Bike
VTT
Kilian Bron prend de la hauteur en Italie
Dans le dernier épisode de sa web-série "Mission", le rider français s'offre quelques lignes terrifiantes dans le massif des Dolomites. Il raconte.
« MISSION, subst. Fém.
1. Charge donnée à qqn d'aller accomplir qqch., de faire qqch. On l'a chargé d'une mission. Synonymes : mandat. »
En ce qui me concerne, on ne m'a rien imposé. Je me fixe simplement des buts précis à chaque fois que je suis sur le vélo.
Rider tout-terrain
© Pierre Henni
J'ai toujours aimé sortir des sentiers battus en explorant ce qui pouvait bien se cacher derrière chaque virage, butte ou sommet. Mes « missions » se finissent souvent de nuit, après m'être faufilé dans tous les endroits les plus improbables découverts en chemin.
Toujours à la recherche de spots improbables ou de vidéos originales de différents horizons, je m'inspire essentiellement du milieu du ski et des autres sports de glisse. Mais je suis surtout captivé par les esprits créatifs !
La solitude des sommets
© Pierre Henni
Cette saison, avec mon caméraman, nous avons donné un nom à ces sorties en créant la Websérie « MISSION ». Et quelle saison !
Après avoir roulé sur la plus haute dune du monde, un volcan à plus de 6000 mètres au Pérou, les deserts Namibiens en Afrique, je vous embarque aujourd'hui en plein cœur des Dolomites.
La science de l'équilibre
© Pierre Henni
Dans les Alpes Italiennes, la région est réputée pour la pratique de la randonnée « engagée ». On part rarement marcher dans les Dolomites sans son baudrier et ses longes. Les parcours sont souvent abruptes et parsemés de via ferrata.
Ça passe, non ?
© Pierre Henni
Mais re-situons le contexte avant toute chose : si la région est aujourd'hui prisée des pratiques outdoor, ce n'est pas seulement pour son gigantisme et ses paysages magnifiques. Les Dolomites, c'est aussi une histoire douloureuse qui remonte à la première guerre mondiale. Tous les chemins que j'emprunte dans cet épisode n'ont pas toujours été des lieux de partage et d'échanges entre randonneurs, alpinistes, et parfois vététistes.
Tout ce qui monte...
© Pierre Henni
Italiens et Autrichiens ont auparavant creusé ces lignes de front à la main, avant de s'y affronter au cours de combats effroyables.
Il est important de préciser et d'insister sur le fait que ces trails sur lesquels je m'adonne à ma passion aujourd'hui n'ont pas toujours été utilisé pour les mêmes raisons, loin de là ! Mais quand le changement suit cette direction, quand les lignes de fronts se transforment en lieu d'échange, c'est rassurant !
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Contrairement à d'autres destinations, j'ai commencé ce trip par une semaine complète de repérage. Beaucoup de portage avec le vélo sur le dos en enchainant les nuits dans différents refuges, donc, mais aussi beaucoup de changement d'itinéraires et de demi-tours forcés.
Antoine Montegani m'accompagnait ces premiers jours. Il a bien plus d'expérience que moi dans ce milieu et me raisonnait quand il était temps de faire marche arrière. Les Dolomites sont très abruptes et instables mais dans le feu de l'action, j'ai encore parfois tendance à mettre de côté le réel danger de la montagne. Partager ces moments avec un ami de confiance est primordial.
Il faut parfois baisser la garde
© Pierre Henni
Les images parlent d'elles mêmes. Tu te retrouves rapidement dans des situations délicates. Des Via Ferrata où tu arraches les lignes de vie à main nue, des risques d'éboulements fréquents, une météo qui se dégrade en un claquement de doigts : autant d'éléments qui rendent l'expédition délicate mais qui nous poussent à rester vigilant. C'est d'ailleurs la clé de la réussite pour ce genre de projets. Être conscient des risques, les accepter ou bien renoncer, c'est un exercice à ne pas prendre à la légère. Surtout quand on embarque un vélo avec soi !
Je me suis mis volontairement la pression pour cet épisode, et même avant les premiers repérages sur le terrain. Je savais à quoi m'attendre après une première expérience autour de la maison :
1 minutes
Kilian Bron s'attaque à une Via Ferrata
Le rider Kilian Bron conclut son année en beauté et repousse encore les limites avec une vidéo où il mêle VTT et escalade sur une Via Ferrata. Les plus belles images dans la vidéo ci-dessous.
