Musique
À peine un peu plus d’un mois avant le Red Bull Back2Beyond, un événement qui verra 4 DJ enflammer le dancefloor du Dojo de Paris, on a sorti nos livres d’histoire de la musique pour dispenser informations et fun facts aux amoureux du genre et aux autres. Après le grand lexique de l’électro, on se penche sur l’histoire de ce mouvement musical qui a pris d’assaut le monde.
Les origines, l'évolution et les artistes phares de la musique électronique
Malgré les idées reçues, la musique électronique remonte assez loin, à la moitié du XIXè siècle. Revenons donc aux prémices et à quelques moments qui ont marqué l’histoire de l’électro.
Qu'est-ce que la musique électronique ?
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Histoire et évolution de la musique électronique
Les pionniers : de Pierre Schaeffer à Kraftwerk
Plusieurs dates peuvent être acceptées en tant que “point de départ de l’électro”, si certains parlent des années 70 et 80, on peut remonter jusqu’aux années 40 et 50. À l’époque, un ingénieur français du nom de Pierre Schaeffer, qui travaillait dans l’audiovisuel (évidemment centré sur la radio à l’époque), se met à expérimenter sur des vinyles et réussit à créer des boucles sonores, à faire varier la vitesse, ou même à diffuser la musique à l’envers.
En 1948, il commence à parler de musique concrète, une vision dans laquelle les notes et le solfège seraient mis de côté, pour se concentrer sur le brut, quel que soit le procédé créatif. À l’époque, la musique était bien plus guindée qu’aujourd’hui, et Schaeffer cherche justement à faire tomber ces barrières, et à mettre le compositeur au cœur de l’expression musicale. Auparavant, un compositeur confiait le fait de jouer aux musiciens.
Deux décennies plus tard, deux Allemands de Düsseldorf, Ralf Hütter et Florian Schneider, créent le groupe Kraftwerk. Avec leur musique avant-gardiste reposant sur des boîtes à rythmes, l’utilisation de vocoders et de nombreuses répétitions, ils vont devenir le premier groupe de musique électronique à rayonner à l’international, permettant ainsi au genre de s’affirmer aux yeux du (presque) grand public.
Évolution technologique : du synthétiseur analogique aux DAW
Contrairement à d’autres genres musicaux, l’évolution de la musique électronique a été intimement liée aux innovations technologiques. En 1950, RCA (Radio Corporation of America), qui est aujourd’hui connu comme l’un des plus gros labels au monde, était une entreprise dédiée à la radio et à son développement. Pour créer de la musique, deux ingénieurs construisent un synthétiseur grâce à des oscillateurs à diapason. Capables à la fois de produire du son comme de le transformer, les synthétiseurs vont rapidement devenir la pierre angulaire de l’électro.
La deuxième grande évolution viendra des DAW (Digital Audio Workstations). Inventées en 1978, elles vont permettre aux artistes du monde entier de créer des fichiers sons sur leurs ordinateurs et de les réarranger, de les mixer, et de créer eux-mêmes des morceaux de A à Z. Aujourd’hui, Ableton, Cubase et Pro Tools sont les logiciels les plus connus et utilisés par les artistes.
Moments clés : naissance de la techno à Detroit, explosion de la house à Chicago
Au milieu des années 80, en pleine guerre froide, comme la Ruhr qui a grandement inspiré Kraftwerk, le Midwest américain est marqué par une forte industrialisation. À Détroit, bastion de la Motown, label principalement connu pour ses artistes soul et r’n’b, les artistes locaux vont prendre le contrepied de cette mouvance. Pour faire danser les foules, ils créent une musique froide, ultra répétitive à la rythmique classique en 4/4, la techno.
Parallèlement, du côté de Chicago, dans l’Illinois, la house prend son envol. Contrairement à la techno, elle est généralement plus musicale, avec des lignes de basses inspirées de la funk. Le nom house vient du Warehouse, la boîte où ce style musical était majoritairement joué à l’époque.
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Les instruments et le matériel de musique électronique
Comme le rock qui repose généralement sur une ou deux guitares, une batterie, une basse, un ou plusieurs micros chant et parfois un synthé, l’électro a aussi ses codes et instruments dédiés.
Synthétiseurs emblématiques : Moog, Roland TB-303, etc.
