L'escalade, ce n'est pas une question de ce que tu fais, c'est une question de comment tu le fais. N'importe qui peut prendre une corde, du matériel, un harnais et de la magnésie, et se diriger vers une paroi rocheuse pour se la jouer Oriane Bertone. Mais c'est le style, la forme et l'engagement d'un grimpeur - le "comment" - qui le définissent.
Le lexique de ce sport étant souvent aussi contradictoire que complexe, il est utile de connaître son jargon. Alors, pour définir ton "comment", voici un guide infaillible de la terminologie des styles d'escalade, avec lequel tu pourras t'équiper avant toute rencontre avec une paroi.
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Les techniques d'escalade
Il s'agit de ce que le grimpeur utilise pour gravir la voie, soit en se servant uniquement de la paroi rocheuse, soit en utilisant des cordes pour l'aider à grimper.
Escalade libre
Elle est souvent confondue à tort avec le solo libre, qui est une approche très différente et beaucoup plus folle de l'escalade entièrement libre, sans corde.
L'escalade libre est en fait le type d'escalade que la plupart des gens pratiquent : en utilisant une corde pour la sécurité, mais sans l'utiliser comme aide à l'escalade, donc sans tirer dessus et sans même s'y accrocher pour soutenir leur poids.
Escalade assistée
C'est le contraire de l'escalade libre, les grimpeurs utilisent du matériel pour faciliter leur ascension, ce qui inclut tout, des échelles en nylon aux jumars actionnés à la main, et peuvent s'aider du matériel pour grimper, même des cordes.
L'équipement est souvent utilisé pour contourner des sections de rocher qu'il est impossible de gravir en escalade libre et qui, autrement, rendraient l'itinéraire infranchissable. C'est une technique à part entière qui nécessite de placer rapidement le matériel afin de se déplacer en toute sécurité.
Tommy Caldwell et Kevin Jorgeson lors de leur ascension libre du Dawn Wall.
© Corey Rich/Red Bull Content Pool
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Les différents types d'escalade
Il s'agit du type de protection qu'un grimpeur choisit d'avoir. Par exemple, un traditionaliste peut s'auto-installer un équipement de protection à la montée et le ressortir après l'avoir utilisé, tandis que les plus prudents opteront pour des boulons fixes. Quant aux adeptes de l'escalade libre, pourquoi s'encombrer d'une corde ?
Tous les types d'escalade peuvent être pratiqués avec une technique libre ou assistée.
Escalade traditionnelle
Il s'agit de l'approche traditionnelle dans laquelle les grimpeurs doivent planifier l'itinéraire, placer des protections contre les chutes telles que des cales (une cale métallique enfilé sur un fil utilisé en le coinçant dans une fissure du rocher) et des coinceurs (des bâtons à ressort avec des roues rotatives qui s'ouvrent entre les fissures) lors de l'ascension, puis les retirer une fois l'escalade terminée.
Il s'agit d'une escalade extrêmement technique qui nécessite d'être très habile, sans inspection préalable ni corde de protection, et les grimpeurs ne laissent aucune trace derrière eux.
L'escalade sportive
Inventée au milieu des années 1980, l'escalade sportive permet aux participants d'utiliser des boulons de sécurité placés à l'avance pour y accrocher leur corde de sécurité, plutôt que de visser, marteler et serrer des boulons lors de l'ascension.
Les itinéraires sont plus définis, comme un puzzle point à point suivant des boucles fixes le long du rocher, et il y a des points d'ancrage au sommet pour installer un relais. C'est plus facile pour les débutants, mais certains grimpeurs désapprouvent le boulonnage permanent.
Il exige une attention particulière à la souplesse, à la force, à l'endurance et parfois à la vitesse, contrairement au sens de l'exploration et à l'équilibre nécessaires à l'escalade traditionnelle. La Red Bull Dual Ascent est un bon exemple de compétition d'escalade sportive.
36 minutes
Red Bull Dual Ascent
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Escalade trad goujonnée
OK, celui-ci est un peu un oxymore. Bien que l'escalade trad se définisse par la mise en place et le retrait de protections au fur et à mesure de l'ascension, une partie de l'escalade trad implique en fait l'utilisation de voies sécurisées à l'avance.
La différence est que sur les voies trad goujonnées, les goujons ont été placés en tête (en montant), et sont donc souvent très éloignés les uns des autres. Les goujons des voies sportives sont placés en rappel (à la descente) et sont beaucoup plus uniformes.
Escalade simultanée
L'escalade simultanée est une forme d'escalade trad conçue pour la vitesse, où deux personnes grimpent ensemble et où le grimpeur de tête met la protection en place, tandis que le grimpeur suivant l'enlève une fois qu'il est passé.
Solo (aka solo libre)
C'est le type d'escalade trad qui fait tomber les mâchoires et se retourner l'estomac : grimper sans corde pour se protéger. Tu as sans doute vu Alex Honnold conquérir El Capitan dans le documentaire Free Solo, qui a remporté un Oscar.
Certains disent que c'est la forme la plus pure de ce sport, d'autres que c'est de la pure folie. Si l'on en croit le nombre de solistes qui ne sont plus de ce monde, cette dernière affirmation est peut-être la plus juste. La plupart de ceux qui pratiquent le free solo disent cependant qu'ils ne le font pas pour le frisson du danger, mais pour la joie de se sentir libre et d'être totalement maître de la situation.
