Mona Mijthab
© Monasan
Social Innovation

Monasan: Les besoins dans le besoin.

Comment Mona Mijthab change le monde avec ses toilettes.
Écrit par Tom Gilgamann
Temps de lecture estimé : 3 minutesPublié le
Lorsque nous joignons Mona Mijthab, elle est en plein petit déjeuner. La journée vient à peine de commencer à Panajachel, la plus grosse des bourgades sur les rives du lac Atitlan au Guatemala. La Berlinoise de 31 ans nous avait laissé pas moins de 3 numéros de téléphone, la connexion finirait bien par s’établir sur l’un d’eux. On a tendance à prendre comme une évidence de se parler depuis les 2 côtés de l’Atlantique. Mais qu’y a-t-il donc d’évident dans un monde où quelque 2 milliards de personnes ne disposent toujours pas de leurs propres toilettes ?

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Good Stuff: Monasan

C’est en 2017 que Mona se rend pour la première fois dans ce pays d’Amérique centrale. Après des séjours au Bangladesh et au Kenya, elle constate l’ampleur des problèmes sanitaires et d’hygiène dans cette partie du monde aussi. « Quand j’ai pris conscience de ces circonstances précaires, je me suis mise à cogiter. J’ai vu qu’il y avait là un besoin énorme de solutions alternatives », raconte Mona.
C’est ce type de solutions qu’elles voudrait concevoir depuis qu’elle a terminé ses études de design industriel il y a environ 8 ans, des études choisies parce qu’elle voulait devenir inventrice. Mais Mona change rapidement d’idée parce que, se rend-elle compte : « Je ne veux pas seulement concevoir n’importe quoi, mon design doit faire sens. »
Guatemala

Guatemala

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C’est pourquoi elle est candidate pour un stage au Bangladesh pendant ses études, et se trouve pour la première fois confrontée au problème de l’assainissement. À 21 ans, Mona se rend en Asie du Sud-Est, et les circonstances qu’elle y rencontre lui font dire : « Le problème n’est pas résolu. Depuis, je n’ai jamais arrêté d’y penser. »
Mona fonde alors la start-up Mosan. En collaboration avec des organisations internationales et les personnes concernées, elle conçoit des toilettes en plastique qui respectent les différences culturelles, sont faciles à utiliser et dont l’entretien est peu coûteux. Le système sépare urine et matières fécales, toutes deux collectées et transformées en substances utilisées comme engrais dans l’agriculture.
Le système Mosan referme ainsi le cycle naturel. Et les besoins comblent un besoin.
Quand j’ai pris conscience de ces circonstances précaires, je me suis mise à cogiter. J’ai vu qu’il y avait là un besoin énorme de solutions alternatives
Mona Mijthab
Les toilettes Mosan sont à présent produites en série et utilisées au Guatemala. L’objectif de Mona est que le système soit autonome et qu’il ne dépende pas d’elle. Elle a donc mis sur pied une équipe avec laquelle elle planifie en ce moment les semaines à venir. Mona est en effet en partance pour l’Europe.
Des enfants en Guatemala

Des enfants en Guatemala

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« Je suis toujours heureuse de revenir avec des expériences dans mes bagages », dit-elle. Mona va s’envoler pour la Suisse où elle enseigne le design stratégique à la Haute école des arts de Zurich. Le Basement Festival l’attend à Zurich, où elle parlera de son travail. Et après des mois auprès des volcans guatémaltèques, Mona se réjouit à l’avance des montagnes suisses.