Les Monkey Runs sont des grandes traversées moto-scooter au Maroc, en Roumanie et au Pérou.
© The Adventurists
Course moto sur route

Les Monkey Runs : grands trips et mini-motos

Chaque années, des riders fous traversent les Andes ou le Sahara sur des jouets. Entre pannes, chutes, ours sauvages et trafic d'organes, on vous raconte leurs singeries.
Écrit par François Blet
Temps de lecture estimé : 4 minutesPublié le
« Ces motos ne sont pas pratiques du tout. C’est pourquoi vous n’en voyez pas des milliers en circulation. Elles sont inutiles. » dit Joolz en parlant des engins absurdes sur lesquels sa société – The Adventurists – envoie chaque année ses clients traverser des déserts et des chaînes de montagnes. Mais pourquoi ? « Parce que nous ne sommes pas comme ces aventuriers en gore-tex qui ont des GPS dans la poche, planifient leurs voyages et se prennent beaucoup trop au sérieux. Nous on cherche la difficulté, le danger, mais aussi et surtout le fun. »
Parfois tu en veux plus. Tu veux que des garde-frontières te tirent dessus ou te perdre dans le désert
Tom Morgan
Créée il y a quinze ans par l’anglais Tom Morgan, The Adventurists monte des choses aussi diverses que des périples à cheval, en rickshaw ou en voitures d’occasion partout sur la planète. Bref, tout ce qui est, selon Morgan, « plus intéressant que d’avoir le nez dans un guide et de savoir exactement où se trouvent les prochaines toilettes. C’est très bien, comme voyage, mais parfois tu en veux plus. Tu veux que des garde-frontières te tirent dessus ou te perdre dans le désert. » confiait-il ainsi récemment au site gapyear.
C’est dans cet esprit que Morgan a organisé le premier Monkey Run au Maroc en 2015. Un trip de Merzouga à Marrakech à travers l’Atlas assez réussi pour donner envie au collectif de retenter l’expérience ailleurs. Parce que, toujours selon Joolz, il s’agit bien d’une expérience, et pas d’une compétition : « Les Monkey Runs ne sont pas des courses, mais des aventures. Ça veut dire qu’on encourage les gens à prendre des chemins différents et à profiter des contrées qu’ils traversent. »
De toute façon, derrière le guidon d’un monkey bike de 50 cc, mieux vaut aimer prendre son temps : « On ne va pas vite du tout avec. Ce sont des trucs fabriqués pour des enfants à la base. Ils sont très faciles à conduire, et en cas de chute – ce qui arrive souvent – on ne tombe pas de très haut. En plus, les nôtres ne sont pas des Honda japonaises, mais des copies de mauvaise qualité. Ils cassent souvent, et ça pimente un peu plus les choses. »
Pourtant, à écouter Joolz parler des Monkey Runs organisés au Pérou depuis 2016, on doute que le challenge ait vraiment besoin de ça : « On fait environ 1000 kilomètres dans la jungle et les Andes. On a souvent trop chaud, parfois trop froid, les suspensions ne sont pas bonnes et les routes difficiles. Après quelques jours, c’est vraiment dur. Mais toujours marrant. » Un constat partagé par Anon, l’un des participants : « J’aurais quitté ma femme des années plus tôt si je savais qu’on pouvait s’amuser à ce point-là dans la nature. » dit-t-il. En précisant quand même que c’est la dite épouse qui est partie, et pas l’inverse.
Une fois, on est même tombés sur une tribu, dans la jungle, qui pensait qu’on était des trafiquants d’organes et qu’on voulait voler leurs reins
Joolz
Tom Morgan de The Adventurists a organisé le premier Monkey Run au Maroc en 2015.

Easy Riders au Maroc

© The Adventurists

Mais qui sont justement, les hommes et les femmes qui décident de passer 12h par jour sur des jouets dans des conditions abominables ? « Des gens comme vous et moi, répond Joolz. Des étudiants, des vétérinaires, des ingénieurs…on trouve de tout. L’ambiance est fantastique, on boit des bières le soir, on roule ensemble, on se marre quand on tombe...le but de ces aventures, c’est aussi de faire des rencontres. » Certes, mais pas uniquement avec d’autres aventuriers : « Les motos attirent l’œil, et elles facilitent le contact avec les locaux. Une fois, on est même tombés sur une tribu, dans la jungle, qui pensait qu’on était des trafiquants d’organes et qu’on voulait voler leurs reins. On leur a demandé s’ils avaient déjà vu des criminels pareils sur des mini-motos, et finalement tout s’est bien terminé. On a même passé la nuit dans leur village. »
Le concept des Monkey Run, embarquent désormais une quinzaine de participants sur des mini-motos.

Un homme, un virage, une mini-moto

© The Adventurists

Le concept des Monkey Run, qui embarquent désormais une quinzaine de participants lors de chaque édition contre 4 ou 5 au départ, marche si bien que The Adventurists a d’ores et déjà ajouté une nouvelle destination au programme. En juin 2019, le gang de bikers le moins menaçant du monde se rendra donc en Roumanie. Un pays où l’on trouve « Des routes dingues, comme la Transfaragasan, mais aussi un gros réseau de pistes sans tarmac et surtout des loups et des ours sauvages. » Voire même, si les riders ont de la chance, des garde-frontières.
Vous voulez en savoir plus ? C’est ici que ça se passe.