Le Français Sébastien Ogier pilote sa voiture sur le parcours du Rallye de Turquie, étape du championnat du monde WRC 2019.
© Red Bull Content Pool
WRC

Rallye : ces questions que vous n'osez pas poser sur le WRC

Le monde du Rallye est particulier. Il est même parfois carrément incompréhensible. Comme vos interrogations ne sont donc pas si bêtes, on a décidé d'y répondre.
Écrit par Red Bull France
Temps de lecture estimé : 7 minutesMise à jour le
Le rallye WRC 2024 à débuté à Monte-Carlo le 25 janvier et continuera sa route en Suède le 15 février prochain. Si certain d'entre vous sont aussi incollable que Sébastien Ogier sur le WRC, nous avons décidé de donner un coup de mains à ceux qui s'y connaissent moins. Alors, pour vous, voici des réponses qui pourront vous aider à y voir plus clair.
Un pilote roule au volant de sa voiture lors d'un rallye du championnat du monde WRC.

Coucou, Michael Bay

© Red Bull Content Pool

01

C’est quoi une « spéciale » en rallye ?

Si vous ne le savez pas, on vous le dit : un rallye est une course par étapes. Chacune des 3 journées de course est divisée en plusieurs petites courses chronométrées : les fameuses spéciales. Leurs distances sont généralement comprises entre 10 et 50km, sachant qu’un rallye doit faire, au total, entre 340 et 360km.
Bon, mais attention, ça se complique. Il existe aussi des spéciales plus spéciales que les autres : les super spéciales, courtes et organisées en parcours fermé pour plus de spectacle, et les Power Stages. Oui, on dirait le nom d’un niveau bonus dans un jeu de plateforme, mais dans la réalité, on parle juste de chronos qui permettent aux 5 meilleurs équipages de gagner des points supplémentaires en toute fin de rallye.
02

Mais comment on désigne le vainqueur en WRC ?

Le vainqueur d’un Rallye ? C’est tout simplement le pilote le plus rapide sur l’ensemble des spéciales. Par contre, le vainqueur du championnat, en fin de saison, est celui qui cumule le plus points.
Le pilote français Sébastien Ogier célèbre sa victoire lors d'un rallye du championnat WRC.

Le goût de la victoire

© Red Bull Content Pool

À quelle vitesse vont les pilotes ?
Longtemps détenu par Sébastien Loeb, le record de vitesse moyenne sur un rallye a été battu en 2015 par Jari-Matti Latvala sur les pistes de Finlande. Le chiffre ? 124,73 km/h, effectué avec plusieurs pointes à 200. Alors oui, c’est moins impressionnant que les F1, par exemple, avec leurs moyennes de 240 km/h et un record de vitesse chiffré à 378 km/h (Bottas à Bakou en 2016.) Mais n’oubliez pas que les hommes du WRC enchainent les virages sur des routes étroites et ultra-piégeuses, mêlant obstacles naturels (comme des arbres, par exemple, assez rares sur les circuits) et surfaces compliquées. Montez à côté d’un Sébastien Ogier, et à notre avis, vous ne lui demanderez jamais d’accélérer. Au contraire.
03

Niveau puissance des voitures, on en est où ?

Depuis 2017, les voitures de WRC affichent des moteurs d’1,6 litre qui développent environ 380 chevaux, et un boost électrique leur permet même d'atteindre 520 chevaux pendant quelques secondes. C’est beaucoup. Plus en tout cas, que les années précédentes, au cours desquelles les voitures étaient limitées à 315 chevaux. Mais sachez que c’est beaucoup moins que les engins du célèbre Groupe B. Ceux qui, dans les années 80, ne connaissaient pas de limites de puissance et pouvaient embarquer jusqu’à 600 chevaux. Beaucoup trop dangereuses, ces voitures testées entre 1982 et 1986 ont été interdites après le décès, en Corse, du pilote Finlandais Henri Toivonen.
RedBull.com revient sur cinq voitures du Groupe B peu appropriés au rallye dont la Ferrari 308 GTB.

La Ferrari 308, une bonne auto en rallye au final

© DPPI

04

Comment les pilotes de rallye font-ils pour connaître les itinéraires par cœur ?