Si vous avez écouté Giorgio by Moroder de Daft Punk, vous avez probablement remarqué que Giorgio Moroder parle en début de morceau de son rapport aux synthétiseurs. Effectivement, comme tous les pionniers du genre, il en a utilisé énormément, et comme il le dit, à l’époque, ils représentaient : “le son du futur”. Il cite notamment le Moog Modular qui a prédominé de 65 à 81. D’ailleurs, hors de la musique électronique, il a également été utilisé par des groupes comme les Doors, les Rolling Stones et les Beatles (sur Here Comes The Sun par exemple) pour créer des atmosphères oniriques.
Dans un style totalement différent, Roland a aussi ajouté sa pierre à l’édifice avec deux synthés devenus cultes, les 303 et 808. Le premier est un synthé imitant une basse, et l’autre une boîte à rythme. En modifiant drastiquement les réglages, les créatifs sont parvenus à créer des sonorités novatrices qui seront les bases de nombreux morceaux. Dans la house, la techno et l’acid house, ces deux synthés prédominent (encore aujourd’hui).
Boîtes à rythmes et samplers
Pour accompagner les mélodies et leur donner plus d’impact, les artistes, n’ayant pas forcément accès à des batteries acoustiques (ou l’envie), s’appuient sur des boîtes à rythmes. Assez simplement, il s’agit d’un outil permettant de régler un tempo à l’avance et d’imiter le son d’une batterie ou d’un autre type de percussions.
Du côté des mélodies, comme dans le hip-hop, les DJ ont recours au sampling. En quelques mots, le sampling, c’est le fait de reprendre des parties d’un morceau pour leur donner une seconde vie, en les modifiant ou non, et en les intégrant dans un nouveau son.
Pour Not Like Us, l’un des derniers titres de Kendrick Lamar, DJ Mustard a par exemple repris I Believe To My Soul de Monk Higgins (1968).
En plein set, un sampler (ou échantillonneur) peut également être utilisé comme un pad, une sorte de tablette. Il suffit d’assimiler chaque touche à un son pré-enregistré pour le rejouer en direct.
Logiciels de production musicale (DAW) populaires
On a abordé la question un peu plus haut, mais pour en reparler, les logiciels de DAW les plus prisés dans la sphère électro sont Ableton Live, FL Studio et Logic Pro X. Ils sont tous très complets, et même s’ils demandent un certain temps d’adaptation, une fois que vous les maîtrisez, c’est la porte ouverte à la création de tout et n’importe quoi.
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Les artistes influents de la musique électronique
Maintenant que les bases ont été posées, il est désormais temps de rendre hommage à certains des plus grands artistes de l’histoire de la musique électronique.
Pionniers internationaux : The Chemical Brothers, Aphex Twin
De la techno à l’acid, en passant par l’ambient et la jungle, Aphex Twin est une figure emblématique de l’électro. Le Britannique a commencé sa carrière en 1988 et s’est vite imposé comme un des DJ les plus attendus dans les free parties de l’époque. Toujours à la recherche de nouveaux sons, il est considéré par beaucoup comme l’un des pionniers de l’électro expérimentale.
Si chaque style de musique est différent, une chose est sûre : Manchester sera toujours représentée. La ville du nord de l’Angleterre semble toujours prête à faire éclore des talents. En 1992, The Chemicals Brothers se forme. Le duo va rapidement s’imposer sur le devant de la scène et permettre, avec The Prodigy et Fatboy Slim, de faire exploser la big beat aux yeux du monde.
La scène française (French Touch) : Daft Punk, Justice, Laurent Garnier, David Guetta
Lorsqu’on parle d’électro, la France n’est évidemment pas en reste. Entre Laurent Garnier (lui aussi ayant écumé les clubs de Manchester dans sa jeunesse), David Guetta, Cassius, Mr.Oizo, DJ Mehdi, SebastiAn, Daft Punk, Bob Sinclar ou encore Justice, ce genre assez indéfinissable (hormis son côté national), a marqué durablement les fans de musique électronique à travers le monde.
Nouveaux talents émergents
Avec tous les styles musicaux que la musique électronique englobe, lister quelques talents émergents est une tâche compliquée voire impossible. Ce qui est sûr, c’est qu’entre Bambounou, Salute et HAAi, le Red Bull Back2Beyond sera une plateforme parfaite pour voir de jeunes DJ en pleine ascension aux côtés de The Blessed Madonna.
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Les sous-genres populaires de musique électronique
Évidemment, la musique électronique a influencé énormément d’artistes au fil des ans, et aujourd’hui, elle a enfanté pléthore de sous-genre tous plus internationaux les uns que les autres. House, techno, trance, disco, acid-house… pour en savoir plus sur chacun d’entre eux, rendez-vous ici.
