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Pauline Ferrand-Prévot, à toute épreuve

Pauline Ferrand-Prévot a passé une année folle. Professionnelle du VTT et du comeback, elle vous offre ses meilleurs conseils pour s'adapter à toutes les situations, ou presque.
Écrit par Tom Ward
Temps de lecture estimé : 9 minutesPublié le
Pauline Ferrand-Prévot s'est rapidement imposée comme une cycliste incontournable et polyvalente. En 2015, alors âgée de 23 ans, elle devenait la seule cycliste de l'histoire à avoir remporté les championnats du monde de cyclisme sur route, de cyclocross et de VTT en l'espace d'un an.
S'en sont naturellement suivies des années de records, de victoires et d'exploits en tous genres jusqu'à 2019, année durant laquelle des douleurs chroniques aux jambes - qui se sont révélées plus tard être une endofibrose de l'artère iliaque - ont menacé de faire dérailler sa carrière pour de bon.
Oui, failli. Car malgré deux opérations, la reimoise a tout de même réussi à remporter deux coupes et championnats du monde au cours de la saison 2019, dont le plus prestigieux de la discipline : le championnat du Monde Mountain Bike UCI. Un retour en force qui est déjà considéré comme l'un des plus grands de l'histoire du cyclisme.
« Gagner n'est pas toujours simple», explique-t-elle à Rob Warner dans le nouvel épisode Rob Meets Pauline Ferrand-Prévot. «Je pense qu'on a tous beaucoup plus de mauvais jours que de bons. Il faut juste persévérer». Voici comment.
Les rideuses Pauline Ferrand-Prévot (1ère), Jolanda Neff (2ème), et Rebecca McConnell (3ème) célèbrent sur le podium des championnats du monde de VTT cross-country 2019 à Mont-Saint-Anne.

Ferrand-Prévot, Neff et McConnell sur le podium des Mondiaux de VTT 2019

© Boris Beyer/Red Bull Content Pool

Être patient et garder ses objectifs en tête

Son opération de janvier 2020 étant planifiée à l'avance, Ferrand-Prévot a eu tout le temps de se préparer à passer du temps sans son vélo. Comme elle l'explique, la clé pour rester concentré est de prévoir les choses, de s'y tenir et de les mener à bien sans trop s'impatienter.
Se rétablir, c'est comme la course ; vous gardez votre objectif en tête et vous continuez à travailler pour l'atteindre.
« Je savais que je ne pourrais pas remonter sur un vélo pendant un certain temps, mais je savais aussi que j'étais en bien meilleure forme que l'année précédente pour ma première opération», explique-t-elle. « Lorsque nous avons appris que l'endofibrose était revenue, j'ai eu une discussion rapide avec mon chirurgien et nous avons décidé de la manière dont nous allions la traiter. Cela a clarifié les choses pour moi et j'ai pu planifier mon rétablissement. Le plus compliqué était de savoir ce qui m'attendait et que je devais être patiente, ce qui n'est pas exactement mon tempérament ! Se rétablir, c'est comme une course ; vous gardez votre objectif en tête et vous continuez à travailler pour l'atteindre».

Se remettre en selle

Après avoir subi une première opération, Pauline Ferrand-Prévot était dans de meilleures conditions pour se rétablir une deuxième fois et savait ce qu'elle pouvait faire pour optimiser au maximum sa période de récupération.
« J'étais en meilleure forme cette fois, alors je suis remontée sur le bike beaucoup plus vite ! Je me suis sentie bien assez vite et les données ont montré que j'avais atteint le même niveau de forme qu'à la fin de la saison 2019, deux mois seulement après la deuxième opération», explique-t-elle. « Je savais que je serais prête pour ce qui était alors mon principal objectif de 2020 : les Jeux olympiques».
La pilote française Pauline Ferrand-Prévot descend la piste de la Coupe du monde de VTT cross-country 2019 à Snowshoe aux États-Unis

