Dans la nuit de Singapour, des monoplaces illuminées par plus de 2500 projecteurs tutoient les 310 km/h en pleine ville. Pour le public, c'est un grand et beau spectacle. Pour les pilotes, c’est un challenge unique dans la saison. Sur le circuit de Marina Bay, qui accueille un Grand Prix de F1 sans discontinuer depuis 2008, le défi physique est extrême. Et à plus d’un titre. La proximité de Singapour avec l’équateur implique un taux d’humidité moyen de 70% (mais il peut monter jusqu'à à 90 %.) Dans le cockpit, la température tutoie parfois les 60°C et le corps souffre. Il faut du cran, sans dégagements, pour résister au circuit de F1 comptant le plus de virages (23) et le plus de changements de vitesse par tour (80).
« On peut perdre entre 3 et 5 kilos d’eau en course »
On parle donc d’un défi de titan dans les baquets. « Tu sais que tu vas en baver et transpirer beaucoup », assure Max Verstappen. « Les lignes droites sont très courtes et il y a tellement de virages que tu dois tout le temps être à l’affût. Il n’y a jamais de temps de récupération ». « En étant entouré de tours et de béton, on ne bénéficie d’aucun courant d’air sur le tracé » ajoute Daniel Ricciardo. Romain Grosjean, lui, rappelle qu’« une fatigue générale s’installe au fil de la course. On se déshydrate très fortement, on peut perdre entre trois et cinq kilos d’eau au minimum, ce qui correspond à 10% de notre poids. C’est énorme ! »
Soirées obligatoires
À chacun sa méthode les jours qui précèdent l’arrivée à Singapour : longues sorties en vélo, footings nocturnes, séances d’entraînement sous une forte chaleur ou encore récupération dans un sauna avant le retour à l'hôtel, où la climatisation est réglée à température ambiante. Mais les pilotes, ingénieurs et autres mécaniciens restent surtout calés sur les heures européennes : réveil en milieu d’après-midi (15h là-bas, 10h en Europe) et coucher vers 4 heures du matin afin d’habituer l’organisme à être en forme en fin de journée. Il faut dire que le Grand Prix débute à 20h, heure locale.
En 2015, Jonathan Wheatley, alors team manager chez Aston Martin Red Bull Racing, expliquait ceci : « dès notre arrivée à Singapour, on demande à toute l’équipe de passer une grosse soirée pour gérer le décalage horaire. Je n’aurais jamais pensé dire ça un jour à mes hommes ! » Les hôteliers, eux aussi, sont priés de ne pas déranger. « Il faut s’assurer que le personnel ne vient pas frapper à la porte de votre chambre à 9 heures du matin parce que votre nuit n’est pas finie », souligne Sergio Pérez. « C’est très étonnant », confie Max Verstappen. On se retrouve à dîner au cœur de la nuit au milieu de gens qui font la fête. » Les pilotes, eux, doivent garder leur calme, parvenir à bien récupérer et être au maximum de leurs capacités sur la piste. Dès le dimanche, c'est eux qui seront à la fête.