Tendances actuelles et genres émergents
La musique ne s’arrête jamais, et aujourd’hui, la grande roue des goûts tourne à plein régime. Ce qui semblait has been il y a encore quelques années revient à la mode, et ainsi de suite. On pourrait par exemple parler de l’eurodance, un style qui était à son apogée dans les années 90 et 2000 et qui revient aujourd’hui en force. Dans un autre registre, et même si elle ne semble presque jamais être hors du coup, la house fait encore aujourd’hui partie des tendances.
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La musique électronique en France
Avec les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne, la France fait figure de bastion de la musique électronique, et mérite donc sa propre partie.
Histoire et évolution de la scène française
Depuis Pierre Schaeffer, la scène électro française a un tout petit peu évolué. En 50 ans, on est passé d’un inventeur aux idées décriées par ses contemporains à un phénomène mondial et à un son propre. Pierre Henry, marchant dans les pas de son (presque) homonyme, est souvent présenté comme le père de la musique concrète artistique. C’est d’ailleurs à lui que l’on doit Psyché Rock, un morceau qui va fortement influencer Matt Groening au moment de choisir un générique pour sa série d’animation Futurama.
Dans les années 60, c’est Jean-Jacques Perrey qui prend le relais. Celui qui a travaillé avec Charles Trenet et Edith Piaf déménage ensuite à New York où il va collaborer avec Gershon Kingsley, lui aussi compositeur. De leur collaboration vont naître plusieurs albums qui influenceront d’autres artistes des années plus tard.
Si l’on devait ne retenir qu’une personnalité dans les années 70 pour la musique électronique française, ce serait évidemment Jean-Michel Jarre. Avec son album, Oxygène, et grâce à une plus grande place donnée à la mélodie, il se démarque des groupes Krautrock de l’époque comme Kraftwerk ou Tangerine Dream.
De là, l’électro en France prend définitivement son envol. Avec David Guetta et Laurent Garnier d’abord, puis avec Daft Punk et aujourd’hui Justice ou Phoenix, l’électro française compte bon nombre d'artistes de renommée internationale.
Festivals et événements majeurs
La France accueille chaque année plusieurs festivals centrés autour de la musique électronique. Pêle-mêle, on peut citer le Weather Festival, Peacock Society Festival, Les Plages Electroniques, Le Bon Air Festival, I Love Techno, Marvelous Island Festival, Delta Festival, Tomorrowland Winter et même la We Love Green.
L’impact de la French Touch sur la scène internationale
La French Touch, au-delà de ses Grammys et de ses écoutes monumentales, a influencé le monde de la musique. Kanye West a par exemple samplé les Daft Punk pour son morceau Stronger, qui cumule gentiment à 1,5 milliards d’écoutes sur Spotify.
Du côté du cinéma, les Daft Punk (oui, encore eux) ont composé la musique du film Tron, et en 2011, Kavinsky et son morceau Nightcall (qui vit d’ailleurs une seconde jeunesse depuis les Jeux olympiques) ont marqué les cinéphiles pendant la scène d’intro du film.
On pourrait citer tout un tas de choses, mais comme on n’est pas là pour concurrencer la trilogie du Seigneur des anneaux en nombre de signes, on va s’abstenir.
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Impact culturel et social de la musique électronique
Influence sur d’autres genres musicaux
Se nourrissant d’autres genres comme Justice avec le metal et Daft Punk le disco, l’électro a aussi impacté d’autres styles de musique. On pourrait citer les Beastie Boys et leur morceau Intergalactic, ou encore aujourd’hui l’hyperpop de Charli XCX qui est au sommet avec son album brat. Rosalía qui navigue entre reggaeton, flamenco, et qui est parfois rangée dans la case merengue électronique, fait également partie de ces artistes touchent à tout qui s’inspirent de nombreux genres.
Impact sur la mode et le design
Comme de nombreux artistes, les DJ ont un impact conséquent sur la mode et le design. Au fil des années, de nombreux musiciens ont collaboré avec des marques et créateurs, Adidas et Ed Banger Records ont créé des modèles originaux, Justice et Schott des bombers floqués du logo du groupe.
Outre les collaborations, de nombreux créateurs ont travaillé des deux côtés de la barrière, comme le regretté Virgil Abloh, à la fois architecte, DJ, fondateur de la marque Off-White et ancien directeur artistique pour homme de Louis Vuitton.
Pour ne pas passer à côté du prochain événement électro, rendez-vous le 28 mars au Dojo de Paris pour le Red Bull Back2Beyond. Pour prendre vos places, c’est ici.