F1 2018 : Le pilote de Formule 1 Daniel Ricciardo est chez Red Bull Racing depuis plus de 10 ans.
© Aron Suveg/Red Bull Content Pool
F1

Daniel Ricciardo, la force tranquille

De ses débuts chez Toro Rosso à sa remontada au Grand Prix de Chine, retour sur la carrière de Daniel Ricciardo, le pilote qui utilise le sourire comme une arme.
Écrit par Etienne Caillebotte
Temps de lecture estimé : 4 minutesPublié le
"Je suis assis ici, je repense à tout ce qui s'est passé, et c'est vraiment génial ! J'ai l'impression de ne jamais gagner de course ennuyeuse. Cette victoire était inattendue !" Même quand il réalise une remontada, Daniel Ricciardo garde les pieds sur Terre. Parti sixième sur la grille (malgré l'explosion de son moteur lors des essais libres, ndlr) Daniel Ricciardo a surpris tout le monde en remportant le Grand Prix de Chine le 16 avril dernier. La sixième victoire de sa carrière, qui a démarré chez Toro Rosso il y a 6 ans. Portrait.
Daniel Ricciardo pilote F1 Infiniti Red Bull Racing au championnat du monde de Formule 1 2015.

Le fameux sourire de Daniel Ricciardo

© Jim Krantz

Smiling Dan

Du pilote australien émane une énergie communicative, sincère. Une certaine vision de la "positive attitude" si chère à Lorie et Jean-Pierre Raffarin. Un trait de caractère singulier pour un pilote de F1, un sport risqué où chaque détail a son importance. "En Formule 1, tout le monde est sous tension" raconte-t-il. "L’humour peut rendre de nombreuses situations plus supportables, car il efface la pression pour un instant. Quand je danse dans le box, cela ravive le plus fatigué des mécaniciens. Ou bien après les courses, nous faisons les andouilles et nous balançons des citations de films. Ou bien, plus musclé : barbouiller des gens endormis, c’est un classique. Par contre il faut aussi savoir encaisser. Une fois, les gars ont collé mes pompes au sol". Depuis qu’il a posé le pied sur la piste, Daniel Ricciardo n’a jamais forcé le trait. Il est resté lui-même. Malgré l’enjeu, l’argent et la pression. "J’ai toujours été comme ça, c’est depuis que je suis tout petit. Si tu regardes des photos de moi, je suis tout le temps en train de sourire ou de rire. Je pense que ça vient beaucoup du fait que je n’étais jamais calme, et assez immature, je ne prenais pas les choses au sérieux. Maintenant, c’est sûr que j’ai grandi depuis… un peu (rires). Mais une part de moi-même reste enfantine. Je continue à trouver les choses stupides et drôles, je l’assume totalement : j’ai un humour un peu sot."
Lorsque j’ai débarqué en F1, j’avais beaucoup de respect pour cette scène et son business, et j’ai essayé d’être le plus sérieux possible afin de m’y adapter. Mais c’est lorsque j’ai commencé à m’amuser, et à le montrer, que tout s’est déclenché. Depuis, cette énergie positive me sert consciemment d’arme.
Daniel Ricciardo

Concurrence saine

Les pilotes Toro Rosso de Formule 1 Daniel Ricciardo et Jean-Eric Vergne au championnat de F1.

Daniel Ricciardo et Jean-Eric Vergne

© Getty Images/Red Bull Content Pool

Après avoir effectué des essais concluants avec l’écurie HRT, Daniel Ricciardo est titularisé chez Toro Rosso en 2012. L’occasion pour lui de faire ses preuves, aux côtés de Jean-Eric Vergne, son coéquipier et rival, avec qui il a tout connu. "Avec Vergne, c’était intéressant. Avant la Formule 1, quand on était jeune, on était de bons amis" rembobine-t-il. "On roulait pour Red Bull, on obtenait de bons résultats… On était encore des gamins de 18 ans qui s’amusaient ! Une fois qu’on a atteint les World Series, puis la Formule 1, notre relation était plus compétitive, plus sérieuse, et notre amitié s’est fragilisée. On savait que si on faisait mieux que l’autre, on avait une chance d’être titularisé chez Red Bull". En 2012, il inscrit 10 points, soit 6 de moins que le pilote français. Mais en 2013, il termine 14è du championnat avec 20 points, ce qui lui permet d’être titularisé chez Red Bull Racing, en lieu et place de Mark Webber.
Le natif de Perth change de dimension, et impressionne. À commencer par sa propre écurie. Au Grand Prix d’Australie, il termine à la deuxième place, alors que son coéquipier Sebastian Vettel - parti 12è sur la grille - est contraint à l’abandon. Même s’il est finalement disqualifié à cause de la non-conformité de sa monoplace, le pilote australien frappe un grand coup. Il prouve qu’il capable de surpasser son aîné, pourtant quadruple champion du monde. "Je pense que Sebastian Vettel savait que je n’étais pas mauvais. Les gens de l’équipe savaient que je pouvais bien piloter. Mais ils ne pensaient pas que je serais aussi rapide. C’est sympa de les avoir surpris". En 2014, il remporte trois courses et termine huit fois sur le podium. 3è au général, il devance Sebastian Vettel de 71 points. Daniel Ricciardo devient le nouveau leader de son écurie.
Le 'shoey' est la signature du pilote Red Bull Racing Daniel Ricciardo en championnat de F1.

Le 'shoey' : sa signature

© Getty Images/Red Bull Content Pool

Malgré une saison 2015 en demi-teinte, Daniel Ricciardo a souvent été constant. Troisième en 2016, cinquième en 2017, il pointe actuellement à la quatrième place du général derrière les Mercedes d’Hamilton et Bottas et la Ferrari de son ancien coéquipier, Sebastian Vettel. À 28 ans, peut-il décrocher le titre de champion du monde ? L’avenir nous le dira, mais "Smiling Dan" n’a pas perdu cet objectif de vue. "Je veux être champion du monde. Je travaille dur et je ferais tout ce que je peux pour cela". Tout en rappelant qu’il "sera heureux de faire simplement de son mieux". On ne change pas une équipe qui gagne.