Quel regard portes-tu sur l’entraînement ?
Je vois la préparation comme un point essentiel dans ma discipline. Elle me permet d’être plus performante mais aussi de me protéger. Ça englobe vraiment beaucoup de choses.
Cette année, il y a quand même 18 semaines d'épreuves. Et même s’il y a des temps de pause, ça reste un bon bloc à gérer. C'est donc essentiel.
La puissance ne doit pas être négligée n'est-ce pas ?
C'est un facteur clé dans notre performance parce qu'il faut un corps qui soit réactif et explosif pour être le plus rapide possible. On doit être capable de donner le coup de pédale qui fera la différence en course, et le plus rapidement possible.
Parle-nous de ton entraînement technique...
C'est essentiel pour développer les gestes spécifiques au VTT DH. On le fait soit en touches de rappel pendant les blocs d’entraînement, soit pendant de grosses sessions en camp d’entraînement.
Tout ça passe par quels types d'exercices concrètement ?
Lorsque je fais des blocs purement physiques, j'enchaîne beaucoup de séances de musculation avec des exercices assez classiques que sont les squats, les fentes, les tractions ou le développé-couché pour travailler tous les groupes musculaires essentiels à la discipline. Ça me donne une bonne base et je construis ensuite sur cette base en fonction de ce que j’ai besoin de travailler un peu plus.
On imagine aussi que le cardio a une place importante...
L'entraînement cardio se fait principalement à vélo. Que ce soit sur route ou en enduro, ça va être des exercices dont l’intensité va varier en fonction de ce qu’on veut travailler. Par exemple, si on veut améliorer l’endurance, augmenter ses seuils ou sa puissance maximale en aérobie, on va vraiment travailler par périodes.
On peut aussi travailler avec des exercices de cross-fit. Le dernier que j’ai fait, il fallait par exemple faire des burpees, des pompes et des air squats. Tu faisais le premier circuit 5 fois, puis 4 fois mais avec plus de répétitions des exercices. On travaille un peu tout, c’est vraiment une préparation physique générale pour travailler tous les aspects.
En quoi la préparation physique peut te protéger en cas de chute ?
Parce qu'on va être capable de réagir et de contracter ses muscles plus rapidement.
Comment tu organises ces périodes de préparation tout au long de l’année ?
Quand une saison se termine, je prends généralement deux semaines pendant lesquelles je ne fais rien ! (rires). Ensuite, il y a un mois où ce n’est que du « sport plaisir ». Je vais faire du vélo pour me régaler, je ne vais faire de la musculation que si j’en ai envie… Je fais par exemple des abdos fessiers, ce qui n’est pas la priorité des mes entraîneurs mais qui est assez important pour moi personnellement (rires). Le travail en dehors de la prépa, c’est sans prise de tête. Ce ne sont que des choses que j’aime faire.
Ensuite, on a grosso modo 4 à 5 mois de préparation pendant lesquels on va vraiment développer nos capacités physiques et techniques. Avec mon team Commencal, une semaine par mois est consacrée à la descente pure et dure avec un jour de repos au milieu de la semaine. Ça nous permet de travailler ce qui nous est propre mais aussi de tester notre matériel.
Et pendant la saison ?
Ce ne sont que des touches de rappel quand on a la chance d’avoir deux semaines de break entre les pauses. Sinon, on passe notre temps à enchaîner les courses et à travailler certains points spécifiques. On ne fait que maintenir tout ce qu’on a acquis pendant l’hiver.
Qu’est-ce que tu aimes le moins dans l’entraînement ?
Le BMX ! (rires). Je n’ai jamais été habituée à rouler sur ces petits vélos. J’en fais très peu mais c’est quelque chose qui m’aide quand même à développer mes capacités, c’est très technique. Mais je trouve ça vraiment difficile.
C’est comme si j’avais commencé la descente avec un grand vélo sur lequel on a posé de grosses suspensions et que je me retrouvais sur un tout petit vélo qui n’en a pas. Ça demande une grande finesse et je suis vraiment perdue mais j'aime les choses qui me permettent de m'améliorer.
Tu fais de la préparation mentale ?
Je travaille depuis peu avec Aurélie Lamy, qui est une préparatrice cérébrale. On fait vraiment tout un travail de fond pour mieux gérer les compétitions et les grands événements. Chaque personne à ses qualités et ses défauts donc c’est vraiment pour améliorer ce qui peut l’être, trouver ce qui peut me limiter dans certaines performances et décoder un peu tout ça.
Et ça passe par quoi ?
Par du travail qui lui est propre, basé sur le décryptage du fonctionnement des "trois cerveaux". C'est sa marque de fabrique. Il peut y avoir du partage de retour d’expérience, de la théorie pour comprendre comment mon cerveau fonctionne... ce genre de choses. Elle met en place plusieurs choses pour que je m’améliore, que je développe ma confiance, que je gère mieux mes émotions, que je surmonte mieux les obstacles, mes peurs…
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Regardez le run gagnant de Myriam Nicole lors de l'épreuve de descente de la Coupe du monde de VTT UCI Mercedes-Benz 2022 à Val di Sole.
Tu vois déjà des résultats ?
Avant, je travaillais avec un autre préparateur qui m’a beaucoup apporté et avec qui j’ai évolué sur énormément de choses. Mais le cerveau finit par s'habituer et il était donc important pour moi de voir quelque chose de nouveau. Aurélie a beaucoup travaillé en sport automobile, donc elle connaît par coeur tout ce qui est « lâcher-prise à l’instant T ». Au bout de quelques séances seulement, je me suis rendue compte que ça pouvait être quelque chose qui pouvait être très intéressant pour moi.
Je pense que pour pouvoir faire ce type de travail, il faut en avoir envie. Et je suis convaincue des résultats donc ça me donne encore plus envie, c’est important. J’ai tendance à me remettre sans arrêt en question donc je suis friande de progression.
Si tu avais un conseil à donner sur l’entraînement, ça serait lequel ?
Je donne souvent le même parce que c’est vraiment important pour moi : ne pas sauter des étapes. Souvent, on a tendance à vouloir aller vite pour obtenir des résultats trop rapidement. Mais l’entraînement, c’est comme un micro-ondes : ça peut chauffer vite, mais ça refroidit aussi très vite derrière. Il faut donc laisser le temps à son corps et son cerveau de tout apprendre. Sur un vélo, il ne sert à rien de vouloir prendre des pistes trop difficiles alors qu’on ne maîtrise pas les bases.
Hormis le sport, qu’est-ce que tu aimes faire pour te détendre avant une course ou pendant ton temps libre ?
J’aime beaucoup les pratiques plus douces, comme le yoga. Depuis peu, une amie m’a redonné goût à la lecture, j’aime aussi regarder de bonnes séries, passer du temps avec mes amis, ma famille. J’aime apprendre et transmettre, visiter, explorer, cuisiner et faire du shopping !