Le Rallye Dakar prend chaque année plus d’ampleur, avec 812 concurrents issus de 69 pays, engagés sur plus de 325 véhicules pour un total de 7 999 km parcourus en deux des semaines les plus dures de leur vie, à travers les déserts et montagnes d’Arabie saoudite.
Ce n’est pas seulement le rallye le plus difficile du sport automobile, c’est aussi une immense aventure. Et pour garder tous ces concurrents sur la bonne route et en sécurité, il faut une énorme équipe de soutien, qui œuvre dans l’ombre. Embarquons pour un tour du bivouac à la découverte des jobs les plus cool du Rallye Dakar.
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Opérateur caméra hélicoptère
Les incroyables plans aériens montrant les véhicules qui fendent les dunes ou serpentent dans les cols de montagne sont l’œuvre d’une équipe de cadreurs et de pilotes d’hélicoptère ultra qualifiés.
Cadreur, Éric Visier filme le Dakar depuis les airs depuis plus de 30 ans, capturant des images aériennes spectaculaires sur quatre continents, en commençant par le Paris-Dakar originel en Europe et en Afrique, puis en Amérique du Sud et, aujourd’hui, en Arabie saoudite. « Je suis formé pour travailler dans des conditions extrêmes, donc nous devons rester en pratique et être prêts à voler dans toutes sortes de conditions. »
Tracking shot : Un hélicoptère suit Kevin Benavides dans le Quart Vide
© DPPI / Red Bull Content Pool
« Ce que je préfère dans mon travail sur le Dakar ? Voler dans le désert, évidemment ! », ajoute Éric. « Même après 31 Dakar, je suis toujours comme un jeune garçon. J’adore ça. »
Pour Éric, c’est aussi avant tout une histoire d’équipe. Dans son cas, il travaille avec le pilote et avec un journaliste. Le reporter de l’équipe d’Éric, c’est Luc Alphand – ancien vainqueur du Dakar lui-même et champion de ski. « Le Dakar est très différent. Il a changé, bien sûr, mais nous aussi, non ? », poursuit Éric. « C’était plus petit… il y avait moins de monde. Il y avait moins de concurrents. Tout change, et le Dakar a changé, heureusement, et je pense que c’est dans le bon sens. »
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Technicien pneus
Les pneus sont usés : Mitch Guthrie Jr s'arrête pour des pneus neufs
© Flavien Duhamel/Red Bull Content Pool
Le Dakar dévore les pneus. Les véhicules en détruisent tellement sur les rochers acérés d’Arabie saoudite que l’édition de cette année a prévu des parcs d’assistance supplémentaires. La plus longue file d’attente est celle pour monter du pneu neuf et des mousses, et c’est à des gens comme Stéphane Boudet de gérer ce triage des pneus. Son équipe BF Goodrich fait tourner un atelier ouvert 24h/24 qui change environ 250 pneus par jour – soit 3 200 sur l’ensemble du rallye Dakar.
Les équipes qui travaillent dans les tentes pneus sont organisées en trois binômes : deux techniciens pour placer les pneus sur la jante et les décoller de la roue. Deux pour enlever les anciens pneus et les remplacer par du neuf, et deux pour gonfler les pneus à la bonne pression. « Nous, on ne voit jamais la course – seulement des pneus », résume Stéphane.
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Chef au bivouac
Le bivouac est la base des équipes, des staffs, des journalistes et de tout le personnel de soutien, et tout ce monde doit être nourri trois fois par jour pour que l’ensemble de l’opération continue de tourner. Il existe une restauration proposée par l’organisateur, mais certaines équipes viennent avec leur propre chef. « On sert une centaine de repas et 15 petits-déjeuners », explique le chef de la Team Rebellion, Stéphane Goubin, qui opère depuis son food truck 3T by Stef, en envoyant des plats délicieux à la demande. « On est vraiment à l’écoute de l’équipe. Ensuite on part en ville pour acheter les ingrédients. Parfois on trouve ce qu’il nous faut, parfois non. »
« Mais on essaye de faire des choses complètement utopiques. Comme du poisson. À manger en plein milieu du désert. Ce matin, j’ai fait des œufs brouillés à la truffe. »
Après une première année difficile à travailler depuis une remorque, Stéphane a adapté son camion pour fonctionner dans les conditions extrêmes du désert – et heureusement, car le chef suisse passe trois semaines à cuisiner, souvent avec 28 °C de température ambiante, avant de parcourir ensuite des milliers de kilomètres jusqu’au bivouac suivant. « C’est super, on fait environ sept mille kilomètres à chaque fois pour cuisiner, préparer le petit-déjeuner, conduire et essayer de se reposer un peu. Je m’adapte juste à la situation et je planifie à l’avance. »
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Technicien suspension
Dania Akeel fend le sable d'Arabie saoudite lors d'une étape du Dakar
© Kin Marcin/Red Bull Content Pool
Le fabricant de suspensions Reiger dispose d’un camion d’assistance dédié pour réparer les amortisseurs en miettes des Dakaristes, qu’ils roulent pour des teams usine ou en privé.
