Comment en êtes-vous venu au vélo ?
C’était un moyen de transport que j’utilisais pour aller à l’école, à la fac et au bureau. Pour aller travailler (Sofiane était documentaliste à Télérama, ndlr), je roulais 30 km par jour. Fin 2010, je suis parti en rando tout seul en Asie du Sud-Est, et je me suis rendu compte qu’il manquait quelque chose à mon aventure. Je me suis acheté un vélo en cours de route et j’ai fini mon trip sur deux roues.
Ça été la transition pour devenir coursier à vélo ?
Oui, j’ai fait un autre grand voyage à vélo l’année suivante et, en 2012, je me suis retrouvé à court d’argent. Je suis devenu salarié d’une boîte de coursiers, jusqu’en mars 2020 avec des interruptions notamment en 2016, où j’ai participé à mes premières courses.
À quel moment l’esprit de compétition a-t-il émergé ?
En devenant coursier : 400 km par semaine, c’est un bon entraînement. Assez vite, je me suis rendu compte que j’étais aussi fort que les plus forts. J’ai commencé par faire des courses de coursiers, et quand j’ai entendu parler des formats bike-packing en autonomie sur des longues distances, je me suis dit, c’est pour moi. Depuis mes débuts en cyclotourisme, j’ai toujours été dans une logique de légèreté maximale. Et quand je roulais en mode cyclo, je faisais déjà des distances plus longues que la moyenne.
Comment devient-on si endurant ?
Mon corps ne m’a jamais lâché en compétition. Peut-être que ça vient d’une volonté farouche, presque une capacité d’aveuglement, que j’ai de me convaincre que dans cet instant précis, toutes les fibres de mon être doivent se concentrer vers un seul objectif. Dans ce moment, rien n’est plus important que de franchir la ligne d’arrivée... de préférence en première position.
Le vélo est un sport populaire et il faudrait qu’il le reste.
Vous avez commencé les longues distances avec peu de moyens. Toujours possible à l’heure actuelle ?
Il y a cette image véhiculée par les mastodontes du secteur : on met des gens très beaux, très minces, dans des vêtements très moulants sur des vélos très chers. Et on vous dit : c’est ça, un cycliste. Ça met une pression, c’est une sorte de dictature comme on en a vu dans les magazines féminins. Et je note que ces marques représentées par les influenceurs ne m’ont jamais approché car je n’ai pas une image très lisse, et pas cette capacité à répéter des photos sans marque de sueur ni pli au maillot. Alors oui, étant coureur pro depuis 2021, sponsorisé par des grandes marques, ça m’arrive de publier un cliché bien habillé sur un beau vélo. Mais durant ma période cyclotouriste, j’avais un maillot Décathlon et des montages à 2 000 euros, peu cher quand on considère les 100 000 km que j’ai fait depuis 2010. Ce que je veux avant tout, c’est donner l’envie de rouler aux gens qui me suivent ! Le vélo est un sport populaire et il faudrait qu’il le reste.
En quoi le vélo est-il le meilleur allié pour découvrir le monde ?
Le cycliste est en accès libre. On a ce contact immédiat et l’air inoffensif, on ne perturbe rien. On attire la sympathie car on se retrouve souvent à avoir besoin d’aide.
Certains pays sont-ils plus réceptifs aux cyclistes ?
Globalement, je constate que les gens, partout dans le monde, sont bien intentionnés. Le Kirghizistan est un des pays qui m’a le mieux accueilli : on vous propose direct de monter dans le camion, même quand on est en train de pédaler !
Avec quels outils organisez-vous vos vadrouilles à vélo ?
Je suis ambassadeur Komoot. Je planifie tous mes itinéraires avec cette appli ultra simple et puissante qui marche partout dans le monde. Où que j’aille, je trouve en 30 secondes les rides que font les locaux.
Des projets d’ici à la fin d’année ?
Fin octobre, je participerai pour la première fois à la Rhino Run, 2 750 km en Afrique du Sud et Namibie. Un gros morceau !