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Dix choses à savoir sur B-boy Lilou
Hip-Hop, kung-fu et Madonna : le double vainqueur français du Red Bull BC One raconte sa carrière en quelques temps forts. Entretien avec une icône du break international.
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Lilou affiche ses skills
© Alfred Jürgen Westermeyer/Red Bull Content Pool
Il faut que dire que sa technique, sa musicalité, sa façon de jouer avec ses rivaux en les provoquant et sa créativité sans bornes (ou presque) en font un homme à part.
Co-fondateur du collectif français Pockemon Crew, Lilou a gagné le Red Bull BC One lors de sa première participation en 2005. Il est, par la suite, devenu le seul danseur à le remporter deux fois. Mais ce n'est pas tout. On l'a aussi croisé dans le clip Midnight Madness des Chemical Brothers ou sur la scène du Super Bowl aux côtés de Madonna, qu'il accompagnait lors de la tournée MDNA 2012. Et ce n'est pas fini.
On a donc décidé de croiser la route de cet hyperactif pour qu'il nous livre les secrets de son succès.
1. Comment il a fait ses débuts dans le hip-hop
"Je baigne dans la culture hip-hop depuis l'enfance." explique Lilou. "Je faisais des graffs et je rappais un peu au moment ou j'ai découvert le breaking, vers l'âge de 12 ans. Ça a tout changé. J'ai tout de suite aimé la façon dont je pouvais jouer avec la gravité et créer mes propres mouvements. J'étais, aussi, fasciné par les breakers qui tournaient sur la tête à la télé. C'était totalement fou, et je voulais absolument faire pareil. Mon frère aîné m'a appris le moonwalk, et j'ai fait mes débuts officiels en 1997. Ensuite, j'ai co-fondé le Pockemon Crew de Lyon en 1999 et je n'ai plus jamais regardé en arrière."
Lilou au Red Bull BC One 2005
© Martha Cooper/Red Bull Content Pool
2. Comment il s'est réinventé après ses victoires au Red Bull BC One
"Je suis un vrai compétiteur, et j'ai donc toujours envie de repousser mes limites. Après avoir gagné le BC One une fois, j'ai tout de suite voulu le remporter à nouveau. Dans la vie, tu dois travailler comme ça, en te fixant des buts.
Mais l'objectif n'est pas forcément d'accumuler les titres. Je suis sur la scène depuis plus de 25 ans, j'ai imposé mon nom, et je ne veux pas qu'il disparaisse, mais j'ai envie de développer mon propre truc. J'ai donc créé mon asso, Street Off, il y a cinq ans. Elle permet à des enfants d'accéder à des évènements internationaux. D'ailleurs, j'en ai moi même organisé un en Afrique."
3. Comment il est sorti de sa zone de confort avec les Chemical Brothers
"J'avais déjà fait pas mal de vidéos avec de petits artistes, mais quand on m'a appelé pour faire un clip avec les Chemical Brothers, je me suis dit : "Wow !" Quand j'ai vu le scénario, j'ai tout de suite su que ça allait être énorme. Mais comme on ne pouvait pas voir mon visage, j'ai décidé de choisir des mouvements signatures pour que même avec un masque, tout le monde me reconnaisse. Dès que le clip est tombé, j'ai reçu des appels de gens qui me disaient "Yo mec, je viens de te voir dans la vidéo des Chemical Brothers".
Lilou, prof d'attitude au Red Bull BC One Camp de Mumbai
© Ali Bharmal/Red Bull Content Pool
4. Comment il a dansé avec Madonna au Super Bowl
"J'ai accompagné Madonna sur sa tournée MDNA pendant 10 mois. C'était génial et j'ai appris des tas de choses. Performer au Super Bowl était fou pour de nombreuses raisons. Premièrement, c'est du direct, mais deuxièmement, c'était la première fois que je me produisais avec elle. Nous sommes juste montés sur scène ensemble. C'est tout. J'essaie toujours de ne pas avoir la grosse tête et de relativiser les choses, alors quand on m'a appelé, j'ai juste pensé "Cool, OK, je vais danser au Super Bowl". Je ne comprenais pas l'ampleur de l'évènement avant d'entrer en scène."
"Le Super Bowl était fou, mais ce que j'ai préféré, c'était notre date au Stade de France. J'adore le football et je suis Français, donc danser à Saint-Denis avec une artiste du calibre de Madonna, c'était forcément très spécial."
