Le pilote Pierre Gasly a remplacé Sébastien Buemi lors de l'ePrix de New York de Formula E.
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Monoplaces

Le marathon de New-York de Pierre Gasly

Lors de l'ePrix de New-York, Pierre Gasly a encore prouvé qu'il pouvait s'adapter à n'importe quelle situation. Entretien avec celui qui va découvrir la F1, au Grand Prix de Malaisie.
Écrit par Etienne Caillebotte
Temps de lecture estimé : 5 minutesPublished on
Pilote réserve de Red Bull Racing et engagé en Super Formula avec Team Mugen, Pierre Gasly jongle entre l’avion, l’hôtel et la piste. Une année marathon pour engranger de l’expérience avant de concrétiser, peut-être, son rêve de gosse : être titularisé en F1. Début juillet, le globe-trotter a ajouté une nouvelle corde à son arc : la Formula E. Appelé par Renault e.dams pour remplacer Sébastien Buemi à l’ePrix de New-York, le pilote de 21 ans saute sur l’occasion. Dans « la ville qui ne dort jamais », Pierre Gasly s’est révélé. Malgré l’inexpérience, la fatigue et la concurrence. En prouvant au passage qu’il est capable de s’adapter à n’importe quel environnement, même en ayant dormi quatre heures la veille. Il décroche le téléphone pour nous raconter cette expérience. 
Super Formula 2017 : Pierre Gasly au championnat japonais de monoplace au Japon.

Les yeux rivés sur l'objectif

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Pas trop crevé par ces dernières semaines ? Tu n'as pas vraiment eu le temps de chiller sur la plage comme tout le monde.
Oui, les dernières semaines ont été fatigantes. Je ne suis pas rentré à la maison pendant un mois. Beaucoup de décalage horaire, beaucoup d’avions... Je n’ai pas arrêté. Mais c'était top aussi, parce que j’ai beaucoup roulé, j’ai fait des choses hyper intéressantes.
Comment as-tu eu l’opportunité de rouler en Formula E ? 
Sébastien Buemi ne pouvait pas faire la course, Renault e.dams devait choisir un pilote pour le remplacer. Ils ont appelé Red Bull pour savoir si c’était possible de m’avoir. Moi, on m’a juste appelé pour me dire que j’allais rouler pour remplacer Buemi.
Tu as été prévenu quand ?
Je savais qu’il y avait des discussions, parce qu’il n’y avait rien de sûr pour Buemi. Il ne savait pas s’il allait pouvoir faire une course, les deux, ou rien du tout. Ça a été confirmé 10 jours avant la course.
Tu sais pourquoi Renault a fait appel à toi et pas à quelqu'un d'autre ?
Ils ne m’ont pas expliqué. Peut-être parce qu’on a roulé ensemble en GP2. Ils connaissent mon potentiel. C’est sûr que ça fait plaisir, surtout quand il y a plein de pilotes disponibles. Ils ont voulu que ce soit moi dans la voiture.
J’ai cru comprendre que tu n’avais pas vraiment eu le temps de préparer l’échéance…
Niveau préparation, c’est vrai que c’était pas l’idéal pour une course. Comme on l’a appris tard, j’ai juste eu le temps de faire du simulateur le mardi dans la semaine précédant la course. J’ai pu faire une journée de préparation avec mon coéquipier, Nicolas Prost. Ensuite, je suis parti en Angleterre pour m’entraîner sur le simulateur avant le Grand Prix de Silverstone. Je suis parti le vendredi soir, je suis arrivé à l’hôtel à 1h du matin à New-York. Sachant que je devais être sur la piste 5h plus tard. J’ai dormi 4h le jour juste avant la course, donc c’est sûr que c’était un peu compliqué.
Pour moi l’objectif est clair: je veux aller en F1.
Pierre Gasly
Tu as dû tout apprendre le jour J. Comment as-tu réussi à t’adapter aussi rapidement ?
On l’avait vu au simulateur, mais ça se joue surtout sur place. Il faut avoir un bon feeling avec la voiture, le style de pilotage qui permet d’économiser le plus d’énergie possible… C’est vrai qu’avec mon style, j’ai réussi à m’adapter assez rapidement. On a été compétitif sur les deux courses. Même en termes d’énergie, on était un peu mieux que les autres. J’ai essayé de faire au mieux, de regarder ce qui s’était fait dans le passé. J’ai parlé avec Prost pour savoir comment les pilotes appréhendaient les courses, surtout au niveau stratégique. J’ai essayé de reproduire ça, et ça s’est bien passé.
Le premier jour je suis parti en dernière position et j’ai réussi à remonter à la septième place. Le lendemain, j’arrive quatrième. En moyenne, on a été les plus rapides sur la course. J’ai perdu du temps parce que je ne connaissais pas le règlement. On a perdu 8 secondes, mais on a quand même été performant. J’appréhendais un peu, parce que j’avais jamais gérer tout ça. Surtout la gestion d'énergie.
Qu’est-ce qui fait la spécificité de la Formula E ?
C’est très différent de la Formule 1 ou de la Super Formula. Il y a beaucoup moins d’aéro, des pneus de série avec moins de grip et les voitures sont plus lourdes avec les batteries derrière. Il y a beaucoup de gestion d’énergie pendant les courses. J’avais pas mal de choses à apprendre. Le week-end a été vraiment chargé. On a beaucoup travaillé avec l’équipe pour essayer de faire au mieux avec le temps qu’on avait. Au final, on s’est bien débrouillé.
C’était une expérience en « one shot » ou tu peux être amené à la réitérer ?
C’était vraiment du one shot. L’opportunité s’est présentée, je devais remplacer Buemi. Après, pour moi l’objectif est clair: je veux aller en F1. C’est mon seul but aujourd’hui.
Avec ce genre de succès, tu penses marquer des points pour la saison prochaine ?
C’est toujours bien de montrer que je suis capable de m’adapter rapidement. Je peux être rapidement dans l’action, même quand je ne connais pas l’environnement, la voiture ou les conditions. Ça reste une discipline différente, mais c’est bien de pouvoir montrer ce genre de chose.
Pierre Gasly, champion GP2 series en titre, a participé à l'ePrix de New-York 2017 de Formule E.

"Pour moi l’objectif est clair : C’est la F1"

© Markus Berger/Red Bull Content Pool

Tu t’es entretenu avec Helmut Marko récemment, il t’a parlé de ton avenir ?
On s’est vu à Bakou, on s’est eu au téléphone après New-York aussi. L’objectif pour eux, après 4 ans de soutien, c’est de me mettre en F1. Ils savent très bien que c’est mon seul objectif de carrière. Pour l’instant, on essaye de trouver la meilleure solution pour tout le monde. Maintenant, il faut que l’opportunité se présente. Les choses ont l’air de bouger, ça va dans le bon sens. Faut attendre encore quelques semaines, et j’espère avoir une réponse d’ici là. Mais les choses avancent, on va dire.
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