À seulement 25 ans, Kamel « Kameto » Kebir est un streameur star qui déchaîne les foules sur Twitch où il bat régulièrement tous les records d’audience (plus de 650 000 followers) de la discipline.
© Stéphane Grangier
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Football Manager 2023 : la méthode Kameto

Le PDG de la Karmine Corp est un véritable fan de Football Manager. Mais gère-t-il aussi bien ses parties que sa structure esport ? On tente d’y répondre en épluchant la méthode Kameto sur FM 2023.
Écrit par Selim Kerfallah
Temps de lecture estimé : 7 minutesPublié le
Dans le monde de l’esport, Kamel Kebir, aka le Général Kameto, a déjà fait ses preuves à maintes reprises. À la tête de la structure esport française la plus populaire actuellement, on connaît déjà sa capacité à fédérer, gérer ses équipes et les entraîner avec lui vers les sommets. Des capacités managériales réelles qu’il tente de retranscrire dans le virtuel, sur Football Manager, la licence emblématique de Sports Interactive. Le tout est diffusé sur sa chaîne YouTube, en 16 épisodes et plus d’une vingtaine d’heures de vidéo, dans lesquels on s’est plongé pour savoir quel genre de coach est celui qui a été adoubé par Zizou. Décryptage.

Le choix de l’équipe

Les habitués de Football Manager savent très bien à quel point ce choix est crucial et mérite de l’attention. FM est le jeu chronophage par excellence, la sélection de son équipe est donc le premier choix fondamental à faire. Certains se plaisent à partir sur de grosses cylindrées, d’autres se ruent sur des équipes au passé glorieux et en perte de vitesse, voire sur des équipes de deuxième ou troisième division, quand certains masochistes vont jusqu’à commencer une partie sans emploi. Histoire de prendre les rênes d’une sombre équipe de D2 norvégienne ou autre championnat albanais. C’est aussi ça le charme de FM, mais qu’en est-il de notre Kameto national ?
Nouvelle équipe esport française sur League of Legends, la KCorp a été lancée par le duo Kameto et Prime plus tôt en 2021.

La Karmine Corp a été lancée par le duo Kameto et Prime

© Red Bull

En ce qui concerne sa partie, Kamel avait une idée très claire en tête : poser ses valises dans un pays dont la cuisine n’est qu’un concept abstrait : l’Angleterre. Il n’avait d’yeux que pour la Premier League et ses millions de Livres à profusion. Pas hyper original, mais, au fond, il reste quand même un homme de défi qui n’a pas regardé un seul instant les équipes du haut de tableau (il a lancé une partie fin décembre avec le calendrier réel, et donc les 16 premières journées de championnat déjà disputées). Il a été très clair dans ses envies : foutre les pieds dans le chaos le plus total. Enfin, pas trop non plus puisqu’il a très vite snobé Brighton, bon dernier du championnat avec 6 points et un effectif qui compte Castolo et Minanda en vedettes (pour ceux qui ont la ref). Non, Kamel s’est plutôt dirigé vers les portugais loups de Wolverhampton, bons avant-derniers du championnat mais à un petit point du premier non relégable. La tâche s’annonçait donc assez compliquée, avec notamment un calendrier qui lui réservait un enchaînement de l’enfer, jugez plutôt : Manchester United, Chelsea, Manchester City et Liverpool. Un coup à passer autant de temps sur son nouveau banc que Marcelo Bielsa lors de son passage à la Lazio.

La création de l’entraîneur

Pour ce qui est de la création de son entraîneur et l’attribution de ses stats, Kamel a tranché dans le vif. Le PDG qu’il est a tout de suite opté pour le costume trois pièces agrémenté d’une cravate d’un bleu qui rappelle fortement la KCorp et son blue wall. Pour ses statistiques et ses intentions il a également annoncé la couleur tout de suite : le beau jeu et la diplomatie ? Un concept surfait réservé à d’autres. Le Kamel coach ne jure que par le catenaccio, soit des points de compétences qui font la part belle à la défense et à la condition physique. Au diable l'entraînement des jeunes, l’adaptabilité et l’aspect offensif, son but est de détruire l’adversaire et non le battre par le football. Politique des Wolves oblige, ça nous fait forcément penser à un autre coach portugais. Suivez notre regard.