Quand Lilou donnait la victoire à Gid-Nasty du côté de Lagos
© 1207 Studios/Red Bull Content Pool
5. Comment il voit son rôle de juge sur certains contests
"Je trouve assez cool de pouvoir faire appel à ma propre expérience et d'être juge, mais il est parfois difficile de s'asseoir sur la chaise en tant que B-Boy aussi. Si vous avez deux grands danseurs, c'est à vous de choisir. L'un gagnera et l'autre perdra. Ce que je regarde ? Les tactiques employées pour les battles, bien sûr, mais aussi la personnalité et le charisme des danseurs. J'observe comment ils se déplacent sur scène et sur le beat, comment ils utilisent leur créativité pour jouer avec leurs adversaires. Mais c'est surtout parce que ça fait partie de mes propres skills."
6. Comment il est devenu ceinture noire de Kung Fu à 16 ans
"Je dois beaucoup au Kung Fu, qui m'a beaucoup aidé pour le break. Dans les arts martiaux, vous devez comprendre que si votre adversaire est bon avec ses poings, vous devrez travaillez avec vos pieds. La mentalité est la même dans le break. La façon dont vous vous entraînez, répétez et perfectionnez chaque mouvement est identique. Vous devez apprendre de nouvelles combinaisons et développer votre style en permanence si vous voulez gagner. Tout comme en Kung Fu, vous devez anticiper tous les mouvements de votre adversaire sur le dancefloor."
Lilou et Menno chillent avant la finale du Red Bull BC One à Zurich
© Jean-Christophe Dupasquier/Red Bull Content Pool
7. Comment il a affronté son propre personnage dans le jeu vidéo B-Boy
"C'est un autre type de succès pour moi, parce que je jouais beaucoup quand j'étais petit. À 21 ans, quand j'ai découvert que j'allais avoir mon propre personnage dans un jeu vidéo, ce n'était pas le rêve d'un compétiteur qui se réalisait. C'était celui d'un enfant ! Sinon, quand je joue, je ne le fais pas avec mon propre personnage. Je veux plutôt le battre."
Lilou est allé partout dans le monde
© Najib Zouein/Red Bull Content Pool
8. Comment il a voyagé pour évoluer
"Je suis allé un peu partout dans le monde. Mais de tous les endroits où j'ai dansé, mes préférés sont le Brésil, l'Afrique et les pays en développement. Quand je vais dans ce genre de coins, l'ambiance est tellement réelle et brute. L'énergie des gens et des danseurs est unique."
Lilou avec sa team de juges au Red Bull BC One Cypher d'Inde en 2018
© Little Shao/Red Bull Content Pool
9. Comment il a développé son influence au-delà du break
"J'essaie toujours de faire passer un message. Les rappeurs utilisent leur voix, et nous, nous utilisons notre corps. Avant, dans les battles, je portais un T-shirt sur lequel était écrit "Je suis musulman, ne paniquez pas" pour exprimer ma solidarité envers mes frères et sœurs confrontés à l'adversité. Quand j'ai fait cela pour la première fois, c'était quelques années après le 11 septembre à New York. Tous les médias et la presse disaient tellement de choses négatives sur ma religion que je voulais exprimer quelque chose de positif. C'est pour cette même raison que j'ai porté un T-shirt sur lequel on pouvait lire "Africa is the Future" lorsque je suis allé en Afrique pour BC One."
10. Comment il veut aiguiller les prochains grands noms du B-Boying
"Bien sûr, vous trouverez toujours quelqu'un de plus indiqué pour vous donner des conseils. Mais dans ma tête, qu'il s'agisse de stratégie, de mentalité, de prestation, je fais tout ça mieux que tout le monde. C'est comme ça que je pense et que je gagne.
"Je conseille la prochaine génération de B-Boys et B-Girls de prendre son temps. Apprenez les bases et n'essayez pas d'arriver trop vite au sommet. J'ai vu beaucoup de B-Boys et B-Girls qui commencent en regardant YouTube. Ils veulent atteindre la scène internationale en trois ans, mais ça ne marche pas comme ça. Bien sûr, vous pouvez devenir célèbre si votre vidéo devient virale ou autre, mais si vous n'avez pas la formation qu'il faut, vous ne resterez pas longtemps au top. Prenez le temps de découvrir ce que vous voulez et essayez de l'obtenir ensuite, quoi qu'il arrive ! Vous participerez à des battles pour gagner. Pas pour vous amuser."
Sachez que vous retrouverez Lilou cette année du côté de Lyon, qui recevra le Red Bull One Camp France pour la troisième année consécutive. L'occasion de savoir qui sont les meilleurs danseurs de l'hexagone, mais aussi de croiser quelques légendes au détour des expos, workshops et autres talks qu'offriront ces trois jours de folie. Envie d'en être ? C'est par ici que ça se passe !
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