Shaïm
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Musique

La scène Hip-Hop de Lausanne en 10 artistes

Véritable vivier artistique, la ville de Lausanne regorge de talents confirmés et émergents tels que Kingzer, Arma Jackson ou encore Comme1Flocon. Sélection.
Écrit par François Graz
Temps de lecture estimé : 9 minutesPublié le
En pleine ascension depuis quelques années, la nouvelle vague du rap Swiss-made doit sa montée en puissance à la Superwak Clique, collectif fer de lance tout droit sorti de la Cité de Calvin. Mais il serait réducteur de se limiter à la ville au jet d’eau lorsqu’on cause de l’effervescence de la scène helvétique. Lausanne, capitale olympique, pourrait sans peine monter une équipe d’athlètes si le Hip-Hop était reconnu comme discipline aux prochains J.O. d’été. La grande force de cette nouvelle génération est sans aucun doute son éclectisme, adeptes de sonorités purement trap ou davantage planantes, chacun y trouve son compte.
Pour certains, la reconnaissance ne se limite pas qu’à la Suisse et s’étend même hors des frontières. C’est le cas de KingZer, le natif de Kinshasa a récemment rejoint les rangs du label parisien Mal Luné Music, qui compte également parmi ses signatures un certain Ninho. La connexion Lausanne – Paname, Arma Jackson la connait bien, lui qui fut validé il y’a deux ans par le label indépendant de Youssoupha, Bomayé Musik. Entre jeunes rookies et grands espoirs, récapitulatif des artistes les plus en vue du rap-jeu lausannois.

Kingzer

Sans doute l’artiste du cru lausannois le plus en vogue du moment, Kingzer connait une sacrée montée en puissance lors de cette année 2019. Initié au rap grâce à son grand frère, le congolais charbonne ses rimes depuis 2005. Malgré sa série de freestyles « Mbata », celui-ci n’est pas spécialement impliqué à fond dans la musique. C’est suite à un passage en prison en 2016 que Kingzer affûte sa plume et se révèle grâce à Mbata 4, titre qui fera de lui la nouvelle signature de Mal Luné Music.
Une véritable renaissance pour le rappeur, dont la productivité a grandement augmenté depuis qu’il a rejoint le label parisien. S’en est suivi des premières parties de Ninho à l’Olympia et au Bataclan ainsi que le drop du morceau « Gaine 'D 2.0 » qui a tapé les 2 millions de vues sur YouTube. Autant dire que le premier projet de Kingzer est attendu avec impatience, histoire de poursuivre sa progression fulgurante.

Comme1Flocon

Passionné de rap depuis qu’il est gamin, Comme1Flocon s’envole réellement fin 2017, lorsqu’il prend goût pour le chant. C’est avec les titres « Club » et « Cadenas » qu’il commence à se faire remarquer, grâce à une mélodie efficace et un visuel esthétique. Mais c’est suite à sa signature sur le label indépendant Bendo Music en mars 2018 que la sauce prend enfin.
Les singles « Robocop » et « Salsa » cartonnent, et Comme1Flocon fait le tour des radios de Paname telles que OKLM, le Mouv’ ou encore Skyrock. Et l’EP dans tout ça ? Suite à une galère avec son studio d’enregistrement initial, le lausannois charbonne et crée une cagnotte pour s’offrir son propre home studio. La détermination est payante puisqu’il récolte CHF 3000.- en à peine trois jours. Il n’y a plus qu’à espérer que le mc nous sorte son projet d’ici cet hiver, lui qui apporte une touche de fraîcheur au Hip-Hop helvétique.

Jar Pacino

Rappeur résolument polyvalent, Jar Pacino aime dépeindre son quotidien, oscillant sans peine entre rap brut et textes intimistes. Résidant depuis ses 4 ans au quartier populaire de la Borde à Lausanne, le mc de 22 ans a grandi entre galère et débrouillardise, bercé par le football et la musique. C’est justement de ces deux passions que le crew 3ème Mi-Temps a vu le jour en 2015, formé par lui-même, Comme1Flocon et Magnum Raptor.
Evoluant désormais en solo, Jar Pacino a enchainé les morceaux éclectiques, du percutant « Territoire », au très sobre « Dire un truc » sans oublier de faire les bails avec le genevois Daejmiy en feat sur « Détaille ». Suite à son année 2018 on ne peut plus productive, Jar Pacino a sorti cet été son projet "Leon", dont la cover fait clairement référence au film culte de Luc Besson. Avec sa justesse d’écriture et son flow à la cadence aussi rapide qu’un Uzi, on comprend mieux pourquoi le surnom du rappeur est Léon le Nettoyeur.

Badnaiy

Seulement 19 piges mais déjà une sacrée assurance, c’est le sentiment qui perdure après avoir assisté à un live de Badnaiy. Passionnée de musique depuis son plus jeune âge, la lausannoise ne s’est que récemment pleinement lancée dans le Hip-Hop. Celle-ci aime tout particulièrement fusionner des sonorités telles que la trap, le jazz ou encore le RnB, se forgeant un univers artistique unique et attisant toujours plus la curiosité au passage.
Ce mélange de genres n’est pas seulement musical. Définissant son style comme « un mix entre féminité et un côté tomboy assumé » la rappeuse au flow incisif façon Foxy Brown couplé à une énergie scénique omniprésente ne laisse personne indifférent. Avec tant d’audace, on en oublierait presque que ce n’est là que la genèse de la jeune carrière de Badnaiy et que son premier projet, Badlands, sera dispo dans quelques mois.

