Le directeur d'Oracle Red Bull Racing, Christian Horner parle à Jim Farley, PDG de Ford, lors de la présentation de la RB19.
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F1

L'histoire du « moteur du siècle » de Ford-Cosworth

En s'associant à Ford, Red Bull Powertrains s'appuie sur l'expertise de l'un des motoristes les plus titrés de l'histoire de la F1 et qui a révolutionné la discipline à la fin des années 1960.
Écrit par Etienne Caillebotte
Temps de lecture estimé : 4 minutesPublié le
Après une collaboration fructueuse avec Honda, l'écurie championne du monde s'associe avec un autre acteur prestigieux du sport automobile. Début février, en marge de la présentation de la RB19 à New-York, Red Bull et Ford ont officialisé un partenariat technique qui prendra effet lors du prochain changement réglementaire en 2026. Le constructeur américain aura pour mission d'assister Red Bull Powertrains, division moteur fondée en 2021 et basée à Milton Keynes, dans le développement d'une nouvelle unité de puissance intégrant un moteur électrique de 350 kW. « Ils complètent ce que nous faisons chez Red Bull Powertrains avec leurs connaissances et leur savoir-faire, en particulier dans le développement des cellules de batterie, s'est réjoui Christian Horner, directeur d'Oracle Red Bull Racing, en marge de la présentation de la livrée. Pour la Formule 1, le retour du nom Ford est fantastique ». Car Ford occupe une place de choix dans l'histoire de la catégorie reine, étant l'un des motoristes des plus titrés avec Mercedes, Ferrari ou Renault. Bilan comptable : 176 victoires en Grand Prix, dont la majorité ont été décrochées grâce aux différentes versions d'un moteur V8 de trois litres : le Ford-Cosworth DFV. Retour en arrière.
En marge de la présentation de la RB19 à New-York, Red Bull et Ford ont officialisé un partenariat technique qui prendra effet lors du prochain changement réglementaire en 2026.

Le partenariat technique officialisé lors de la présentation de la RB19

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« L'affaire du siècle »

Pour comprendre la domination de Ford-Cosworth pendant plus d'une décennie, il faut revenir en 1965. Cette année-là, Colin Chapman, brillant ingénieur et fondateur de l'écurie Lotus, fait appel à Keith Duckworth et Mike Costin, deux anciens collaborateurs ayant quitté l'écurie en 1958 pour fonder Cosworth, une entreprise spécialisée dans la conception et la préparation d'unités de puissance. Le projet ? Concevoir un moteur sur-mesure pour la Lotus 49, une monoplace qui sera pilotée par le duo Graham Hill et Jim Clark. Pour financer l'opération, Colin Chapman s'appuie sur son partenaire historique, Ford, qui signe un chèque de 100 000 livres et assure la production. « Trente ans plus tard, les vétérans de Ford considèrent toujours [l'investissement de départ] comme l'affaire du siècle » rappelle un journaliste du Guardian. La conception dure 9 mois, et le Ford-Cosworth DFV est testé pour la première fois lors du Grand Prix des Pays-Bas en 1967. Ce week-end là, alors qu'aucun journaliste n'a eu vent de la collaboration entre les trois structures selon un journaliste d'ESPN, Graham Hill s'adjuge la pole et Jim Clark, qui a « découvert la monoplace en arrivant à Zandvoort », remporte le Grand Prix avec près de 30 secondes d'avance sur son dauphin. L'année suivante, Lotus s'adjuge le titre mondial pilote et constructeur. C'est le début d'un règne qui durera presque 15 ans.
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Plus de 150 victoires en Grand Prix

Conscient de disposer d'un moteur fiable, puissant et révolutionnaire, Colin Chapman renonce à l'exclusivité de la technologie à partir de 1969. Dès lors, la plupart des écuries indépendantes de la grille comme Williams, Tyrrell ou McLaren s'équipent d'un moteur Ford-Cosworth en échange de la somme modique de 7500 livres. Et comme attendu, les résultats sont probants. « Pour les responsables de la plupart des écuries de course, quatre éléments essentiels interviennent dans la compétition automobile. Ce sont, dans l'ordre de leur importance, le moteur, le pilote, les pneus et le châssis, résume un journaliste du Monde dans un article datant de 1969. Pour le choix du moteur, les résultats des onze Grands Prix du championnat du monde sont concluants : ils ont tous été gagnés par des pilotes (…) équipées du matériel Ford-Cosworth ». Entre 1968 et 1983, Ford-Cosworth domine très nettement son principal concurrent Ferrari en décrochant plus de 150 victoires et 12 titres pilotes. Plusieurs légendes de la F1 sont sacrées avec le Cosworth DFV sous le capot dont Jackie Stewart, James Hunt ou Jochen Rindt, ancien camarade de Helmut Marko.
La légende de la F1 Jochen Rindt au volant de la Lotus 49.

Jochen Rindt au volant de la Lotus 49

© Wikimedia Commons

Si la dernière victoire du Ford-Cosworth DFV remonte au Grand Prix des États-Unis en 1983, le palmarès de Ford en F1 ne s'arrête pas là. En 1994, après plusieurs années de disette, le manufacturier américain parvient à rebondir et s'adjuger un ultime titre de champion du monde en équipant la Benetton B194 de Michael Schumacher. Mais la belle histoire s'arrête là, du moins temporairement. 23 ans après sa dernière victoire au Grand Prix du Brésil, le constructeur américain pourrait retrouver, dès 2026, l'avant de la grille en s'associant à l'une des écuries les plus compétitives du plateau. Et profiter de la nouvelle réglementation et de l'appui de Red Bull Powertrains pour concevoir un nouveau « moteur du siècle » ? L'avenir le dira.
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