L’entraînement

Un bon gestionnaire sait déléguer quand il le faut. C’est clairement le cas de Kamel, qui, à l’heure de mettre en place ses programmes d’entraînement, alors qu’on pensait qu’il allait pousser encore plus loin son personnage hyper pragmatique et torturer ses joueurs à coups de courses et multiples séances défensives, eh bien non. Il a plutôt importé le travail d’un gros nom de la scène : nul autre que FMGuru, Country Manager de la France pour Sports Interactive, dont le nom est inscrit au hall of fame de la licence. Rien que ça. Et après tout, qui a envie de passer des heures à s’occuper de ça quand il est possible de le boucler en cinq minutes ?

L’aspect tactique

“LE CATENACCIOOOOOO, pas de combinaisons frérot, les combinaisons c’est DEHORS !”, voilà le résumé et les mots de coach Kameto au moment de mettre en place son premier système de jeu. Fidèle à lui-même, c’est ainsi qu’il s’est dirigé vers le style prédéfini “contre-attaques directes”, pour se fondre à son idée de jeu globale : “on envoie loin devant et ça court”. Le football Heineken, sa marque de fabrique.
L’arme du crime…

L’arme du crime…

© YouTube/Kameto

La formation ? Un 4-2-3-1 avec deux milieux défensifs assez bas sur le terrain. Le problème étant qu'il n’avait pas forcément le personnel adapté pour mettre en place ses sombres idées de jeu. C’est donc Ruben Neves et un João Moutinho plus proche de l’Ehpad que de son premier contrat pro qui ont hérité de ces deux places au milieu de terrain. Pas forcément les deux destructeurs attendus, mais le prochain mercato viendra corriger cela. Pour le reste, Kameto a donné pour consigne à ses défenseurs de conserver une mentalité défensive en toutes circonstances et d’éviter les montées qui pourraient mettre à mal le bloc. La défense avant tout.
L’organisation du semblant de jeu qu’il veut mettre en place est alors revenu au jeune Mattheus Nunes dans un rôle de 10 une nouvelle fois assez bas, ainsi qu’à deux fusées dans les ailes censées profiter des espaces causés par l’absence de possession (Gonçalo Guedes et Adama Traoré).
La méthode Kameto dans toute sa splendeur : attirer l’adversaire pour mieux le planter dans le dos. Kamel Kebir ou Pascal Dupraz ? On ne sait plus.

La gestion du staff

Pragmatisme, on ne le répètera jamais assez. C’est bien simple, tout membre du staff qui n’a pas une note minimale de 15 dans sa spécialité doit vider les lieux. Une rupture de contrat brute et un aller simple pour Pôle Emploi. Pour ce qui est du recrutement, Kamel envoie balader la bonne adaptation et reste axé sur la compétence pure et dure. T’as les notes, t’es embauché. Pas l’temps de niaiser. On se souvient aussi du lancement de son premier match, au moment où son adjoint lui conseillait de dire aux joueurs d’essayer de continuer sur leur bonne lancée, alors même que le club se trouvait dans les abysses du classement. C’est bien simple, 15 minutes plus tard ce dernier était viré. On ne rigole pas avec le général.

La gestion en match

La moitié de l’équipe envoyée au goulag

La moitié de l’équipe envoyée au goulag

© YouTube/Kameto

Maintenant, on le sait, la méthode Kameto n’implique que très peu de tendresse. Et tout logiquement, cette façon de faire s’applique également pour la gestion de ses poulains les jours de match. Les héros sont glorifiés plus qu’il ne le faut, les fautifs envoyés directement au bûcher en passant par la case banc de touche. Et qu’importe le statut du joueur en question, coach Kamel est intransigeant en toutes circonstances. Rigueur et discipline sont ses maîtres-mots, aucun passe-droit n’est attribué à qui que ce soit, et c’est de cette façon qu'il a réussi à faire passer Wolverhampton de relégable à qualifié en Ligue des Champions. Un parcours qui nous rappelle bizarrement celui d’une structure française…

Pour conclure

La méthode Kameto est un mélange d’autoritarisme total et de surréaction à outrance. On laisse les paillettes pour les autres, on s’appuie sur un bloc défensif impénétrable et des joueurs offensifs qui relèvent plus d’étalons de l'hippodrome ParisLongchamp que de véritables esthètes. Un général de guerre au bord d’un terrain de football, en somme. Le genre de coach rigide qui ne s’éloigne jamais de sa vision de départ et qui mène ses hommes à la baguette d’une poigne de fer. Mais une chose est certaine : la méthode Kameto fonctionne sur Football Manager 2023. À vous de l’imiter.
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