Comme aucune erreur n'est permise, il faut se conditionner en amont. De la même façon que tu peux te préparer pour une course importante ou un entretien d'embauche finalement...
Avant chaque ligne engagée, j'avais un process simple à respecter : réussir à me mettre dans ma bulle, analyser, anticiper, puis rouler !
Non, rien n'a été photoshoppé
© Pierre Henni
Comme une répétition en faisant abstraction de tous les éléments inutiles. J'entends par inutile le vide, les bruits parasites ou bien tout ce qui ne joue aucun rôle dans la réussite de ta ligne. Ils font partie du décor, mais tu dois te concentrer à 200% sur l'essentiel. En regardant à la fois ta main frôler la ligne de vie, sans la toucher, et réfléchir au centimètre près à ta trajectoire exacte. Aucune place n'est permise pour le reste !
Sous les neiges éternelles
© Pierre Henni
Dans cette bulle, j'ai souvenir de tout ressentir au ralenti. Tu es capable d'anticiper les moindres détails et tu sais d'avance que tout se passera bien pour la continuité de ta descente.
Le concept n'est pas seulement de se tester sur des trails exposés. Ce n'est pas un spectacle et une course au chemin le plus étroit. A travers le VTT, je découvre des lieux magiques. Certains d'entres vous pourraient me dire qu'on y arrive aussi à pied, mais j'accorde beaucoup d'importance à l'aspect pilotage. Comme une récompense après chaque sommet, je sais que je vais ensuite pouvoir m'exprimer et me faire plaisir. Dans cet épisode, j'ai aussi apprécié ajouter une notion de pilotage à l'aspect impressionnant et décalé des spots roulés.
Terrain accidenté
© Pierre Henni
En parlant de spots, nous en retrouvons trois bien distincts dans la vidéo. Après une belle exploration de la région des Tre Cime, nous faisions halte à La Marmolada. Le plus haut sommet des Dolomites, appelé également la « reine des Dolomites ».
Et il faut dire qu'elle en impose ! Dans l'épisode, on la découvre dans les images qui apparaissent après le barrage, au niveau de l'imposant glacier. Nous roulons d'ailleurs de longues faces lisses, taillées auparavant par l'avancée de ce même glacier.
Kilian au top
© Pierre Henni
Le spot est immense, c'est impressionnant ! Certes, dans un autre style que les Tre Cime, mais toutes ces montagnes te rappellent à quel point tu n'es rien. Un simple chute de pierre te ferait disparaître...
A quelques mètres, des blocs de glaces gigantesques se détachent et s'éclatent sur la roche, dans un vacarme énorme se propageant dans toute la vallée. C'est une ambiance particulière ! 30 secondes plus tard, le contraste est de mise. Un calme absolu, hormis un léger bruit d'écoulement d'eau et les quelques oiseaux qui survolent le glacier.
Où est Kilian ?
© Pierre Henni
Moments agités ou plus calmes : tu dois maintenir ce même niveau d'alerte en évoluant en montagne. Si les chemins ne sont pas toujours engagés, n'oublions pas que nous évoluons dans un milieu différent des bike parks autour de la maison, où, à l'inverse, tout est fait et pensé pour la pratique du VTT.
Pour clôturer ce trip, nous nous sommes rapproché de Val Di Sole. La même station où se trouve l'une des pistes les plus engagée du circuit mondial de descente. Plus haut, la forêt laisse place à des terrains rocailleux et des Via Ferrata réputées. Certaines nous ont contraint à faire des ajustements sur le vélo. Je me souviens - toujours en rapport avec la vidéo - de cette faille étroite où je parvenais à peine à me faufiler.
La voie des ombres
© Pierre Henni
Un dernier épisode intense pour clôturer comme il se doit la saison. Une nouvelle expérience aussi stressante que passionnante qui m'a permis de découvrir bien plus que de simples paysages. À chaque voyage, tu en découvres et en apprends surtout davantage sur ta propre personne !
Il est temps maintenant de se concentrer sur les prochains projets. Je compte sur vous pour m'orienter vers de nouvelles idées !
A très vite,
Kilian
