Kamel, pourquoi c’était important que les prix soient accessibles ? Est-ce que ça le restera au fil des événements ?
C’est important parce que les Arènes c’est l’endroit où on va se réunir avec les ultras à certains moments de l’année. Pour l’instant, on ne peut pas avoir autant de dates que des clubs de foot et autres, mais chaque année on fait le KCX. Les prix d’entrée sont le plus bas possible et ça reste quand même inaccessible. On a une communauté jeune, majoritairement composée d’étudiants, on sait à quel point c’est dur pour eux, donc on veut les faire kiffer et leur rendre l’accès à ce genre d’événement possible. Et oui, les prix resteront bas.
Pourquoi vouliez-vous avoir une salle KC ? Quelles portes ça peut ouvrir pour le futur de l’esport en France ?
Le gaming, ça existe depuis longtemps. Si je peux le formuler comme ça, c'est un mouvement qui nous a fait sortir de terre. C’est quelque chose de palpable, avec des gens qui s’accordent sur une même vision. On essaye de construire une institution. Avec le KCX, on savait qu’on allait mettre un peu la société dans le rouge, mais on a vraiment pris le pari parce qu’on voulait montrer que ça existait, qu’on avait les épaules pour le faire et que le mouvement culturel était assez gros pour déranger l’ordre établi et se dire : “il y a une vraie contre-culture qui se crée”. Il faut capitaliser dessus, parce que c’est ce qui intéresse les jeunes, c’est ce qui nous a fait sortir, donc c’était important pour nous de passer le pas rapidement sur les événements en physique. C’est pour ça que Kamel le répète à chaque fois, on essaye de rendre ça le plus accessible possible, on sait qui est notre public, et on sait qui on veut inspirer. On pourrait mettre les billets à 100 euros, mais ce n'est pas le but, ce n’est pas la bataille. On essaye de garder un truc pur, et de ne pas le faire que pour nous, parce que c’est ce qui va le faire vivre et grandir le plus longtemps possible. La longévité du truc, c’est ce qu’on veut : qu’il existe même quand nous on n’existera plus.
Comment vous voulez faire rentrer les arènes dans le modèle éco de la KC ?
Historiquement, dans l’esport, on a deux éléments qui nous manquent par rapport aux clubs traditionnels. On le répète souvent, mais les droits télé, c’est un sujet d’actualité. Même s’ils baissent dans d’autres sports, on aimerait bien avoir ne serait-ce qu’une fraction de ça. On n’a pas forcément la main, parce que les jeux appartiennent à des éditeurs qui sont des acteurs privés et qui décident de la manière dont ils veulent le diffuser. Mais, ce qui nous manque aussi historiquement, c’est justement les revenus de la billetterie. Et donc, à l’instar du Paris Saint Germain avec le Parc des Princes ou de l’OM avec le Vélodrome, on a besoin de ces événements, de cette billetterie, pour pouvoir grandir et passer un cap. L’objectif à 3 ou 4 ans (puisqu’on se positionne ici pour de nombreuses années), ça représente entre 20 et 25% des revenus du club. Tous les événements qu’on réalise ont vocation à être rentables donc on trouve des astuces, et on a la chance d’être soutenus par de nombreux partenaires du club qui participent financièrement. Ça permet de générer de la profitabilité, et derrière plein de solutions annexes se débloquent.
Aujourd’hui, il y a une boutique, c’est la première fois que la Karmine Corp a une boutique physique dans Les Arènes, une collection dédiée a été annoncée, et de plus en plus, on va créer des choses qu’on pourra trouver spécifiquement ici avec des tarifs avantageux pour les gens. Il y aura des meet and greet avec les fans, des maillots signés, plein d’expériences possibles. A terme, ces rentrées devraient changer les choses pour nous.
Quelles sont vos ambitions avec ce stade ? Vient-il s’aligner avec le projet Karmine Blue Stars ?
Oui oui. Clairement, le but, c’est de faire découvrir de nouveaux talents. Michel Bisson l’a dit, il y a beaucoup de choses qui viennent de banlieue, et il y a aussi les plus grands talents sportifs, culturels et e-sportifs. De manière un peu maligne, c’est aussi un moyen pour nous d’aller les détecter le plus tôt possible, pour évidemment les recruter à la Karmine Corp. Le rêve, c’est que peut-être, un jeune garçon ou une jeune fille qui a 10, 11, 12 ans soit ici ce soir, et que dans 5 ou 6 ans, il ou elle soit recruté par la Karmine Corp, et rappelle que sa première relation avec le club se soit faite dans Les Arènes. Dès demain, il y a un match entre une équipe d’amateurs sur Rocket League et notre équipe professionnelle va affronter des joueurs qui ont été sélectionnés et qui ont gagné le droit de les jouer. Ça donne un petit avant-goût de ce qu’on pourra faire en ligne ou ici. Et en ce qui concerne Blue Star, rendez-vous au prochain KCX pour plus d’infos. ça a pris du temps, mais c’est pour que ce soit encore plus fort ce qu’on va annoncer pour l’année prochaine.
En tant que fondateurs, quelles émotions ça vous procure de voir autant de fans pour votre projet ?
C’est incroyable. Même si on a le bagage du KCX avec plus de monde, là c’est beaucoup de monde, quotidiennement, avec deux événements d'affilée. Ça va être fatiguant (rires), mais les ultras et les supporters vont nous donner de l’énergie. Moi, j’ai encore plus d’émotions en venant ici, parce que j’ai grandi à Corbeil-Essonnes, et donc l’Agora, j’y venais souvent lorsque j’étais petit. Le 402, j’oublie pas (nom de la ligne de bus). J’ai aussi pas mal de membres de ma famille qui ont demandé à venir, donc en plus de réaliser un rêve, proche de chez soi… c’est exceptionnel.
Moi c’est un peu pareil, la vision devient palpable, ça existe. C’est une preuve qu’on peut vraiment faire de grandes choses, en venant de banlieue. En inspirant les jeunes de banlieue, on va en inspirer beaucoup d’autres aussi. Même les gens qui ne sont pas jeunes peuvent trouver de quoi se lancer dans leurs projets, et je trouve que c’est quelque chose qui nous ressemble bien et qu’on a toujours voulu faire. Sinon, en termes de feeling… ouais le stress, mais différent (rires), on s’y connait en content, on sait comment faire des événements… mais là, c’est une nouvelle salle, la nôtre, c’est un autre feeling, je suis pressé !