Le 3 janvier, 34 motards sans assistance seront sur la ligne de départ du Dakar 2021et devront s’envoyer les 7646km de cette deuxième édition en Arabie Saoudite sans camping-car et sans espoir de gagner. Le trip de ces aventuriers amateurs ? Se payer la course la plus dure du monde dans les conditions les plus dures qui soient. Pour la gloire. Même si une grande partie d’entre eux n’ira pas au bout.
Mais qui sont ces « poireaux », comme ils se surnomment parce qu’ils restent souvent plantés dans le désert ? Et à quoi va ressembler leur course cette année ? Voilà 5 choses à savoir sur les galériens du Dakar.
1. Ils voyagent (très) léger
Si la catégorie des amateurs porte aujourd’hui le nom de « Original by Motul », elle a longtemps été appelée « malles-motos. » Tout simplement parce que le seul bagage que ces pilotes de l’enfer sont autorisés à transporter (dans un camion dédié à la catégorie), est une malle métallique. 80 litres, 80cm de long et 40 de large pour stocker vêtements, outils, duvets, pièces de rechange et autres lampes frontales. À peine plus (un petit sac de voyage, une tente et deux routes complètent le tout.) Et c’est évidemment trop peu.
Quand Lyndon Poskitt se fait la malle :
« La première année, j’ai refait ma malle peut-être cent fois ! » raconte ainsi Franck Weissner. Selon la légende, certains abandonnent même carrément l’idée de stocker des slips sous vide, et partent uniquement avec ce qu’ils portent le jour du départ. Certainement des fans de Jim Leyland, le manager des Detroit Tigers (Base-ball), qui porte le même sous-vêtement (non lavé) pendant les séries de victoires de son équipe.
2. Ils sont à la fois motards et mécanos
Sable, cailloux, ornières : piloter une moto sur le Dakar est une galère. Mais ce qui l’est encore en plus, c’est de devoir maintenir sa monture en état soi-même. Pourtant, chaque soir, pendant que d’autres passent entre les mains des kinés, les amateurs mettent les leurs dans le cambouis. Une seule panne mal ou pas réparée, et leur course est terminée. Beaucoup s’entraident, donc, et certains font même mieux, comme Eugénio Favre. En 2014, le pilote argentin a fait appel à tout un village bolivien – à 3500 mètres d’altitude - pour l’aider à réparer son quad. Quelques soudures à l’arrache plus tard, Favre est reparti. Et il a même fini la course.
3. Ils dorment peu. Ou pas.
Soyons clairs : il ne faut pas confondre le Dakar et le Club Med. Personne n’y va pour enquiller les bonnes nuits. Mais si les pilotes des grosses équipes sont rapidement fatigués, les amateurs, eux, deviennent carrément des zombies. Arrivées tardives, sessions de bricolage jusqu’à 2h du matin, analyses du roadbook, douleurs et réveils aux aurores obligent, les galériens ferment les yeux 4 heures maximum par nuit. Parfois beaucoup moins. Pendant deux semaines. De quoi devenir fou ? Oui, mais on ne va pas se mentir, ils le sont déjà.
4. Participer est une galère en soi
Aventuriers 15 jours par an, les galériens sont pompiers, entrepreneurs ou responsables de maintenance le reste du temps (Comme Frédéric Barlerin et Romain Leloup cette année.) Et ne peuvent évidemment pas compter sur de grosses marques pour leur financer le trip. Dont l’addition est salée d’ailleurs, puisqu’entre la moto, les frais d’entrée et le reste de l’équipement, le budget nécessaire tourne aux alentours de 60 000 euros (mais les moins fortunés participent avec 35 000€.)
Comment les trouver ? En faisant des emprunts, en sollicitant sa famille, en démarchant de petits sponsors locaux et même en organisant des loteries. En plus de la préparation physique et technique après le boulot. Il faut donc vraiment aimer manger du sable.
L'entraînement de Frédéric Barlerin, qui participera à son premier Dakar cette année :
5. Ils sont en voie d’extinction
Bon, extinction, le mot est un peu fort. Surtout lorsqu’on sait que les effectifs ont tendance à remonter (28 en 2018, 34 cette année.) Mais la catégorie, créée en 1995, a longtemps compté des centaines de pilotes engagés. À une époque, certes, où tous les participants étaient un moins préparés, moins assistés et plus cinglés. La professionnalisation de la course et la réduction des moyens accordés à la catégorie ont donc logiquement découragé leurs héritiers.
Mais qu’est-ce qui motive ceux qui restent, alors ? La sensation, pour certains, de participer au vrai Dakar. Celui des origines. C’est le cas de Yannick Guyomarc’h, qui racontait ceci à RMC en 2014 : « Le Dakar, c’est celui que je fais […] Une fois qu’on a terminé un Dakar sans assistance, il y a cette petite saveur en plus qu’ils (les pilotes des grosses équipes, ndlr) ne peuvent pas comprendre. J’aime ce combat contre soi-même, contre les éléments et pas contre les autres. D’ailleurs, je ne regarde même pas le classement. »
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