Le surfeur Mexicain Carlos Nogales ride la vague de Teahupoo à Tahiti en 2015.
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Surf

Teahupoo, l’amour et la violence

C’est une vague qui fait mal et qui, parfois, tue. Mais c’est aussi celle qui fascine les surfeurs du monde entier depuis des décennies. Portrait d’un monstre tahitien.
Écrit par Maíra Pabst
Temps de lecture estimé : 3 minutesPublié le
Chaque année, c’est la même chose : le Tour s’approche de Tahiti, et le monde du surf frémit à l’idée d’affronter à nouveau Teahupoo (ou « tchopo » si vous voulez le prononcer à la tahitienne).
Pourquoi ? C’est très simple. Cette vague légendaire est un fruit défendu, aussi appétissant que terrifiant. Le joyau d’une île, Tahiti (la plus grande de la Polynésie française), qui jouit chaque année des plus grosses houles de la planète : « En raison de sa situation géographique privilégiée, l'île reçoit les vagues géantes qui se sont formées entre le cercle antarctique et le sud de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande », explique l'océanographe Pedro Guimarães.
L’autre particularité de Tahiti ? Son origine volcanique qui, associée au corail, rend ses eaux à la fois turquoises et cristallines, tout en offrant une formation favorisant la transition des eaux très profondes aux eaux plus superficielles. Résultat : les vagues ne perdent que peu ou pas de puissance avant de rencontrer le banc de corail sur lequel elles se brisent : "Cette variation abrupte de la profondeur transforme toute l’énergie, générée par des vents extrêmes à des milliers de kilomètres, en tubes parfaits » poursuit Pedro.
Parfaits, certes, mais aussi dangereux. Le Brésilien Neco Padaratz, qui a risqué la noyade sur Teahupoo en 2000, peut en témoigner : « J’ai pris une vague sur la tête qui m’a entraîné dans les crevasses entre les coraux et je m’y suis coincé les jambes. Je voyais la lumière de la surface, mais je ne pouvais pas sortir. » raconte celui qui n’est remonté sur une planche que sept ans plus tard.
Un autre exemple ? L’accident de la spécialiste du bigwave Keala Kennelly, défigurée par le même corail en 2011. Une catastrophe finalement mineure lorsqu’on sait que le local Briece Taerea a perdu la vie au même endroit en 2001.

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Les océans Indiens et Pacifique ont offert beaucoup de superbes vagues. Et il y a eu le reste.

Mais si la « montagne de crânes » (la traduction littérale de Teahupoo) compte malheureusement beaucoup de victimes, elle nous a également offert d’immenses moments de surf. On en veut pour preuve les exploits littéralement enflammés de Jamie O’Brien dans la vidéo ci-dessous.

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Le pilote-cascadeur Robbie Maddison a quant à lui ridé Teahupoo sur… une motocross. Une folie aussi difficile à dire qu’à croire. Heureusement que là aussi, nous avons une preuve vidéo.

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Bref, pour ces raisons là et tant d’autres, Teahupoo reste l’impératrice des vagues dans l’imaginaire collectif. Un lieu magique et une bête indomptée. La vague des vagues.