Pauline Ferrand-Prévot en plein élan

© Bartek Woliński

Une reprise progressive

Naturellement, une opération va affecter votre programme d'entraînement. Au niveau amateur, cela peut être frustrant. Mais au à un niveau plus élevé, il est absolument vital de s'assurer que vous récupérez correctement. Si l'interdiction de faire du vélo pendant quatre semaines a été compliqué pour Ferrand-Prévot, elle savait qu'il était essentiel de ne pas courir avant de pouvoir marcher. En acceptant ça dès le début, elle a évité d'y aller trop fort trop vite et de prendre le risque de causer d'autres dégâts.
« J'ai dû reprendre très lentement après l'opération parce que mon artère devait guérir», confie-t--elle. «On m'a dit que je ne pourrais pas faire de sport pendant quatre semaines. Mais je savais que je reviendrais plus vite que l'année dernière et je savais que j'avais le temps pour ça, alors j'y suis allée petit à petit, un jour après l'autre, en me focalisant sur chaque étape et sur mon état physique».

Voir le verre à moitié plein

L'une des plus grandes déceptions pour tout athlète au sommet de sa forme a certainement été le report à 2022 des Jeux olympiques de Tokyo. Pour Ferrand-Prévot, cette nouvelle a suscité des émotions mitigées.
« Depuis l'annonce du report des Jeux olympiques, je dois admettre que je me sens soulagée», dit-elle. « Ça m'a vraiment libérée. La France et l'Espagne sont les seuls pays où les athlètes sont actuellement confinés chez eux. Je comprends ça d'un point de vue sanitaire, mais d'un point de vue sportif, l'équité entre les nationalités semble difficile à assurer dans ces conditions. Cela m'a mis mal à l'aise. Lorsque j'ai appris que les Jeux olympiques avaient été reportés, ce poids a disparu.»
Pauline Ferrand-Prevot pose avec sa médaille d'or aux Championnats du monde UCI de VTT cross-country 2019 à Mont-Sainte-Anne au Canada.

Championne du monde

© Boris Beyer

S'attendre à l'imprévu

L'actuelle période de rétablissement de Ferrand-Prévot n'est pas le seul imprévu qu'elle ait connu, loin de là. L'un des plus mémorables s'est produit lors de la course de la Coupe du monde de Val di Sole en 2019, lorsque Jolanda Neff est apparue de dos dans le dernier tour, ce qui a entraîné un duel tendu et un sprint final. L'élément de surprise est donc vital pour toute pilote.
« Je sais que tout peut arriver jusqu'à la ligne d'arrivée», explique Ferrand-Prévot. « C'est pourquoi je ne sous-estime jamais mes concurrents dans une course. La seule chose que je peux contrôler, c'est ce que je fais sur mon vélo ; la façon dont je pédale, la façon dont je me concentre pour donner le meilleur de moi-même. Une citation de l'empereur romain Marc Aurèle me parle beaucoup : "Puissé-je avoir la force d'accepter ce qui ne peut pas être changé. Puissé-je avoir le courage de changer ce qui pourrait l'être. Et puissé-je avoir la sagesse de les distinguer les uns des autres". C'est mon outil pour faire face à la surprise».

Mettre les difficultés à profit

L'un des principaux risques pour un rider VTT est un grave accident. C'est exactement ce que Ferrand-Prévot a vécu au début des Championnats du monde de VTT de 2019 à Mont Sainte-Anne. Un accident qui ne l'a pas empêchée de remporter l'or. La clé, explique-t-elle, c'est de s'en servir comme motivation.
« Cette course a été le parfait reflet de toute mon année ; un début difficile et une fin brillante», dit-elle. Quand j'ai chuté, je suis remontée sur le vélo avec une seule idée en tête : « Voyons ce qu'on peut faire de ça ! Alors, comme pour mon opération, j'ai accepté de devoir être patiente, de dépasser les coureurs un par un, de rester curieuse et motivée, de voir ce que je pouvais réussir à réaliser dans cette course. Et, comme nous avions remporté la médaille d'or du relais par équipe dans les jours précédents, je savais que j'étais au top, alors j'ai donné tout ce que j'avais».

