, on avait toujours gardé le contact au fil du temps. C’est une personne de confiance, qui me fait des petits rappels quand j’en ai besoin. »
J’avais besoin de changement pour faire un pas en avant.
Après avoir fait longtemps partie de l’équipe des Géantistes, Loïc a choisi cet hiver de rejoindre celle des slalomeurs. « La décision a été prise au printemps dernier, explique-t-il. J’avais besoin de changement pour faire un pas en avant. D’avoir sur moi l’œil frais de nouveaux entraîneurs. Je dialogue beaucoup avec Julien mais aussi avec Matteo Joris, le responsable du slalom ».
Loïc donne l’image d’un champion très calme, posé, jamais excessif ni dans la victoire ni dans la défaite. « C’est surtout quelqu’un qui cache ses émotions, s’amuse Julien Vuignier qui le connait si bien. Mais dans sa tête, il est moins calme qu’il n’en donne l’impression »..“

Bending Gates : Les étoiles montantes de la Suisse

1 min

Bending Gates : Teaser

Nous suivons Marco Odermatt et Loïc Meillard autour du monde durant leurs entraînements, leurs compétitions et leur temps libre.

« Loïc ? C’est la force tranquille », relève pour sa part Patrick Flaction, son entraîneur physique depuis plusieurs saisons, après avoir été celui de Lara Gut. « C’est une belle personne avec qui il n’y a jamais d’esclandre. Un perfectionniste très assidu, toujours dans l’analyse, le ressenti. D’ailleurs, s’il est si rarement blessé, contrairement à d’autres skieurs, ce n’est pas un hasard, Loïc est très attentif à son corps , à la récupération. Outre son talent, c’est sa condition physique qui lui permet de switcher ainsi des virages courts aux virages longs. »
Le style si fluide de Loïc Meillard suscite l’admiration des puristes. Le buste toujours droit, bien posé, glissant comme sur des rails, sans le moindre à coup, avec une absolue légèreté. L’image de ce skieur si esthétique l’amuse plus qu’autre chose. « Le but n’est pas de faire joli mais d’aller vite. Parfois, je skie trop propre, trop posé ». « Très axial, Loïc a toujours les skis parfaitement parallèles, ajoute Julien Vuignier. Ce qui lui manque parfois, c’est ce petit grain de folie qui permet par exemple à un Kristoffersen de décrocher le titre mondial en remontant de 15 places».
Loïc? La force tranquille

Loïc? La force tranquille

© Erich Spiess

Bien entourés par leurs parents, Loïc et Mélanie sa sœur cadette, ont commencé quasi en même en Coupe du Monde. Victime d’une grave chute, Mélanie a eu de la peine à retrouver le haut haut niveau mais sa 7e place obtenue au dernier slalom d’Are en Suède est très encouragent- Loïc est le premier à s’en réjouir. « Mélanie est revenue petit à petit, on a beaucoup discuté. Je suis très heureux pour elle ».
Le ski et ses nombreux voyages permettent au champion valaisan de s’adonner à son autre passion, la photographie. Sur son site, il se définit comme « Swiss Alpine Skier & Photographer ». Ses boitiers et ses téléobjectifs l’accompagnent partout et même à l’entraînement il a toujours un smartphone à portée de main. Sommets enneigés, superbes couchers de soleil, vertigineuses chutes d’eau, les images du site témoignent de son amour de la montagne et respirent le grand air. « J’essaie de partager ce que j’ai la chance de voir », dit-il.
Huit fois vainqueur de la Coupe du Monde, l’Autrichien Marcel Hirscher avait désigné Loïc comme son successeur potentiel. Même s’il aura fort à faire avec Marco Odermatt, son rival et néanmoins grand copain, Loïc rêve-t-il du Globe de cristal ? A 26 ans, il a encore beaucoup temps devant lui. «Je n’en fait pas une obsession. J’essaie simplement d’être devant week-end après week-end. Et si un jour je la remporte, ce sera la conséquence de mes résultats, cela voudra dire que j’ai été performant toute la saison. »“

Dans cet article

Loïc Meillard

Le skieur multitalent donne tout

SuisseSuisse
Voir le profil