L'été est là, et les vacances approchent. Chaleur oblige, tu seras peut-être tenté par une petite virée en kayak. Alors, pour bien t'y préparer, on a demandé à la championne du monde française, élue à plusieurs reprises meilleure kayakiste extrême de l'année, Nouria Newman, de te donner quelques tips avant d'embarquer. On lui laisse donc la parole. Mais pas avant de vous inviter à découvrir Wild Waters, le premier documentaire consacré à la meilleure kayakiste de sa génération sur Red Bull TV !
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Wild Waters
Des bassins olympiques aux rivières sauvages, découvrez la vie de la kayakiste la plus douée de sa génération dans le film Wild Waters sur Nouria Newman.
"La première chose à savoir, c’est que ce n’est pas une activité que tu peux commencer tout seul. C’est comme la montagne. Tu peux la pratiquer hors structure, mais au début, il vaut mieux prendre un cours pour voir si ça te plaît ou rejoindre un club. Ce sont eux qui pourront ensuite t’orienter sur le type de matériel à privilégier.
Un autre truc qu’il faut savoir avant de s’y mettre si tu n’en as jamais fait, c’est que c’est un sport assez ingrat. Quand tu commences en surf, par exemple, tu ne vas pas forcément prendre les grosses vagues tout de suite, mais tu vas pouvoir surfer sur la mousse qui arrive sur la plage et pouvoir progresser. En kayak, même au début, tu prends quand même des grosses boites, l’eau est froide et tu as toujours un peu l’air d’un con (rires) ! Mais il faut s'accrocher, et ça devient agréable par la suite !"
Quel kayak choisir ?
"Quand tu vas commencer, on va te prêter un bateau qui va plus ou moins correspondre à ton niveau et à la rivière. Si vraiment tu n’en as jamais fait et que tu pars sur les gorges de l’Ardèche ou la Dordogne et que tu veux en faire seul, sans moniteur, il vaut mieux privilégier un sit-on-top, qui est une espèce de gros paquebot en plastique dans lequel tu as juste besoin de t’asseoir. Il ne se remplit pas, donc il ne peut pas couler, et il n'est pas dangereux puisque tu peux t’en extraire facilement si tu te retournes.
Sinon tu peux te diriger vers le airboat, qui est un bateau gonflable qui se rapproche un peu d’un mini raft, mais en forme de kayak. Ça, c’est pour profiter d'une descente, mais pas pour apprendre. C’est assez éloigné du kayak que moi je pratique, dans une embarcation fermée, avec les genoux bloqués.
Pour que l’eau ne rentre pas à l’intérieur, on a ce qu’on appelle une jupe, qu'on met autour de l’hiloire et qui ferme le pont du bateau pour qu'il soit étanche.
Un vrai kayak est souvent en plastique pour des raisons de solidité. Mais il peut aussi s'agir de bateaux en cuivre ou de modèles en carbone, plus rigides et plus performants pour la descente ou le slalom.
Les clubs vont te prêter ce qu’ils ont, mais en général on est plutôt sur du plastique. Tu vas avoir trois modèles différents : le bateau de freestyle, d'abord, qui n’est pas trop recommandé pour les débutants parce que pas très stable. Puis, tu as le crick boat, un modèle extrême, et enfin le river runner, qui est un bateau hybride entre le freestyle et le crick."
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Nouria Newman : le rapide d'une vie dans les Alpes
La taulière du kayak extrême Nouria Newman descend l'un des rapides les plus difficiles de sa carrière au coeur des Alpes. Découvrez la descente extrême de la kayakiste Nouria Newman en vidéo.
Le matériel
"Dès que tu pars en rivière, il est important d’avoir un minimum de matériel de sécurité. Donc un casque, un maillot de bain, un gilet de sauvetage et de bonnes chaussures. Souvent, les gens n’y pensent pas et se mettent en petites sandales en plastique pensant ça sera plus confortable. Mais le problème, c’est que ça glisse. C’est dangereux et désagréable. Donc il faut vraiment essayer d’avoir des chaussures qui accrochent. Sinon, s'il fait froid, les sous-vêtements de ski fonctionnent bien. En général, les combinaisons étanches ou les k-way sont prêtés."
La technique
Comment naviguer ?