Il existe un certain nombre de variantes du solo :
- L'escalade urbaine : Il s'agit d'escalader sans corde des bâtiments géants ou des tours. Le Français Alain Robert - alias Spider-Man - en a été l'un des premiers adeptes, mais de plus en plus de gens le font maintenant.
- Le psicobloc : Il s'agit essentiellement d'un solo libre sur des façades et des falaises de mer. À bas niveau, cela donne un filet de sécurité en cas de chute, mais plus on monte, plus il y a de danger à cause des vagues déferlantes et des rochers tranchants.
- Le base solo : Les grimpeurs montent sans corde, mais disposent d'un parachute pour les protéger en cas de chute. Certains disent que cela leur donne la confiance nécessaire pour essayer des ascensions encore plus dangereuses, tandis que d'autres disent que c'est moins pur que le free solo sans protection.
L'escalade de bloc
L'indice est dans le nom : il s'agit d'escalader de gros blocs, de 1,5 m à 15 m de haut, et d'utiliser la voie la plus contraire et la plus difficile pour y parvenir. Les itinéraires, appelés problèmes, sont comme un jeu d'échecs, impliquant une courte série de mouvements puissants et techniques. Ils ne nécessitent pratiquement aucun équipement et peuvent être réalisés seul.
Les zones d'escalade de bloc comportent souvent un grand nombre de voies différentes au même endroit et sont généralement assez basses pour que l'on puisse utiliser un tapis de chute au lieu de cordes pour plus de sécurité.
Le "problème" d'escalade de bloc nécessite de la force une bonne lecture
© Teddy Morellec/Red Bull Content Pool
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Choix des cordes
La façon dont vous mettez en place votre sécurité et la distance que vous choisissez de parcourir déterminent le type d'encordement dont vous avez besoin. De l'encordement de base à l'encordement multiple, voici les différentes options :
L'encordement par le haut ou par le bas
Il s'agit d'avoir une corde au-dessus du grimpeur qui est contrôlée par quelqu'un, connu sous le nom d'assureur. Il maintient la corde tendue, de sorte que le grimpeur ne tombe pas loin s'il perd sa prise.
L'encordement par le haut se fait lorsque l'assureur se trouve en haut de la falaise, l'encordement par le bas se fait lorsque l'assureur se trouve en bas et que la corde de sécurité passe par un système d'ancrage au point culminant.
Ce type d'escalade, qui est le plus pratiqué par les débutants ou les grimpeurs en salle, donne au grimpeur la confiance nécessaire pour essayer des mouvements plus difficiles et des voies plus difficiles, mais il est limité par la longueur de la corde.
Escalade de difficulté
Il s'agit d'une cordée de deux grimpeurs ou plus, le grimpeur en haut étant le chef de cordée et portant un harnais attaché à une corde, elle-même reliée au(x) grimpeur(s) du bas.
Le grimpeur en tête attache la corde à des goujons au fur et à mesure qu'il monte - soit permanents (escalade sportive), soit placés par lui-même (escalade traditionnelle) - tandis qu'un grimpeur plus bas joue le rôle d'assureur, en donnant suffisamment de corde pour que le grimpeur en tête reste en mouvement, mais en toute sécurité.
L'escalade multi-pitch
Il s'agit d'escalade de difficulté, mais en faisant plus d'une voie à la fois. Les grimpeurs s'attachent à la paroi rocheuse et, une fois qu'ils n'ont plus de corde, s'équipent à nouveau pour grimper la voie suivante.
Cela permet aux grimpeurs d'élaborer des itinéraires beaucoup plus longs et d'escalader des parois rocheuses beaucoup plus hautes, en prenant plusieurs jours et en dormant suspendus à la paroi.
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L'approche
Enfin, le niveau de fierté et d'autosatisfaction qu'un grimpeur peut retirer d'une ascension dépend de la façon dont il l'a abordée.
Ainsi, un "redpoint" super difficile peut être tout aussi cool qu'un "onsight" de niveau inférieur. Lis la suite pour en savoir plus.
Onsight
C'est l'une des méthodes d'escalade les plus difficiles. Elle consiste à se rendre sur une paroi rocheuse que tu n'as jamais vue ou analysée auparavant, à jeter un coup d'œil rapide à la voie, puis à la gravir en une seule fois sans s'arrêter.
Les avis divergent sur ce qui constitue une ascension à vue. Certains disent que le simple fait de connaître le niveau de la voie fait de l'ascension un "flash" (voir ci-dessous).
Flash
Il s'agit d'une préparation préalable, en utilisant ce que les grimpeurs appellent le bêta (depuis la description d'un guide jusqu'à des vidéos) pour avoir un bon aperçu de ce que l'ascension est susceptible d'impliquer.
Redpoint ou Headpoint
Il s'agit d'escalader une voie (sportive pour le redpoint, trad pour le headpoint) en escalade de difficulté, après l'avoir déjà pratiquée. On le fait généralement lorsque la voie est trop difficile pour être escaladée à vue ou en flash.