Malijack

Malgré une bonne dose d’expérience dans le rap avec son collectif KoltArmy, c’est en solo que Malijack commence à vraiment prendre du galon en 2017. Le natif d’Amérique du Sud se met en lumière avec le son « Capuché » et surtout en featuring sur le titre « Favelas » de Kingzer : respectivement 70 000 et 336 000 vues sur YouTube. Depuis, le rappeur qui bosse en indépendant multiplie les singles, freestyles et fonde avec des potes à lui le Barutti Studio, afin d’épauler les artistes.
Suite au quatrième volet de sa série de freestyles « FUEGO », Malijack agite encore le compteur de vues avec le morceau « Calle » (presque 60 000 vues). Côté actualités, le suisso-chilien prépare actuellement son premier projet, « TANK ». Pourquoi ce titre ? « Parce que mon ami, tu vois, c'est vraiment très compliqué à stopper un tank » dixit Malijack.

Ach D

De son vrai nom Achiraf Djakpa, celui qui est encore étudiant produit la plupart de ses sons en self-made. Artiste aux influences multiples, Ach D s’inspire de divers styles musicaux tels que le jazz, la soul, le Hip-Hop old school et le new school afin de se façonner un univers propre, ne se mettant absolument aucune limite artistiquement parlant et laisser libre court à sa créativité.
Un simple coup d’œil à ses singles postés par-ci, par-là sur les plateformes permet de poser ce constat : Ach D ne se prend pas la tête, jamais. Et comme il le dit si bien : « Le collier accroché autour de mon cou me démontre que je peux faire ce qui me chante sans me soucier du regard des gens. » Depuis son dernier titre en date, le planant « Plafond », le jeune lausannois planche sur les tracks de son premier EP, et fera la première partie des belges du 77 à Montreux en novembre.

Arma Jackson

Actif dans le milieu musical depuis 2013, Arma Jackson a petit à petit gravi les échelons, bien aidé par deux EP salués par la critique enregistrés…dans sa chambre. Initié à la culture rap par son entourage, c’est pourtant grâce à la pop que le lausannois s’est créé une identité artistique propre, naviguant entre Coldplay et Michael Jackson (d’où provient son blaze). Repéré sur les réseaux par Bomayé Musik il y a deux ans, le musicien autodidacte voit alors sa jeune carrière décoller.
9m2 tout d’abord, sorti dans la foulée de sa signature sur le label parisien, fait office de carnet de vie intimiste très bien écrit, comme en attestent les sons « Sables Mouvants », « Lundi » ou encore « Ces voix ». « Capsules », excellent second projet paru en début d’année, confirme la rapide évolution d’Arma Jackson, décidemment plein d’avenir. Validé par Youssoupha, validé par Jok’Air à 24 ans à peine, vivement la suite.

Le Jeune K

Déjà 8 ans dans le game avec la triple casquette de rappeur / beatmaker / producteur, Le Jeune K a cependant pris le temps de peaufiner son tout premier projet, « Keyzer », dispo depuis mi-septembre. Loin d‘être inactif et même carrément prolifique, il chapote également la production des sons du collectif lausannois Nébuleuse, avec qui il enchaîne les concerts depuis 2016.
Force est de constater qu’avec l’EP « Keyzer », entièrement produit par ses soins, Le Jeune K confirme son aisance à nous sortir des prods calibrées sur fond de paroles métaphoriques à l’egotrip certifié. Aux dernières nouvelles, celui-ci aurait encore une tonne de projets sur le feu avec des mc parisiens…affaire à suivre. Lentement mais surement, Le Jeune K allie Swiss-made et Self-made, pour un résultat qui a de quoi laisser présager un avenir radieux.

Jahrel Jones

Fort d’un tout premier projet remarqué paru en janvier dernier, le jeune rookie fait figure d’ovni au sein du paysage Hip-Hop helvétique. En complément de son activité dans le rap, Jahrel Jones est également photographe, comme en témoignent ses clips tout autant barrés (« Get Out ») qu’esthétiques (« Eva »). Membre du Waza Gang avec Badnaiy et Ach D, Jahrel Jones aime citer son père comme étant sa référence première, lui qui fut également rappeur.
A l’écoute de son EP 10 titres « October », on décèle cependant plusieurs influences notables dans sa démarche artistique. Sans entrer dans la comparaison, difficile de ne pas faire le rapprochement avec Tyler The Creator ou encore Steve Lacy lorsqu’on évoque l’univers bien particulier de Jahrel Jones. Un début de carrière plein d’espoir donc, pour celui qui n’a pas encore soufflé ses 20 bougies.

Shaïm

Quasiment un an après avoir droppé son tout premier projet, le jeune rappeur de Lausanne n’en finit plus d’enflammer les scènes de Suisse. Figure de proue du label ZRO21, Shaïm puise ses influences parmi les gloires de la trap US, alliant rap et chant sur fond d’instrus avant-gardistes comme le prouve aisément « TROSHO » son EP fort bien nommé. Entièrement produit par les soins du prolifique beatmaker Santo, le 9 titres fait office d’hymne au turn-up.
Le cassage de nuque est plus que jamais présent avec les sons de Shaïm qui semble avoir été biberonné à la trap Dirty South dès la naissance. Avec « CON’S », titre phare du projet, celui-ci balance un bon gros banger des familles histoire de faire exploser le climax lors de ses lives. Dernièrement, on a pu le retrouver sur le morceau César Caviar de son acolyte Santo, de quoi patienter jusqu’au prochain projet.