« Ce sera l’un des plus grands défis auxquels je ferai face. C’est comme si je devais jeter tout ce que j’ai appris lors des 30 dernières années dans une boîte, avant d’y mettre le feu ». Cette punchline sort tout droit de la bouche de Jenson Button. En février, le champion du monde de F1 a annoncé sa participation à la Baja 1000, une course off-road de plus de 1000 kilomètres sans escale. L’Anglais n’est pas la première figure du sport automobile à vouloir tenter ce marathon défiant toute forme de logique. Même si cette course, au format unique et impitoyable, ne pardonne aucun écart de conduite.
L’histoire de l’autre rallye du Mexique commence dans les sixties. À l’origine, c’est Honda qui découvre, en testant son modèle CL72 sur l’autoroute reliant Tijuana à La Paz, que la bordure mexicaine réunit toutes les conditions pour organiser une course off-road . Depuis la première édition, organisée en 1967, la Baja 1000 a attiré la crème du sport automobile, de Sébastien Bourdais à Hubert Auriol en passant par Bryce Menzies. Mais aussi quelques stars du cinéma, comme Paul Newman (qui a participé à l’âge de 80 ans, ndlr), Steve McQueen ou Patrick Dempsey.
La raison de cet engouement est simple (ou du moins compréhensible) : la course ne ressemble à aucune autre. Même au Dakar : « C’est le Far West du sport automobile » explique Robby Gordon, vainqueur en 1989 et 1990, à ESPN. « C’est une aventure unique car chaque virage et chaque route est différente (…) Il n’y a pas de barrières, pas de clôtures de sécurité. »
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Et c’est bien ça, la particularité de l’épreuve mexicaine. En dehors de quelques checkpoints, indiqués sur un fichier cartographique de référence par SCORE International (l’organisateur de la course, ndlr), l’itinéraire est libre. Dans ce contexte, la préparation est primordiale. Avant le lancement des hostilités, la majorité des concurrents repèrent les lieux pour construire leur itinéraire et se familiariser avec l’environnement. Mais rien ne garantit que la route reste intacte d’ici là : « Les routes ne sont pas fermées, les gens du coin roulent à côté de vous… [la Baja 1000] ce n’est pas pour les dégonflés » juge Sal Fish, ancien président de SCORE International, dans nos colonnes.
Difficile de le contredire, surtout quand on sait qu’à une époque, les pilotes se débrouillaient sans GPS. « Selon moi, l’introduction du GPS est regrettable » juge Ivan Stewart, qui a remporté l'épreuve à trois reprises. « Plus personne ne se perd. Lors de ma première participation, j’ai dû faire la parcours une première fois pour mémoriser les zones dangereuses (…) De nos jours, les gars s'entraînent avec le GPS et ne se perdent plus dans le brouillard à 3H du matin. »
Ils ne s'égarent plus, certes, mais doivent gérer toutes sortes d’obstacles pendant des centaines de kilomètres, de jour comme de nuit. Troupeaux de vaches, trafic, individus en état d’ébriété au bord de la route… Les rebondissements sont multiples. La légende raconte même que certains équipages se seraient déjà fait braquer. Autre spécialité locale ? les pièges, tendus par des locaux pour « prank » les pilotes dans une zone stratégique.
Dans ces conditions, l’objectif est surtout de terminer la course. Chaque année, la moitié des participants lâchent l'affaire. « La victoire vient après » rappelle Ivan Stewart. « Pour tous les spécialistes de courses off-road, l’essentiel est de terminer la course. Ensuite, vous pouvez penser à monter sur le podium ou gagner. L’important, c’est l’aventure. » Même avec de la préparation, impossible d’anticiper toutes les péripéties d’un voyage long de 1700 kilomètres. « Les participants viennent d'autres États ou d'autres pays, et n'ont vraiment aucune idée de la course dans laquelle ils s'embarquent » précise Ivan Stewart. « Baja est beaucoup plus désertique qu'on ne le pense. Il n'y a pas d'indications pour savoir où aller, donc plus vous avez d'expérience, mieux c'est. » Toujours sûr de toi, Jenson ?
En attendant, vous pouvez suivre le rallye du Mexique (le vrai, cette fois) sur Red Bull TV du 13 au 16 mars.
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