Cliff Diving
Comment faire une entrée parfaite en plongeon ?
Quelle est la technique nécessaire pour réaliser la meilleure entrée possible en plongeon et ainsi prendre un maximum de points ?
Dans l'aviation, on dit que le décollage et l'atterrissage sont les étapes les plus importantes du vol. Ce sont à ces moments-là que les pilotes sont les plus méritants, pour les plongeurs en falaise, c'est un peu la même chose.
Se préparant à une hauteur pouvant atteindre 27 mètres, ils doivent ensuite guider leurs corps pendant trois secondes de plongeon, avant de toucher l'eau en toute sécurité, avec une vitesse pouvant atteindre 80 km/h. Une seule petite erreur au moment de l'entrée dans l'eau peut amener à des dommages corporels.
Ce guide va justement t'expliquer comment réussir ton entrée pour éviter cela.
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L'importance de l'entrée dans l'eau
Pour ceux qui suivent les Red Bull Cliff Diving World Series, les paroles du commentateur Joey Zuber proclamant avec excitation "et c'est ce qu'on appelle une Rip entry !".
Cela signifie qu'un plongeur a réussi ses figures en l'air et s'est immergé dans l'eau en ne réalisant que quelques fines éclaboussures.
Mais qu'est-ce qu'une Rip entry et pourquoi est-ce une partie importante du plongeon ?
Le mot "rip" vient du bruit que fait le corps lorsqu'il plonge dans l'eau. C'est grâce à ce bruit que les juges peuvent se permettre de noter une entrée.
"Le but ultime d'un plongeur est de faire une "Rip entry". Cela signifie généralement qu'il entrera dans l'eau les pieds en premier, en se tenant le plus droit possible, et qu'il fera un bruit qui ressemble à celui d'un papier qui se déchire", explique Simon Latimer, juge au Red Bull Cliff Diving.
Il est très rare qu'un plongeon obtienne un 10 s'il n'y a pas de "Rip entry".
En compétition, chaque partie du plongeon compte. Contrairement au plongeon olympique, où les plongeurs entrent dans l'eau la tête la première, la hauteur et la vitesse du plongeon dans les World Series font que les plongeurs doivent entrer dans l'eau les pieds en premiers.
Avant cette entrée, ils doivent engager leurs abdominaux et garder le corps gainé et aérodynamique afin que les épaules, les bras et les jambes soient tous alignés, réduisant ainsi l'impact autant que possible.
"Donc tout se passe dans les airs et maintenant c'est le dernier moment. Idéalement, il y a très peu d'éclaboussures, on espère que la position est très verticale et cela signifie que le plongeon est réussi", explique Orlando Duque, légende du plongeon de falaise et directeur sportif des Red Bull Cliff Diving World Series.
Si l'entrée dans l'eau se fait mal, la note du plongeur et son corps peuvent en souffrir. Une légère sous-rotation ou sur-rotation à 80 km/h peut déséquilibrer le plongeur et augmenter ainsi le risque de blessure.
Cela semble assez simple, mais c'est un art très complexe qui demande beaucoup de maîtrise ainsi que de concentration que les athlètes mettent dans ces trois secondes de chute libre. Il est stupéfiant de voir comment ils redressent leur corps dans les dernières millisecondes de chute pour faire une entrée parfaitement perpendiculaire.
Et, dans la plupart des cas, cela ne serait pas possible sans une petite astuce de plongeon : le barani.
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Maîtriser le barani
Pour les plongeurs, la manœuvre du barani est sans aucun doute la partie la plus importante du saut, à part le décollage. Il s'agit essentiellement d'un saut périlleux avant avec une demi-vrille et il est utilisé pour le plongeon en falaise contrairement au plongeon normal de 10 m, où les athlètes touchent l'eau la tête la première.
C'est un mouvement que l'on voit aussi en gymnastique, en trampoline, en snowboard et dans d'autres sports où l'athlète atterrit les pieds en premier après une manœuvre rapide.
Le barani est un mécanisme de contrôle parfait de son plongeon. Il permet aux plongeurs de repérer l'eau en dessous d'eux, de s'aligner et de toucher cette dernière en toute sécurité, les pieds en premier.
"Le barani est vraiment le moment où vous contrôlez le plongeon", explique l'anglais Blake Aldridge, qui est passé de la plateforme de 10 m au plongeon en falaise après les Jeux olympiques de 2008.
"Évidemment, depuis la plateforme, nous lançons tous nos sauts périlleux et nos vrilles, c'est ce que vous voyez au début des plongeons. Ensuite, il y a un moment où vous terminez toutes vos figures et vous avez tellement d'élan que vous devez contrôler le barani."