« Je travaille avec tous les meilleurs pilotes qui sont là », explique le technicien Ruben Koskamp. « Beaucoup d’équipes roulent avec nos amortisseurs, donc on voit tout le monde. On recueille les retours des pilotes sur ce qu’ils ont ressenti pendant la spéciale. En fait, le plus sympa, c’est de travailler au plus près des gens. »
Le camion d’assistance Reiger a fait ses débuts sur le Dakar en 2025 et dispose de quatre postes de travail dédiés. « Ça nous offre un espace qui est agréable et chaud, mais aussi vraiment propre, sans poussière ni vent, et on peut non seulement faire des vidanges d’huile, mais aussi des interventions plus lourdes pour nos clients. Donc on peut aider tout le monde, pour tous les problèmes. »
Ruben peut tout faire, de la simple vidange d’amortisseur à la reconstruction complète d’un système de suspension, et il lui arrive de travailler une bonne partie de la nuit, longtemps après le retour des derniers Dakaristes au bivouac. Mais malgré les longues heures et la fatigue, Ruben ne changerait pour rien au monde. « Être entouré de gens qui veulent tous gagner, c’est la meilleure expérience que le Dakar puisse offrir, et c’est pour ça que j’adore revenir ici. »
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Coordinateur PCO
La direction de course du Dakar – le PCO – gère la sécurité et la logistique de toutes les personnes impliquées dans le rallye : Dakaristes, équipes d’assistance et journalistes. Pour Quentin Potherat, cela signifie s’assurer que tout le monde est connecté à ses équipes dans le centre de contrôle du bivouac et à une équipe dédiée basée à Paris.
Les véhicules du Dakar sont tous équipés de systèmes de tracking sophistiqués et de GPS qui leur fournissent le roadbook et les indications du jour, et qui permettent également à l’équipe PCO – forte de 26 personnes – de suivre leur progression.
Si quelqu’un tombe en panne, il peut contacter la direction de course qui enverra de l’aide. L’équipe basée à Paris peut parler directement aux concurrents sur le terrain et aider l’équipe en Arabie saoudite à prioriser les interventions. « Se sont-ils arrêtés ? Ont-ils besoin d’aide ? Faut-il les suivre toute la journée ? On s’assure que tout le monde qui part le matin revient le soir », explique Quentin.
Et si quelqu’un se crashe en spéciale, cela déclenche une alerte pour garantir une arrivée rapide des secours. « On ne sait jamais si on va avoir 10 alertes dans la journée, aucune, ou si on va en avoir trois ou quatre en même temps. Et dans ces cas-là, gérer les hélicoptères à trois endroits différents, sur trois situations différentes, ça peut être compliqué. Mais encaisser la pression et être capable de trouver la bonne solution au bon moment, c’est juste fantastique. »
Carlos Sainz effectue des réparations pendant le Rallye Dakar
© Frederic Le Floch/DPPI/Red Bull Content Pool
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Chauffeur de bus (transport médias)
Thierry Dudouet serait le premier à vous dire que son travail n’a rien de très excitant, mais il est essentiel. Il commence quand tout le monde s’arrête, en emmenant les journalistes épuisés d’un bivouac au suivant à bord de son bus.
« Pendant la journée, quand tout le monde est focalisé sur la course, j’attends et je me repose… puis la nuit, on roule vers le prochain bivouac. »
Et ce n’est pas un bus ordinaire : il est aménagé avec des compartiments comme un train-couchettes, qui permettent aux journalistes de dormir un peu pendant que Thierry enchaîne les kilomètres, en conduisant tout en douceur au cœur de la nuit jusqu’à la prochaine étape.
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Chauffeur du camion-balai
Le camion-balai est presque légendaire sur le Rallye Dakar : sa mission est de récupérer les Dakaristes en détresse et les véhicules en panne abandonnés sur la piste. « Mon travail, c’est de récupérer les concurrents qui sont malheureusement en difficulté sur le parcours, mais aussi de les aider, de leur apporter de l’eau et de la nourriture, de les sortir de la galère », explique Pascal. « Surtout, il s’agit de sortir tout le monde de la spéciale. »
Pour Pascal, qui pilote un bateau de sauvetage au milieu d’une mer de sable, tout tourne autour de l’aide aux autres. « Ce qu’il y a de particulier avec le camion d’assistance, c’est l’humain, l’interaction avec des gens qui peuvent être vraiment en détresse et avoir besoin de nous. »
Apprenez-en plus sur le camion-balai dans cette vidéo, tournée pendant le Dakar 2015 :
2 minutes
L'équipe balai du Dakar à la rescousse
Quand tout va de travers pour un concurrent du Dakar, ces hommes filent à sa rescousse.
Même si le Dakar moderne dispose d’un tracking de niveau mondial et de standards de sécurité très élevés, Pascal a vécu des rencontres bouleversantes avec des concurrents qu’il a secourus, persuadés qu’ils allaient mourir. « Il y a quelques années, sur le rallye Dakar, les concurrents qui abandonnaient n’avaient pas d’autre choix que d’attendre le camion d’assistance, parfois pendant deux ou trois jours.
« On est tombés sur un couple qui était complètement perdu depuis des heures et des heures. Ils ne savaient pas comment sortir de là où ils se trouvaient. On les a récupérés, et ils se sont littéralement effondrés dans nos bras, submergés par l’émotion. Ils pensaient qu’ils allaient mourir parce qu’ils étaient perdus, ils n’avaient plus d’eau, plus rien. Quand on est arrivés pour les sauver, c’était un moment magique. »
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