Synthés, soleil & lowrider : aux origines de la G-Funk, le son californien.
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Musique

C’est quoi la G-Funk ?

Synthés, soleil & lowrider : aux origines du son californien.
Écrit par Shkyd
Temps de lecture estimé : 3 minutesPublié le
Pour toute une génération d'auditeurs, le rap américain est indissociable du son californien du début des années 1990, incarné par des légendes comme DJ Quik, Snoop Dogg ou Kurupt. Des artistes que l'on découvrait dans des clips diffusés à la télévision sur MCM, à une époque où l'on pouvait acheter des CD chez Extrapole ou au Virgin Megastore, et où l’on rêvait de porter un jour une chemise flanelle et une casquette « Compton » pour être aussi stylé que feu Eazy-E.
Pour une autre génération, ce style évoque d’autres souvenirs. L’armée qui débarque à six étoiles, le marcel blanc de Carl Johnson, et les rides pixelisées à San Andreas. Dans le jeu vidéo Grand Theft Auto commercialisé en 2004 dont l’action se déroule en Californie, la radio Bounce FM a permis à de nombreux jeunes joueurs d’être bercés au son funk d’artistes comme Roger Troutman, George Clinton ou Rick James. Ce sont ces influences sonores, mélangées au climat social de l’époque, qui ont permis de faire naître le gangsta rap et le G-Funk – la musique qu’on écoutait alors sur Radio Los Santos.
Pour réaliser les meilleurs hits G-Funk, les architectes de ce son ont été piocher dans les meilleurs disques de jeunesse de leurs parents. Le groove irrévérencieux et les lignes de basses sexy du Parliament Funkadelic, les sirènes synthétiques des Ohio Players qui évoquent presque celles de la police, le romantisme à fourrure des hits soul de Leon Haywood…. La G-Funk est devenue un style idéal. Pour trois grandes raisons : il évoque le soleil qu’on voit à travers les branches des palmiers californiens, il permet de proposer un pendant moins agressif de l’approche instrumentale du gangsta rap, et aussi, son rythme lent va de paire avec celui des lowriders. Ces voitures pimpées aux pneus énormes et aux rebonds spectaculaires incarnait le cool et le subversif d’une époque aux codes inoubliables. La funk, c’est pour danser, la G-Funk, pour la ride. On pourrait presque réduire ce sous-genre à trois mots clefs : « Synthés, soleil & lowrider »
Sur les plus gros tubes du genre, comme « Regulate » de Warren G, le sample original provient d’un titre plutôt pop FM de Michael McDonald (« I Keep Forgetting »), aux codes similaires : basses sautillantes, clavinets funky, rhodes romantiques sur un tempo lent. Sur le classique absolu du rap californien des années 1990, « California Love » de 2Pac, Dr. Dre est parti sampler un titre blues-rock de Joe Cocker (« Woman to woman ») pour le mélanger avec la voix talkboxée de Roger Troutman et les synthés signature du style.
Pas étonnant donc que, puisqu’à l’aise sur la musique de la Côte d’Azur, Infinit ait été invité à prendre ses aises sur la musique de la Côte Ouest américaine. La chanson roule tranquillement à 93 BPM sur les ponctuations d’une slap bass qui accompagnent des accords rhodes qui porteraient des lunettes de soleil s’ils avaient un visage. La rencontre est une telle réussite que le challenge devient un véritable titre, et un des morceaux les plus streamés de l’album du rappeur niçois « Ma vie est un film II », publié fin mars 2020 sur le label Don Dada.