Armand Duplantis lors des championnats du monde d'athlétisme en salle 2022 de Belgrade.
© Predrag Vuckovic/Red Bull Content Pool
Athlétisme

Techniques, champions : tout ce qu’il faut savoir sur le saut à la perche

Découvrez l’histoire, les championnes, les champions et les records du saut à la perche.
Écrit par Red Bull France
Temps de lecture estimé : 5 minutesPublished on
Le saut à la perche, c’est une course d’élan de 50 mètres et un appui sur une perche souple pour s'élever dans les airs et passer (sans faire tomber) une barre installée à plusieurs mètres de haut. Aujourd’hui, le sport fait lever les foules, mais ce n’a pas toujours été le cas. Petit tour d’horizon de ce grand classique de l’athlétisme magnifié aujourd’hui par Armand Duplantis.

L’histoire

Comme c’est le cas pour pas mal de sports olympiques, il est assez difficile de déterminer l’origine du saut à la perche avec précision. On sait que la perche a été utilisée à l’époque de la Grèce Antique, mais aussi en Irlande, autour des 5 et 6e siècles avant Jésus-Christ, au cours des Tailteann Games (une cérémonie en l'honneur de Tailtiu, une divinité de la mythologie irlandaise). En Crète, la pratique aurait aussi été employée à des fins militaires, et notamment pendant des sièges (on imagine assez mal des hoplites sauter des remparts à l’aide de bâtons en bois, mais on fait confiance aux historiens).
En 1775, en Allemagne, des professeurs ajoutent le saut à la perche à la liste des épreuves gymniques. À l'époque, les meilleurs sauts atteignent les 2,50 mètres. Finalement, c’est en Angleterre et aux États-Unis que la discipline va prendre son envol et devenir ce qu’elle est aujourd’hui. En 1877, elle fait notamment partie des championnats nationaux outre-atlantique. 20 ans plus tard, Pierre de Coubertin sélectionne ce sport pour la première olympiade de l’ère moderne.

Évolution technique et matérielle

Petit à petit, les choses changent. Initialement, les perchistes atterrissaient dans du sable pour éviter de se blesser. Heureusement, assez rapidement, un tapis est installé pour une réception plus douce. Le butoir (l’endroit où les sauteurs positionnent leur perche au moment de prendre leur envol) voit également le jour en 1900. En dix ans, on passe d’un record à 3,30 mètres à 3,74. En 1912, la barre symbolique des 4 mètres est franchie par l’Américain Marc Wright (4,02).
À partir des années 40, les perches en bambou sont rangées et ce sont celles en aluminium qui se généralisent. Et pourtant, c’est à l’aide d’un outil en fibre de verre que Brian Sternberg passe une barre à 5 mètres en 1963. Depuis ce jour, on utilise uniquement des perches en fibre de verre et de carbone pour une plus grande flexibilité.
Armand Duplantis s'entraîne à Uppsala, en Suède.

Les perches sont bien plus flexibles qu'auparavant

© Adam Klingeteg/Red Bull Content Pool

Performances et records

Même si cela peut sembler relativement étonnant aujourd’hui, les Américains ont dominé la discipline pendant près de 70 ans, s'adjugeant titre après titre de 1896 à 1968 (sans interruption). Mais l’Europe, une fois le sport démocratisé sur le vieux continent, va donner du fil à retordre à l’Oncle Sam. En 1984, le Français Pierre Quinon monte sur la plus haute marche du podium (alors que Thierry Vigneron est 3e). La même année, Sergueï Bubka, considéré par de nombreux amateurs comme le GOAT (“Greatest Of All Time”, le meilleur de l’histoire) de la discipline, passe pour la première fois de l’histoire la barre des 6 mètres avec un saut à 6,06. Quatre ans plus tard, il remporte les jeux de Séoul. De 1984 à 1994, il repousse année après année son propre record du monde, centimètre par centimètre, pour atteindre finalement les 6 mètres 14. À l'époque, cela semble tout bonnement impossible à battre.
Hormis Bubka, au panthéon de la perche, on retrouve bien évidemment les Français Jean Galfione (titré en 1996 en passant une barre à 5,92 m) et Renaud Lavillenie. Et si le second nommé jouit d’une telle notoriété, c’est parce que (hormis ses multiples titres), c’est tout simplement lui, en 2014, qui a battu le record du mythique athlète ukrainien en passant 6 mètres 16. Clin d’œil absolu, c’est à Donetsk qu’il réalise cette performance historique. Au cours de sa carrière, le Français a décroché plus de trente titres, des championnats de France à l’or olympique.
Chez les femmes, les deux grandes nations qui s’affrontent (comme souvent) dans les hautes sphères sont la Russie et les États-Unis. Katie Moon et Katie Nageotte sont respectivement détentrices du titre mondial et de celui des Jeux de Tokyo. Et comme pour leur collègues à une époque, la barre qui fait actuellement office de juge de paix est à 5 mètres, elle n’a été passée que par 4 athlètes : les Russes Yelena Isinbayeva et Anzhelika Sidorova, et les Américaines Jennifer Suhr et Sandi Morris.

L’avenir du saut à la perche

Depuis 2020, un nouveau prodige a fait son apparition sur le circuit. Et même si vous n’avez pas allumé la télé ou été sur internet depuis cette époque, vous connaissez probablement son nom : il s’agit (évidemment) d’Armand Duplantis.
Armand Duplantis célèbre une victoire lors d'une compétition de saut à la perche.

Mondo célèbre une (de ses nombreuses) victoire(s)

© Predrag Vuckovic/Red Bull Content Pool

L’Américano-Suédois, âgé de seulement 24 ans, possède déjà un palmarès à en faire pâlir plus d’un : quatre fois champion du monde (2 fois en salle, 2 fois en extérieur), trois fois champion d’Europe (1 fois en salle, 2 fois en extérieur), sans oublier, en 2021, sa médaille d’or à Tokyo.
Comme Renaud Lavillenie et Sergueï Bubka avant lui, Armand ‘Mondo’ Duplantis a apposé son nom aux livres d’histoire. Dès ses 20 ans, il établit une nouvelle marque historique avec un record du monde à 6,17 mètres. Aujourd’hui, le record est à 6,23 m, et il en est toujours l’heureux propriétaire.
Aujourd’hui, malgré sa difficulté d’accès, la discipline fait partie des grands moments de chaque compétition d’athlétisme. Et si le sport s’est autant démocratisé, les grands champions comme Renaud Lavillenie et Armand Duplantis n’y sont pas pour rien.