"Pour moi, cela a été la transition la plus difficile de l'apprentissage du plongeon olympique au plongeon en falaise. Être capable de sortir et d'atterrir sur les pieds, alors que pendant 25 ans, j'ai atterri sur la tête. C'est une partie importante du plongeon et c'est la seule façon de contrôler ta compétition car c'est là que tu obtiens tes points. C'est ce qui est jugé. Et si tu ne peux pas contrôler le barani, tu ne peux pas contrôler l'entrée. Donc, pour devenir cohérent, tu as besoin d'un bon barani."
Donc, une fois que ces athlètes ont réussi leur saut, réalisé des figures lors du plongeon et réussi leur "rip entry" avec un barani parfait, c'est le moment de l'impact. Mais que ressentent-ils lorsqu'ils entrent dans l'eau ?
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La sensation d'une entrée parfaite
"La plupart du temps, quand c'est une bonne entrée, ça fait mal", dit l'Australienne Rhiannan Iffland. "Vous êtes tellement compacté sur vous et tellement tendu que vous passez à travers la douleur. En général, tu as une idée une fois sous l'eau de la façon dont l'entrée s'est déroulée, mais tu ne le sais pas vraiment."
"Parce que tu peux faire une entrée parfaite, mais ça va venir te tirer quand même dans tous les sens une fois sous l'eau, et ça fait quand même très mal."
C'est une sensation tellement cool de faire une bonne entrée en profondeur verticale.
"C'est une sensation incroyable ! C'est tellement difficile à comparer avec autre chose, surtout en plongeon de falaise, avec l'adrénaline et les plongeons difficiles que nous faisons", ajoute Oleksiy Prygorov. Faire un "rip entry" est un tel soulagement !
Si quelqu'un sait comment faire un plongeon parfait, c'est bien le mexicain Jonathan Paredes. Ses entrées parfaites dans l'eau au fil des ans lui ont valu le surnom de "ripmaster", et il rejoint quelque peu les pensées d'Iffland sur le sujet :
"Même si tu as une bonne entrée, ça va faire un peu mal", dit le jeune homme de 34 ans. "Mais le sentiment est totalement différent. C'est un soulagement en quelque sorte, une fois que vous entrez dans l'eau, c'est un énorme soulagement. Pour moi, le meilleur sentiment vient juste après l'entrée, quand je vois les juges et les bonnes notes. C'est le meilleur sentiment."
Au-delà de l'entrée parfaite
Les trois éléments de base d'un plongeon, le décollage, l'aérien et l'entrée dans l'eau, ont leurs propres défis et exigences d'entraînement. Compte tenu des forces d'impact, l'entraînement du corps pour gérer l'entrée dans l'eau implique beaucoup de travail de force en dehors de l'eau.
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Comment apprendre à plonger des falaises
Même les meilleurs professionnels commencent par pratiquer les principes fondamentaux avant de tout mettre en œuvre sur les falaises.
La force du tronc est particulièrement importante, car un tronc solide permet au plongeur de maintenir un alignement vertical correct de haut en bas, de rationaliser le corps pour une entrée sûre qui tranche dans l'eau et réduit massivement les éclaboussures.
"L'entraînement à l'entrée dans l'eau nécessite de l'entraînement, de l'entraînement et encore de l'entraînement", explique Prygorov. Seul plongeur des World Series à avoir remporté une médaille olympique, Prygorov a décroché son premier podium tant attendu à Paris en 2023.
Il continue de consacrer des heures d'entraînement chaque semaine pour tenter de décrocher un plongeon parfait et une première place. "Pour moi personnellement, la condition physique joue un grand rôle. Plus je suis en forme, plus je me sens à l'aise", explique-t-il.
Tu dois être confiant, tu ne dois pas trop réfléchir, tu dois être convaincu que tu peux réussir un plongeon même si tu as un peu peur
Pendant les jours d'entraînement et de compétition, une équipe de sécurité est également dans l'eau pour chaque plongeon.
"Les plongeurs de sécurité sont déjà dans l'eau lorsque nous atterrissons, pour s'assurer que nous allons bien et, en cas de mauvais atterrissage, ils nous aideront à nous sauver et à nous ramener en sécurité", explique la plongeuse américaine Meili Carpenter.
"Quand je fais une "rip entry", j'ai l'impression que des tensions traverse mon corps pendant que je me prépare à l'impact ", dit l'Australienne Xantheia Pennisi. "Dès que je touche l'eau, il y a un fort impact, mais ensuite je peux me détendre, et j'ai tellement de joie d'avoir accompli le saut !"
Les pilotes nerveux l'admettront souvent, rien ne vaut ce sentiment de joie et de soulagement lorsque leur avion touche la piste d'atterrissage sans encombre. Pour les plongeurs en falaise, il est clair que l'entrée parfaite suscite les mêmes émotions.
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