"Au début, tu ne vas généralement pas réussir à aller droit. Si tu as un sit-on-top, qui n’est pas un vrai kayak, ça va, c’est facile. Mais si tu es dans un vrai kayak, il faut vraiment avoir un bon coup de pagaie en avant, vertical et proche du bateau. C’est toujours bien d’apprendre à maitriser ça et les gestes qui vont t’aider à tourner, que ce soit avec un coup de pagaie en arrière ou avec une circulaire, qui est un coup en avant. Apprendre tout ça en eau calme avant d’aller en eau dure, ça va te faciliter la vie.
Sinon, dans un vrai kayak, il faut toujours réussir à bien se pencher. La règle qu’on apprend en club, c’est de montrer tes fesses au courant et de toujours te pencher vers l’aval. Mais il y a des pièges. Derrière les cailloux ou proche des berges, on a des contre-courants. Là, il faut inverser ce qu'on appelle la gîte et se pencher vers l’eau ou vers la berge. Si tu ne te penches pas, le courant passe sur le bord de ton kayak. Si il est puissant, tu ne le vois même pas venir et peux te retourner sans avoir le temps de t'en apercevoir.
Comment gérer la peur ?
"Quand tu arrives sur un gros rapide et que tu es pris de panique, soit tu ne le fais pas, soit tu y vas avec de l’engagement. La plupart des gens y vont, mais un peu en dilettante. Ils ne prennent pas trop de vitesse et ils se penchent en arrière parce qu’ils ont peur. Mais ça ne peut pas marcher, parce que tu as moins d’équilibre, et sans vitesse, ça ne pardonne pas. Si tu décides d’y aller, tu ne peux plus revenir en arrière. Donc il vaut mieux tu te mettes un petit coup de fouet, pour y aller franchement."
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Follow Me x Nouria Newman
Nouria Newman a franchi "le tobbogan du diable", temple du kayak freeride, à cinq reprises. Un exploit sportif capturé par TomZ, pilote de drone.
Comment rester en sécurité ?
"Si tu te retournes, la première règle que je donne aux gens, c’est que le matos, on s’en fout. Le truc le plus important c’est de te sortir de l’eau et de te mettre hors de danger.
Ça peut être un peu oppressant de se retourner et d’être coincé à l’envers sous le kayak. Donc, pour l’esquimautage - soit le fait de sortir du bateau - c’est important de rester calme, parce que tu dois attraper une petite poignée qui est bout de la jupette. Si tu paniques, tu es incapable de faire ça puisque ton premier réflexe va être de te pencher en arrière pour essayer de reprendre de l’air. Mais ce qu'il faut faire en premier, c’est de te pencher en avant pour attraper la poignée."
Une fois que tu en es sorti, ce qui est très important, c’est de ne pas mettre les pieds au fond de l’eau. Il ne faut jamais essayer de marcher pour rejoindre la berge. C'est la cause de nombreux accidents. Donc si tu es au milieu d’un rapide et que tu ne vas pas forcément pouvoir nager vers le bord, c’est bien de faire la planche, de lever les pieds et les fesses pour taper le moins possible les cailloux. Il ne faut surtout pas essayer de mettre sa jambe au fond. Déjà parce que tu peux te la casser, mais aussi parce que si elle se coince et que le courant te plaque sous l'eau, tu peux te noyer."
Où débuter en France ?
"En France tu as beaucoup de spots. Moi j’aime bien la région Rhônes-Alpes, parce que c’est là que j’ai grandi. C’est vraiment super beau et tu peux en profiter pour faire d’autres activités, même si l'eau est froide ! Sinon, tu as aussi les gorges du Verdon, celles de l’Ardèche ou du Tarn, la Dordogne... Tout ça, c'est aussi très beau.
En Rhône-Alpes, il existe deux spots artificiels, Saint-Pierre-de-Boeuf et Sault Brenaz, qui sont vraiment bien parce que ce sont de petites sections de rivières aménagées qui sont assez courtes et que tu peux refaire plusieurs fois. Ils ne sont pas dangereux parce qu'ils ont été conçus par l’homme, donc le risque est quasi nul. L’avantage, c’est que tu peux travailler ta technique. L’eau n’est pas trop froide, tu ne vas pas te faire mal, c’est vraiment le top."
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