Parce que Waze ne suffirait pas, chaque équipage (pilote + co-pilote) fait ses propres reconnaissances, en début de semaine de course. On parle très concrètement de deux passages maximums sur chaque chrono, au cours desquels le pilote donne ses indications au co-pilote, qui fait comme vous en réunion : il note. Beaucoup. En mars 2022, Julien Ingrassia, le partenaire de Sébastien Ogier, nous expliquait ceci : « Je retranscris, tout en essayant de prendre un maximum de repères visuels. J’ai l’habitude d’avoir une page de cahier pour 800 mètres parcourus […] Quand on va débarquer à 180 km/h sur une compression et qu’il faudra ensuite prendre un gauche, ce que j’énonce est capital. Une note dite cinq dixièmes de secondes trop tard peut tout enrayer. »
Sébastien Ogier et son copilote Daniel Ingrassia prépare le Rallye WRC du Tour de Corse 2019.

"Le degré d’exigence est à son comble et la moindre faute se paie cash"

© Citroën Racing

Puis, tout ce petit monde travaille ensuite sur les vidéos tournées pendant les reconnaissances, et des ouvreurs se chargent de baliser les spéciales avant le passage chronométré, pour transmettre des infos sur les évolutions du terrain aux équipages.
05

Est-ce que je peux croiser des voitures de rallye sur la route ?

Oui et non. Non, d’abord, parce que les routes sont évidemment fermées pendant les spéciales. Aucun pilote n’a envie de perdre 30 secondes derrière vous, parce que vous cruisez à 15 en hurlant du SCH sur une route d’1 m de large. Mais oui, aussi, parce que les voitures doivent rejoindre les différentes spéciales d’une étape en passant par des « sections routières » publiques (et donc en respectant le code de la route). Mais pas question de les traquer pour les emboutir avec votre Micra : les constats ne sont pas des documents validés par la fédé des autographes.
06

Pourquoi y’a-t-il si peu de constructeurs en WRC ?

Une trentaine de pilotes pour 3 constructeurs seulement (Toyota, Ford et Hyundai), c’est effectivement peu. Cela dit, c’est explicable. Les marques engagées fabriquent des voitures profilées pour le WRC depuis des années, tandis que certains tauliers de l’automobile n’ont développé ni les modèles, ni le savoir-faire. Et parfois même pas l’envie, évidemment. De plus, le WRC est cher. Moins que la F1, bien sûr, mais quand même. On parle de plusieurs dizaines de million d’euros par an.
07

Comment les mécanos interviennent sur les voitures de rallye ?

Vous vous en doutez : il est impossible d’installer des stands dans les bois, sur des spéciales longues de plusieurs dizaines de kilomètres. Les mécanos d’une équipe doivent donc attendre que les voitures des pilotes soient garées dans ce qu’on appelle un « parc d’assistance », entre deux étapes, pour qu’ils puissent les réparer ou les régler. Mais attention, ils n’ont pas toute la soirée, puisque leurs interventions ne doivent pas dépasser 10, 30 ou 45 minutes en fonction de l’heure (au-delà des limites, les pénalités tombent.) Et si jamais il faut changer un pneu en pleine spéciale, en dehors du fameux parc, c’est le pilote et le co-pilote qui s’y collent, avec les outils et autres pièces stockés dans la voiture.
Quand Sébastien Ogier change ses pneus

Quand Sébastien Ogier change ses pneus

© GEPA Pictures/McKlein/Red Bull Content Pool

08

Pourquoi est-ce que les français ont tant gagné en WRC ?

C’est une très bonne question. Entre les 9 titres de Champion du Monde de Sébastien Loeb et les 8 d’Ogier, force est de constater que la France a totalement dominé la discipline depuis 2004. Mais on ne sait pas vraiment pourquoi. Certains évoquent les très bonnes performances du Rallye Jeunes, un programme de détection imaginé par la Fédération Française qui a permis de repérer les deux champions, quand d’autres sont bien obligés de constater que nous avons tout simplement eu beaucoup de chance avec les Sébastien, deux pilotes hors-normes. D'ailleurs, n'hésitez pas à (re)découvrir la carrière du plus jeune dans le documentaire "Sébastien Ogier, the Final Season", disponible sur Apple TV+.
09

Terre, asphalte, neige… Le rallye, quasiment un sport différent à chaque course non ?

Pour le commun des mortels, oui. Pour les pilotes de WRC, capables de faire des dérapages contrôlés « avec deux doigts de chaque main sur le volant », comme l’a expliqué un jour Juha Kankkunen, c’est une autre histoire. Sébastien Loeb a ainsi été capable d’enchainer deux séries de 6 victoires consécutives sur tous les types de surfaces. Mais le pilotage sur neige, par contre, reste un truc à part. Ce qui peut expliquer pourquoi les scandinaves, comme Stig Blomqvist et Marcus Grönholm, habitués à conduire dessus depuis l’adolescence, restent les recordmen de victoires (5 chacun) de la spécialité.
Regardez les temps forts de toutes les manches du WRC 2024 gratuitement sur Red Bull TV!