Breaking
Découvre comment le champion du monde B-Boy Victor gère la pression
La préparation mentale est tout aussi importante que la forme physique lorsqu'il s'agit de participer à de grandes compétitions. Découvre comment Victor reste calme sous pression.
Lorsque les gens voient un b-boy ou une b-girl en train de danser, ils pensent sans doute que leur sport est simple ou qu'il suffit juste de tourner sur la tête, de danser sur de la musique et de mouvements de pieds rapides. Cependant, le breaking est devenu une forme d'art compétitif au niveau international, avec des centaines de compétitions organisées chaque année dans le monde entier. Les plus grandes se déroulent dans des arènes à guichets fermés et des stades gigantesques, devant des foules immenses. Le Red Bull BC One Camp Paris est là pour en attester.
Victor fait un freeze en chaise gonflable
© Romina Amato/Red Bull Content Pool
Victor Montalvo, alias B-Boy Victor, est l'un de ces b-boys qui a atteint un statut professionnel étant l'un des meilleurs breakers au monde. Nous l'avons rencontré pour savoir si un danseur de son calibre et de son statut ressent encore la pression et le trac d'une compétition.
Oui, je suis encore nerveux avant chaque grande battle, vraiment nerveux.
Même après de nombreuses années de compétition, et après avoir remporté deux fois le Red Bull BC One, le b-boy mexicano-américain l'admet : "Juste avant la battle, mes jambes tremblent, mon corps tremble, je suis vraiment nerveux". Comme pour tout champion, la victoire peut entraîner la pression de devoir gagner encore, et encore, pour répondre aux attentes placées en lui. Victor dit que ses nerfs viennent de "la pression d'essayer de gagner, des autres b-boys, de la famille qui te dit que tu as intérêt à gagner et à remporter cette ceinture. Des amis qui te disent que tu vas tout défoncer'".
Pour en savoir plus sur b-boy Victor :
Victor ressent probablement le poids de la pression familiale parce que son père lui a appris le breaking à l'âge de six ans, lui qui était b-boy au Mexique, mais qui n'est jamais devenu un breaker compétitif et mondialement connu comme son fils. Ainsi, lorsque Victor a remporté le championnat du monde Red Bull BC One en 2016 à Rome et qu'il a été récompensé d'une ceinture de champion, il l'a donné à son père.
Mais après une décennie de compétition, Victor a appris à faire bloc contre les pressions extérieures et les attentes placées en lui.
Je ne les écoute tout simplement pas, je les bloque, je fais le vide dans mon esprit et je médite en quelque sorte.
Il n'est pas facile de gagner régulièrement des compétitions de breaking, ce sport est un mélange de danses et de mouvements compliqués et acrobatiques que les breakers peuvent aussi louper avec la pression du moment.
Victor à l'intérieur de l'Infinity Cube
© Markus Berger/Red Bull Content Pool
Et l'erreur qui fait perdre la compétition à n'importe quel breaker, et qui permet aux juges de voter contre lui, est de tomber par terre, ce que l'on appelle "s'écraser". Victor n'est pas étranger à cette peur de s'écraser, mais il a appris à s'en accommoder et à ne pas s'y attarder si cela se produit pendant les épreuves.
Victor révèle : "Je me dis dans ma tête : 'Vic, calme-toi, tu es bon, ne t'inquiète pas. Si tu t'écrases, ce n'est pas grave, joue le jeu, amuse-toi. Si tu t'écrases, tu n'as qu'à passer à un autre mouvement. Cette étape est la tienne.'
"Je me dis ça et quand j'y suis, je me dis : "c'est bon, je l'ai". Et je me rappelle que mon adversaire est également nerveux, ce qui me rassure. Mais ce qui me rend le plus nerveux c'est de penser à l'idée de m'écraser et j'essaie d'effacer cela de mon esprit."
Pour Victor, il s'agit simplement de passer le premier tour et ensuite tout va bien, et il n'a jamais eu de battle où il n'a pas pu vaincre sa nervosité :
"Je suis toujours nerveux, mais après le premier round, ça disparaît. Lors de la première battle, tu penses tellement à ce qu'il faut faire, aux rounds qu'il faut assumer et à ne pas perdre. C'est toujours lors de la première battle que je suis super nerveux, mais après cette première battle, ça va."
Victor et Menno posent à Salzbourg
© Markus Berger/Red Bull Content Pool
Alors, comment a-t-il appris à gérer la pression liée au fait de parcourir le globe et de gagner des compétitions contre d'autres breakers de haut niveau venus du monde entier ?
"Je l'ai appris en faisant des battles tout le temps", dit-il. "Et je l'ai aussi appris en pratiquant la boxe. J'ai beaucoup regardé Mike Tyson, Sugar Ray Leonard, et beaucoup d'autres trucs de boxe, et j'ai pris cette mentalité et je l'ai mise dans le breaking. Ça te fait te sentir mieux et ça t'aide beaucoup."
Et quel conseil donnerait-il à d'autres personnes qui essaient elles aussi d'atteindre le plus haut niveau mais qui se retrouvent à souffrir de la pression ?
"Beaucoup de breakers ne laissent pas sortir cette pression et ça les atteint", dit Victor. "Moi, je leur dis simplement de garder les pieds sur terre et de tout bloquer dans leur tête. Garde l'esprit clair et crois aussi en toi. Beaucoup de gens ne croient pas en eux, ils s'inquiètent d'affronter certains b-boys parce qu'ils ont gagné ceci ou cela, ou parce qu'ils ont tel ou tel move.
"Rien de tout cela n'a d'importance, tu fais juste ton propre truc, tu penses positivement, tu vas sur le terrain et tu gagnes. Ne t'inquiète pas pour les autres, ne t'inquiète pas pour la foule, ne t'inquiète que pour toi ! Ressens-le et tout le monde va le ressentir, alors aie cette aura, ne sois pas arrogant mais reste confiant. Crois en toi avant et pendant la battle."
Fort de cet état d'esprit, il a remporté sa deuxième ceinture Red Bull BC One en 2022, à New York. Pendant la compétition, il est arrivé premier à chaque battle. Dans un épisode récent du podcast Distrct Talks, il a admis qu'il passait en premier pour calmer ses nerfs.
Cette approche lui a définitivement servi à New York.