Chercher ses ressources au plus profond de soi-même

Un des instants les plus inoubliables de la saison 2019 de Ferrand-Prévot s'est déroulé au Mont Sainte-Anne en 2019, quand elle remportait un deuxième titre de champion du monde de VTT XCO. Il a failli pourtant ne pas en être ainsi ; Ferrand-Prévot avait mal compté, et pensait qu'il lui restait un tour à faire. Au lieu de l'affecter, cette petite erreur l'a rendue encore plus déterminée.
« C'était un sentiment incroyable et particulièrement fort de franchir la ligne d'arrivée en tant que nouvelle championne du monde de XCO», explique-t-elle. « C'était une sorte de revanche sur tous les moments difficiles que j'avais dû traverser, et qui a donné un goût si intense à ce moment ! En ce qui concerne ce "tour supplémentaire inattendu", je savais que c'était moi qui avais le plus souffert, il était donc hors de question que je ne récolte pas les fruits de tous les efforts que j'avais faits ! Quand on vit de tels moments, on trouve au plus profond de soi les ressources nécessaires pour atteindre son but».
Pauline Ferrand-Prévot et son mécanicien s'échauffent avant la course de VTT cross-country de la Coupe du monde UCI 2019 à Snowshoe aux États-Unis.

Pauline Ferrand-Prévot et son mécanicien

© Bartek Woliński

Définir ses propres succès

Tous les incidents de la vie de la Ferrand-Prévot n'ont pas eu lieu sur son vélo. Enfant, sa mère pensait que la discipline n'était pas assez "girly" et l'a inscrite au patinage artistique. Heureusement, Ferrand-Prévot s'en est tenu à ses principes.
« J'ai expliqué à ma mère que je ne supportais pas d'être jugée », raconte-t-elle. "[Le patinage artistique] m'avait donné un sentiment d'injustice, et la compétition n'a rien à voir avec ce genre d'iniquité. C'est pourquoi j'aime tellement le vélo ; si vous êtes le plus fort, vous serez le premier (sauf si vous avez des problèmes mécaniques, c'est sûr, mais votre performance ne dépend pas du jugement de quelqu'un d'autre). Comme mes parents sont cyclistes, il a été facile de revenir au vélo après cette première expérience peu convaincante de patinage.

Apprécier l'instant présent

Vous ne savez peut-être pas que Ferrand-Prévot a un tatouage qui dit "life is a joke" [la vie est une blague] à l'arrière de sa nuque. Comme elle l'explique, l'histoire qui se cache derrière ce tatouage est le moteur de sa carrière depuis quelques années.
Il faut juste apprécier les moments que l'on vit. Essayez de rester présent.
« C'est une sorte de mantra que j'ai fait à la fin de 2018», explique Ferrand-Prévot. « Vous savez, j'étais si haut avec mes trois titres mondiaux en 2015 et si bas après les Jeux olympiques de Rio un an plus tard. [Le tatouage] est une façon de se rappeler qu'il ne faut pas se prendre trop au sérieux, parce que la vie peut se jouer de vous de la façon la plus inattendue. Il faut juste apprécier les moments que l'on vit. Essayez de rester présent.»
La championne du monde de cross-country, Pauline Ferrand-Prévot traverse la ligne d'arrivée de la Coupe du Monde de VTT 2019 à Snowshoe aux États-Unis.

Pauline Ferrand-Prévot à la Coupe du Monde de VTT 2019 à Snowshoe

© Bartek Wolinski/Red Bull Content Pool

Croire en ses capacités

De l'absence de vol à la perte de bagages, la vie d'un athlète professionnel international est pour le moins incertaine. Le seul mantra qui permet à Pauline Ferrand-Prévot de tenir le coup quand l'inattendu se produit.
« Depuis Rio, je sais que tout peut arriver. Mais, comme l'a montré la saison 2019, je sais aussi que je peux me faire confiance pour faire face à n'importe quelle situation. Je trouverai toujours ma voie».
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