Propos recueillis par ASK
« C’est quoi, un roadbook ? Matériellement, il s’agit d’une succession de lignes, de colonnes, de dessins et d’indications chiffrées. Ça s’apparente à des hiéroglyphes pour un non initié, mais quand tu es copilote, c’est la bible !
Toutes ces informations sont censées t’aider à te repérer en te donnant des indications de distances qu’il s’agit de confronter aux repères visuels.
Pour bien l’appréhender, il faut déjà savoir comment ce document est constitué : quelques mois avant le Dakar, les organisateurs passent dans les spéciales et ‘’encodent’’ le tracé, en quelque sorte.
« C’est sur la capacité d’interprétation que tu fais la différence »
Une personne physique va retranscrire une indication sur un dessin. Il y a donc déjà une première interprétation. À mon tour, je reçois le dessin et c’est à moi de l’analyser, de le comprendre et de l’interpréter, le tout en condition de course avec un pilote qui envoie du lourd à mes côtés et à qui je parle en anglais, ce qui ajoute une difficulté supplémentaire !
Entre les indications du roadbook et la réalité du terrain, il peut y avoir quelques petites différences, par exemple dans la nature de la courbe ou l’enchaînement de virages. C’est sur la capacité d’interprétation que tu fais la différence en rallye-raid.
« La spéciale parfaite n’existe pas »
Il faut aussi savoir qu’au Dakar, la spéciale parfaite n’existe pas. Il y a tous les jours un problème inattendu auquel il faut faire face en réagissant extrêmement vite. Tu te trompes de chemin ? Il faut rester calme et lucide. Parce qu’avec le stress et la fatigue, tu as vite fait de t’entêter et de t’enfoncer dans la mauvaise direction.
J’ai beaucoup de chance de naviguer un pilote comme Nasser al-Attiyah. Il est juste fantastique. Avec lui, c’est zéro pression, zéro stress. On sait qu’on va commettre des erreurs, mais à deux, on va essayer de les solutionner. Et ça, c’est l’expérience qui le permet. Tant que tu n’as pas été confronté à un problème précis, tu ne sais pas comment le résoudre !
Depuis trois ans et l’introduction du road-book digital, mon rôle a aussi changé. Avant, je recevais mon carnet de l’étape du lendemain le soir au bivouac. Du coup, j’avais toute la nuit pour débroussailler le terrain. J’avais une direction, un cap, je pouvais anticiper les difficultés.
Là, le road-book apparaît sur ma tablette numérique cinq minutes avant le départ de la spéciale. Je ne préfère même pas le faire défiler, parce qu’il y a trop d’informations à intégrer. Je mise sur la rapidité et l’anticipation.
« Il faut privilégier la notion de plaisir »
Le fait de passer beaucoup de temps dans l’auto avec Nasser facilite aussi l’exercice. Dans l’année, on participe à une vingtaine d’événements dans le désert, ça crée des automatismes. On connaît par cœur le fonctionnement de la Toyota. Et chacun sait comment l’autre va réagir dans une situation donnée. Du coup, je peux me concentrer sur mon travail, à savoir trouver la bonne route.
Gagner, évidemment, c’est la finalité. Mais entre la fiabilité de la voiture, la mécanique, la performance du pilote et celle du copilote, il y a beaucoup d’éléments à intégrer pour que ça fonctionne. Voilà pourquoi il faut privilégier la notion de plaisir.
Si tu es heureux dans ce que tu fais, la journée passe super vite. D’autant que chaque matin, tu découvres quelque chose de nouveau, des endroits incroyables, des décors à couper le souffle. Ça crée une motivation incroyable ! »
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